Conflit Israël-Hamas  : les bombardements se poursuivent malgré les efforts internationaux pour une trêve

Entre un nouveau pilonnage de la bande de Gaza par Israël et les premiers tirs de roquettes contre Tel-Aviv depuis des mois, la situation reste très tendue. Les tractations diplomatiques se poursuivent néanmoins, tandis que la justice internationale met la pression.
Les bombardements ont repris dans la bande de Gaza ce dimanche (illustration).
Les bombardements ont repris dans la bande de Gaza ce dimanche (illustration). (Crédits : RAMI ZOHOD)

La possibilité d'une trêve dans la bande de Gaza semble encore très loin de se concrétiser. Au moment où s'intensifient les efforts diplomatiques en vue d'une reprise des négociations pour y parvenir, l'armée israélienne a mené dimanche de nouveaux bombardements dans le territoire palestinien.

Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie ont visé de nouveau le nord et le centre du territoire, ainsi que Rafah, malgré une décision vendredi de la Cour internationale de justice (CIJ) ordonnant à Israël de suspendre ses opérations dans ce secteur essentiel à l'entrée de l'aide humanitaire. En 24 heures, au moins 81 morts supplémentaires ont été recensés dans le territoire palestinien, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L'offensive tous azimuts par l'armée israélienne dans le territoire palestinien a fait au moins 35.984 morts, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas - mouvement classé terroriste par Israël, les Etats-Unis ou encore l'Union européenne.

Tirs de roquettes sur Tel-Aviv

Les Palestiniens n'ont pas été les seuls à subir le feu. A Tel-Aviv et dans le centre d'Israël, des sirènes d'alerte ont retenti pour la première fois depuis des mois. L'armée israélienne a fait état de huit roquettes tirées depuis Rafah, dans l'extrême sud de la bande de Gaza, où l'armée mène depuis le 7 mai des opérations pour détruire les derniers bataillons du Hamas, contre qui elle est en guerre depuis bientôt huit mois. Dans la foulée, la branche armée du mouvement islamiste palestinien a confirmé avoir visé Tel-Aviv avec un « important barrage de roquettes ».

Lire aussiL'armée israélienne pilonne durement Gaza, le conseiller américain à la sécurité nationale attendu en Israël

Par ailleurs, l'armée israélienne a annoncé dimanche la mort d'un soldat, portant à 288 le bilan de ses militaires tués depuis l'entrée des troupes israéliennes le 27 octobre dans l'étroite bande de terre assiégée. Ils s'ajoutent aux 1.170 personnes, majoritairement des civils, mortes dans l'attaque sur le sol israélien menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza. Un décompte réalisé par l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

A ce sinistre bilan, s'ajoutent 252 personnes emmenées comme otages dans le territoire palestinien. Après une trêve en novembre ayant notamment permis la libération d'une centaine d'entre eux, 121 otages sont toujours retenus à Gaza, dont 37 sont morts, selon l'armée. Un haut responsable israélien a annoncé dimanche à l'AFP qu'une réunion du cabinet de guerre était prévue dimanche soir, afin d'évoquer les efforts destinés à obtenir une libération d'otages, retenus dans la bande de Gaza depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre qui a déclenché la guerre.

Les efforts diplomatiques se poursuivent

C'est dans ce contexte, et après plus de 230 jours de guerre, que les efforts internationaux se poursuivent pour arracher une trêve entre Israël et le Hamas, arrivé au pouvoir à Gaza en 2007. Début mai, des pourparlers indirects entre Israël et le mouvement palestinien, par l'entremise du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis, n'avaient pas débouché sur un accord de trêve associée à la libération d'otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Ce week-end, des médias israéliens ont rapporté que David Barnea, le chef du Mossad (les services de renseignement israéliens), avait trouvé un accord avec le directeur de la CIA, William Burns, et le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, sur un nouveau cadre pour les négociations, lors d'une réunion à Paris. De son côté, le président américain Joe Biden a affirmé être « engagé dans une diplomatie de l'urgence » pour tenter de sécuriser un cessez-le-feu et la libération des otages.

L'Egypte poursuit également « ses efforts pour réactiver les négociations », selon Al-Qahera News, un média proche du renseignement égyptien, tandis que des responsables qataris devraient rencontrer une délégation du Hamas dans les prochains jours, d'après le site américain Axios.

Lire aussiLe procureur de la Cour pénale internationale réclame des mandats d'arrêt contre Netanyahou et des dirigeants du Hamas

Israël sous pression

Dans le même temps, l'étau diplomatique se resserre autour d'Israël. A partir de mardi, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège devraient reconnaître officiellement l'Etat de Palestine, après avoir annoncé mercredi dernier leur décision de le faire. « Les Palestiniens ont le droit d'avoir un Etat, comme les Israéliens ont ce droit », a estimé dimanche le ministre espagnol des Affaires étrangères, Jose Manuel Albares, à Bruxelles, où le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a plaidé pour une autorité palestinienne « forte » pour parvenir à la paix.

Outre l'appel de la Cour internationale de justice (CIJ) demandant à Tel Aviv de « mettre fin immédiatement à son offensive militaire » à Rafah, le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé cette semaine l'émission de mandats d'arrêts à l'encontre du Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou et du ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, ainsi que des dirigeants du Hamas Yahya Sinouar, Mohammed Deif et Ismail Haniyeh pour des crimes présumés commis dans la bande de Gaza et en Israël.

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a mis Israël sous pression.

« Personne n'est autorisé à commettre des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité », a-t-il martelé dans une interview, quelques jours après avoir demandé l'émission des mandats d'arrêt.

Lire aussiGuerre Israël-Hamas : la reconstruction à Gaza estimée entre 30 et 40 milliards de dollars par l'ONU

Situation désastreuse

Pendant ce temps, la situation demeure désastreuse dans la bande de Gaza, exposée à un risque de famine.  Le point de passage de Rafah, à la frontière avec l'Egypte, qui permettait l'acheminement de l'aide humanitaire, a été fermé après le lancement de l'opération terrestre israélienne.

« Nous souffrons (...) de la faim, de la soif et d'un manque cruel d'aide », raconte à l'AFP Moaz Abou Taha depuis cette ville qu'ont fui quelque 800.000 personnes au cours des deux dernières semaines, selon l'ONU.

« Plusieurs hôpitaux de Rafah ont également cessé de fonctionner, soit parce qu'ils se trouvent dans des zones de combat, qu'ils manquent de carburant ou qu'ils ont été pris pour cible », poursuit le Palestinien de 29 ans.

L'Egypte, qui refuse de rouvrir le terminal de Rafah tant que les troupes israéliennes contrôlent le côté palestinien, a annoncé dimanche que des camions d'aide en provenance du territoire égyptien ont commencé à entrer dans la bande de Gaza par le point de passage israélien de Kerem Shalom, selon Al-Qahera News.

D'après ce média, un total de « 200 camions » se sont dirigés vers Kerem Shalom, sans préciser combien de véhicules avaient passé les contrôles. Dans ce contexte, le roi Abdallah II de Jordanie a appelé dimanche à « doubler » l'aide humanitaire et à l'acheminer « sans objection ni retard ».

Avec AFP

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.