États-Unis : l'inflation a encore accéléré en mars, à 3,5%

L'inflation est une fois de plus repartie à la hausse au mois de mars aux États-Unis, à 3,5% sur un an, contre 3,2% en février, selon l'indice CPI. De quoi jeter encore un peu plus le trouble sur la date de la première baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale, que les analystes anticipent désormais pour le mois de septembre, et non plus de juin.
En mars aux États-Unis, les prix de l'alimentation sont restés quasi inchangés pour le deuxième mois consécutif.
En mars aux États-Unis, les prix de l'alimentation sont restés quasi inchangés pour le deuxième mois consécutif. (Crédits : ANDREW KELLY)

Les États-Unis n'en ont pas fini avec l'inflation. La hausse des prix à la consommation a de nouveau accéléré en mars, atteignant 3,5%, contre 3,2% un mois plus tôt, selon l'indice CPI publié ce mercredi par le département du Travail. Les analystes s'attendaient à une hausse moins marquée. Les marchés ont réagi négativement à l'ouverture de Wall Street, les trois indice reculant dans les premiers échanges, entre 0,94% (Dow Jones) et 1,22% (Nasdaq).

L'inflation est restée inchangée sur un mois, à 0,4%, alors que le consensus anticipait une légère décélération, à 0,3% selon MarketWatch. Quant à celle dite sous-jacente, c'est-à-dire hors énergie et alimentation et donc jugée moins volatile, elle est aussi restée inchangée sur un an, à 3,8%, et à 0,4% sur un mois par rapport à février. De quoi, là encore, décevoir les analystes qui, dans les deux cas, espéraient la voir poursuivre son ralentissement progressif.

« L'inflation a baissé par rapport à son pic (de juin 2022, ndlr), mais il reste beaucoup à faire pour baisser le coût pour les familles », a concédé dans un communiqué le président américain Joe Biden.

« J'appelle les entreprises, y compris les supermarchés, à utiliser leurs profits records pour baisser les prix », a-t-il insisté.

Comme depuis le début de l'année, l'inflation reste largement tirée par les prix de l'essence, du logement et des transports. À l'inverse, les prix de l'alimentation, dont l'évolution est particulièrement perceptible pour les consommateurs, restent quasi inchangés pour le deuxième mois consécutif.

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Casse-tête pour la Fed

Pour rappel, l'indice CPI est celui sur lequel sont notamment indexées les retraites des Américains. Mais la Réserve fédérale (Fed) privilégie une autre mesure, l'indice PCE, dont les données pour mars seront publiées le 26 avril. Les deux indices ne mesurent pas exactement les mêmes choses, l'indice CPI accordant notamment une place nettement plus importante dans son évaluation de l'évolution des prix au montant des loyers, ce que ne fait pas l'indice PCE.

Au mois de février, ce dernier a fait état d'un rebond de l'inflation, à 2,5% sur un an, contre 2,4% en janvier. L'institution monétaire s'est fixé pour objectif de le ramener à 2%, ce qu'elle pense pouvoir atteindre seulement en 2026.

Pour y parvenir, la Fed s'est lancé depuis mars 2022 dans une politique de resserrement monétaire. Son principal outil a été de relever les taux jusqu'en juillet dernier, les faisant grimper jusqu'à la fourchette de 5,25-5,50%, leur plus haut niveau depuis 20 ans. Depuis, elle a opté pour le statu quo : elle ne les relève plus, mais elle ne les baisse pas pour autant. Elle devrait commencer à le faire cette année, mais la date précise demeure inconnue.

Ses responsables ont en effet largement temporisé ces dernières semaines en disant préférer attendre plusieurs mois afin d'être certains que l'inflation ne risque pas de rebondir. « Nous avons fait beaucoup de progrès en termes de réduction de l'inflation durant l'année écoulée, mais les données des deux derniers mois ont été décevantes », a ainsi déclaré fin mars Christopher Waller, l'un des gouverneurs de la Fed. Dans ces conditions, même s'il est évident à ses yeux qu'une baisse des taux devra intervenir à un moment donné, « je ne suis pas prêt à aller dans ce sens tant que les progrès ne se matérialisent pas », a-t-il remarqué.

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Première baisse attendue désormais en septembre

La prochaine réunion de l'institution monétaire, prévue le 30 avril et le 1er mai, devrait ainsi  se solder par un maintien des taux à leur niveau actuel. « Les dernières données soutiennent l'hypothèse d'une approche patiente en terme de politique monétaire (de la part de la Fed, ndlr) et sur l'absence de nécessité pour une baisse des taux de manière imminentes », a appuyée de son côté Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour HFE.*

Signe de la prise de conscience par les marchés que la première baisse est désormais retardée, près de 77% des analystes anticipent un maintien des taux à leur niveau actuel lors de la réunion de mi-juin, alors qu'une majorité y voyait la veille la date de la première baisse.

« Nous pouvez dire adieu à la possibilité d'une baisse des taux au mois de juin. L'absence de progrès vers la cible de 2% est désormais une tendance », a estimé dans une note Greg McBride, analyste financier en chef pour Bankrate.

« Il n'y a aucune amélioration, nous allons dans la mauvaise direction, et les principaux points problématiques persistent », a-t-il ajouté.

La première baisse est désormais attendue par une majorité d'analystes lors de la réunion prévu mi-septembre, soit à peine plus d'un mois et demi avant les élections présidentielles américaines.

L'évolution des prix est d'ailleurs un sujet particulièrement sensible à l'approche de cette échéance. Le président sortant Joe Biden a tenté dans un premier temps de centrer sa campagne sur la réussite de sa politique économique. Mais la perception des électeurs s'est avérée très différente des données macroéconomiques, notamment du fait précisément de la hausse des prix nettement plus marquée observée depuis plus de deux ans. Reste à voir comment ce sujet influencera le scrutin, qui aura lieu en novembre prochain, et lors duquel il sera opposé à l'ex-dirigeant du pays, Donald Trump.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 10/04/2024 à 18:52
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Il est à noter que les USA utilisent un indice des prix dit hédonique. Cet indice sous-estime l'inflation et surestime la croissance. Peut-être que la TIBUNE pourrait faire un article là-dessus, et estimer la croissance des USA, par rapport aux autre...

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