Chine : les prix repartent à la hausse, pourquoi c’est une bonne nouvelle pour Pékin

Les prix à la consommation ont gagné 0,1% sur un an le mois dernier après une hausse de 0,7% en février. Des chiffres bien loin de l'objectif d'une inflation à 3% visée par Pékin, mais qui placent néanmoins la Chine sur la voie d'une sortie de la déflation qu'elle connaît depuis juillet 2023. Une situation qui menace l'activité des entreprises et donc l'économie du pays.
En rythme trimestriel, l'indice des prix à la consommation a reculé de 1% en mars.
En rythme trimestriel, l'indice des prix à la consommation a reculé de 1% en mars. (Crédits : CFOTO/Sipa USA via Reuters Connect)

Alors que de nombreux pays, notamment occidentaux, tentent de faire redescendre une inflation persistante sous la barre des 2%, la Chine, elle, se réjouit de voir ses prix à la consommation repartir à la hausse. En mars, ils ont progressé, pour un deuxième mois consécutif, de 0,1% sur un an, selon le Bureau national des statistiques (BNS) ce jeudi. C'est toutefois moins que ce qu'anticipaient les analystes interrogés par Reuters : en moyenne une croissance de 0,4%. En février déjà, les prix avaient grimpé de 0,7% sur un an, permettant à la Chine de sortir de la déflation pour la première fois depuis août 2023.

Néanmoins, en rythme trimestriel, l'indice des prix à la consommation a reculé de 1%, alors que le consensus donnait un repli de 0,5%. Un chiffre bien loin de l'objectif fixé par le gouvernement chinois pour 2024 d'une inflation à 3%.

Autre indicateur en baisse : l'indice des prix à la production (PPI) qui a, de nouveau, chuté, en mars, de 2,8% sur un an, conformément au consensus, après une baisse de 2,7% le mois précédent. C'est le 18e mois consécutif de baisse de cet indice, qui mesure le coût des marchandises sorties d'usines et qui donne un aperçu de la santé de l'économie. Sur l'ensemble de 2023, il avait reculé de 3%. Sa progression à la baisse suggère ainsi que la demande est restée faible en dépit de signes d'un certain rebond de l'économie chinoise.

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Consommation et demande en berne

Car, si un recul des prix peut sembler une bonne chose pour le pouvoir d'achat, la déflation est une menace pour l'économie. Les consommateurs ont tendance à différer leurs achats dans l'espoir de nouvelles baisses. Faute de demande, les entreprises sont alors contraintes de réduire leur production et consentent à de nouvelles ristournes pour écouler leurs stocks. Cette situation, qui pèse sur leur rentabilité, les pousse à geler les embauches ou à licencier. Les économistes parlent d'une spirale néfaste, car ce phénomène est un frein supplémentaire à la consommation.

Une situation que connaît bien la Chine qui a basculé dans la déflation en juillet 2023 pour la première fois depuis 2021. Et malgré un bref rebond en août, les prix étaient constamment en repli depuis septembre. La deuxième économie mondiale a même connu, en janvier, sa plus forte chute des prix en 14 ans.

« Je pense qu'il est trop tôt pour conclure que la déflation en Chine est terminée », prévenait toutefois l'économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management, en mars dernier, après la publication des chiffres de février. Car « si l'on compare l'inflation moyenne des deux premiers mois de cette année à celle de la même période de 2023, les prix sont restés stables », soulignait-il.

Crise de l'immobilier et chômage des jeunes

D'autant que, outre une consommation atone, l'activité en Chine est pénalisée par une crise dans l'immobilier qui dure depuis 2021. « La demande intérieure est encore assez faible », notait ainsi Zhiwei Zhang, précisant que « les ventes d'appartements neufs ne se sont pas encore stabilisées ».

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Le pouvoir a bien tenté de soutenir le secteur, mais sans réel effet : en janvier dernier, de nouveaux prêts destinés à parer aux défaillances d'entreprises ont ainsi été annoncés et, en 2023 déjà, les banques chinoises avaient accordé pour près de 10.000 milliards de yuans (1.290 milliards d'euros) de prêts dans l'immobilier, un secteur qui a longtemps représenté, au sens large, plus du quart du PIB de la Chine.

Par ailleurs, Pékin doit également faire face à un fort taux de chômage chez les jeunes. L'Empire du Milieu doit faire plus pour relancer l'emploi et stabiliser son marché immobilier, ont d'ailleurs reconnu plusieurs ministres, le 9 mars dernier. « La pression globale sur l'emploi n'a pas diminué et il reste des contradictions structurelles à résoudre », a ainsi admis Wang Xiaoping, ministre des Ressources humaines et de la Sécurité sociale, lors d'une conférence de presse en marge de la session parlementaire annuelle. Mais Pékin est « confiant dans le maintien d'une croissance continue de l'emploi », a-t-elle néanmoins assuré.

Commentaire 1
à écrit le 11/04/2024 à 8:43
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Relancer l'emploi alors que la production est en surchauffe que les prix chutent et que les entreprises ont déjà trop de personnels? Impossible . Une possibilité, embaucher pléthore de fonctionnaires, ou....envoyer beaucoup de monde faire la guerre...

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