Cinéma : les négociations à Hollywood s'enlisent entre les acteurs en grève et les studios

Les acteurs grévistes et les patrons de studios d'Hollywood ont interrompu leurs négociations ce mercredi. Contrairement aux scénaristes qui ont récemment trouvé un accord et repris le travail. Les discussions bloquent notamment sur des questions financières. Sans entente entre les deux parties, les espoirs d'une reprise rapide de la production de films et de séries sont compromis.
Si quelques productions de petits studios d'Hollywood ont repris grâce à des dérogations provisoires, la plupart des productions ne pourront pas reprendre tant que la grève des acteurs se poursuit.
Si quelques productions de petits studios d'Hollywood ont repris grâce à des dérogations provisoires, la plupart des productions ne pourront pas reprendre tant que la grève des acteurs se poursuit. (Crédits : MIKE BLAKE)

La grève entamée en juillet aux États-Unis par des acteurs, cascadeurs, danseurs et autres professionnels des petits et grands écrans n'est pas prête de s'arrêter. Les discussions avaient pourtant repris depuis la semaine dernière entre, d'une part, leur syndicat SAG-AFTRA et, d'autre part, les patrons de studios et de plateformes comme Disney et Netflix. Elles sont depuis suspendues, comme l'ont annoncé ce mercredi les studios, représentés par l'association des producteurs de cinéma et de télévision (AMPTP).

« Après des discussions sérieuses, il est apparu clairement que le fossé entre les positions de l'AMPTP et celles de SAG-AFTRA est trop grand, et ces discussions ne nous font plus avancer de manière fructueuse », ont-ils indiqué dans un communiqué.

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L'argent comme point de friction

L'AMPTP a ainsi accusé les acteurs d'avoir des revendications excessives, parmi lesquelles un partage des revenus provenant de la diffusion des œuvres sur les plateformes de streaming qui « à lui seul, coûterait plus de 800 millions de dollars par an ». Pour les studios il s'agit là d'une « charge financière insoutenable ». « Nous espérons que le SAG-AFTRA va revoir ses positions et revenir à des négociations productives rapidement », ont fait savoir les studios hollywoodiens.

Dénonçant des « tactiques d'intimidation », le syndicat des acteurs a dans la foulée accusé les studios de « diffuser des informations trompeuses » sur la proposition avancée pendant la négociation, en exagérant son coût de 60%. « Nous avons fait de significatives avancées de notre côté, en transformant complètement notre proposition de partage de revenus : celle-ci coûterait aux entreprises moins de 57 centimes par abonné chaque année. Ils ont rejeté nos propositions », a déclaré le SAG-AFTRA dans son communiqué.

Le syndicat des acteurs affirme par ailleurs avoir « négocié de bonne foi » avec les producteurs et plateformes, « bien qu'ils nous aient fait la semaine dernière une proposition choquante, inférieure à ce qu'ils offraient avant même le début de la grève ». Il s'est aussi dit prêt à « négocier aujourd'hui, demain et tous les jours ».

Issue trouvée avec les scénaristes

Si les échanges sont houleux avec les acteurs, ils se sont au contraire apaisés avec les scénaristes. Des milliers d'entrent eux étaient entrés en grève en mai, réclamant une meilleure rémunération, de meilleures récompenses pour la création d'émissions à succès et une protection face à l'intelligence artificielle. Fin septembre, après quasiment cinq mois d'arrêt, ils avaient trouvé un accord avec les studios, qu'ils ont officiellement ratifié ce lundi 10 octobre.

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Mais les revendications salariales portées par le SAG-AFTRA, de même que la demande de garanties face à l'intelligence artificielle vont plus loin que celles de leurs collègues scénaristes. Ils réclament notamment une augmentation plus importante des salaires et de recevoir un pourcentage réel des bénéfices lorsqu'une série rencontre le succès, au lieu d'une simple prime. En outre, les comédiens craignent que l'IA ne soit utilisée pour cloner leur voix et leur image, sans leur consentement et sans rémunération.

Les pourparlers portent aussi sur d'autres sujets spécifiques aux acteurs, comme les auditions passées à distance. Une pratique née pendant la pandémie et largement dénoncée par les comédiens.

Tournages toujours impossibles

Les scénaristes ont petit à petit repris le travail suite à cet accord trouvé, permettant le retour sur les ondes des principaux talk-show américains la semaine dernière. Reste que la plupart des productions ne pourront pas reprendre tant que la grève des acteurs se poursuit. Quelques productions cinématographiques et télévisuelles de petits studios d'Hollywood ont néanmoins déjà repris, grâce à des dérogations provisoires.

Une grève de plus en plus couteûse pour Hollywood

La grève coûterait des millions de dollars chaque jour à l'industrie américaine du cinéma. Les studios Warner Bros Discovery (WBD) ont annoncé début septembre que ce mouvement allait peser à hauteur de 300 à 500 millions de dollars sur ses résultats pour l'exercice en cours. « Le groupe considère désormais que l'impact financier de ces grèves va persister jusqu'à la fin de l'année 2023 », avait-il indiqué, appelant de ses vœux une prompte résolution. Début septembre, le Financial Times a fait état d'une étude du Milken Institute évaluant à 5 milliards de dollars le coût du blocage actuel d'Hollywood.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 12/10/2023 à 17:23
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