Guerre Israël-Hamas : « l'approche » de Netanyahu à Gaza est « une erreur » selon Joe Biden

Joe Biden a été plus clair concernant la politique du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Le président américain appelle à un cessez-le feu dans la bande de Gaza ainsi qu'un accès total à la nourriture et aux médicaments entrant sur le territoire palestinien.
Le président Joe Biden s'est dit, dans une interview diffusée mardi, contre la politique menée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans la bande de Gaza.
Le président Joe Biden s'est dit, dans une interview diffusée mardi, contre la politique menée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans la bande de Gaza. (Crédits : SARAH SILBIGER)

C'est un des commentaires parmi les plus sévères du président américain à l'encontre du dirigeant israélien. Le président Joe Biden s'est déclaré, dans une interview diffusée mardi, contre la politique menée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans la bande de Gaza.

« Je pense que ce qu'il fait est une erreur. Je ne suis pas d'accord avec son approche », a confié le président américain lors d'un entretien avec la chaîne hispanophone Univision, en réponse à une question sur la conduite de la guerre.

Pour rappel, la guerre a éclaté le 7 octobre lorsque des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir des chiffres officiels israéliens. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent détenues à Gaza dont 34 sont mortes, d'après des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 33.360 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas. Israël, qui assiège totalement la bande de Gaza depuis le début de la guerre, est donc confronté à une très forte pression internationale pour laisser passer davantage d'aide humanitaire dans le territoire menacé de famine.

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Désastre humanitaire

Le président américain appelle ainsi Israël à conclure un cessez-le-feu alors que les Etats-Unis affichent une impatience croissante face au désastre humanitaire en cours dans le territoire palestinien. D'autant que le pays apporte des milliards de dollars d'aide militaire à Israël. Joe Biden s'est ainsi entretenu au téléphone la semaine dernière avec Benjamin Netanyahu évoquant pour la première fois la possibilité de conditionner l'aide américaine à Israël à des mesures « tangibles » sur cette situation humanitaire.

« Ce que je demande, c'est que les Israéliens appellent à un cessez-le-feu, qu'ils autorisent pour les six ou huit prochaines semaines, un accès total à la nourriture et aux médicaments entrant dans le pays », a- soutenu Joe Biden. Ce dernier a précisé s'être entretenu avec « tout le monde, des Saoudiens, aux Jordaniens et aux Egyptiens. Ils sont prêts à y aller. Ils sont prêts à faire venir cette nourriture ».

« J'estime qu'il n'y a aucune excuse pour ne pas fournir des médicaments et de la nourriture aux gens dans le besoin. Cela doit se faire maintenant », a-t-il martelé.

Il a de plus jugé une nouvelle fois « scandaleux » que le convoi humanitaire de l'ONG World Central Kitchen a été pris pour cible par une frappe israélienne, tuant sept membres de l'ONG.

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468 camions sont entrés mardi dans la bande de Gaza

A noter néanmoins que cet entretien a été enregistré avant le retrait, dimanche, des soldats israéliens du sud de la bande de Gaza et l'accroissement, ces derniers jours, de l'aide humanitaire autorisée par Israël à entrer dans le territoire.

Par ailleurs, le 18 mars, cinq ONG ont soumis une pétition à la Cour suprême israélienne dans l'espoir que les autorités « respectent leurs obligations de puissance occupante » en fournissant toute l'aide nécessaire à la population. La cour a donné jusqu'à ce mercredi au gouvernement pour répondre à une série de questions sur sa politique en matière d'aide humanitaire à Gaza.

A la veille de cette échéance, les autorités ont affirmé que 468 camions étaient entrés mardi dans la bande de Gaza, le nombre le plus élevé en une journée depuis le début de la guerre. « Nous assistons à un changement radical qui, nous l'espérons, se poursuivra et s'étendra », a déclaré mardi la cheffe de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) Samantha Power, appelant toutefois Israël à laisser entrer plus de 500 camions par jour.

S'ils ont salué les mesures initiales annoncées par Israël comme l'ouverture « temporaire » de nouveaux points de passage à Gaza, notamment à Erez dans le nord, les Américains attendent désormais des « résultats ». Des proches d'otages américains retenus par le Hamas à Gaza ont par ailleurs été reçus par la vice-présidente Kamala Harris à la Maison Blanche alors que les négociations pour une trêve à Gaza assortie de la libération des otages se poursuivent. « On veut des résultats. On veut que nos proches rentrent », a déclaré à la presse Rachel Goldberg, dont le fils Hersh Goldberg-Polin figure parmi les otages.

Les espoirs minces d'une trêve

Malgré les propos du président  américain, des bombardements israéliens meurtriers ont de nouveau visé mercredi la bande de Gaza, à l'heure où les musulmans du monde entier célèbrent l'Aïd el-Fitr, la fête marquant la fin du ramadan. Des frappes mortelles ont touché pendant la nuit le nord et le centre du territoire palestinien, notamment le camp de Nousseirat, selon des témoins.

Les pays médiateurs - Qatar, Egypte, Etats-Unis - attendant à présent des réponses à une nouvelle proposition en trois étapes concernant une trêve, soumise dimanche aux deux camps pour tenter de mettre fin à la guerre.

La première étape prévoit une trêve de six semaines, la libération de 42 otages retenus à Gaza en échange de 800 à 900 Palestiniens incarcérés par Israël, l'entrée de 400 à 500 camions d'aide alimentaire chaque jour et le retour chez eux des habitants du nord de la bande de Gaza déplacés par la guerre, selon une source au sein du Hamas. Le Hamas a dit « étudier la proposition » avant de transmettre sa réponse aux médiateurs. Des déclarations jugées « pas très encourageantes » par la Maison Blanche.

Et pour cause, Israël de son côté maintient son projet d'offensive terrestre sur la ville de Rafah, frontalière avec l'Egypte dans le sud de la bande de Gaza, qu'il présente comme le dernier grand bastion du Hamas, malgré la présence d'un million et demi de personnes, selon l'ONU, en majorité des déplacés ayant fui la guerre plus au nord.

« Nous achèverons l'élimination des bataillons du Hamas, y compris à Rafah. Aucune force au monde ne nous arrêtera », a encore déclaré Benjamin Netanyahu mardi. Selon le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, une telle opération ne semble toutefois pas « imminente ». Israël avait annoncé dimanche le retrait de ses troupes de la grande ville voisine de Khan Younès, détruite après plusieurs mois de combats, afin de préparer l'offensive sur Rafah. Des milliers de personnes y sont aussitôt revenues, errant dans les ruines poussiéreuses à la recherche de leur maison.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 21/04/2024 à 15:52
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c'est pourquoi il s'agit d'un génocide ! et le fait que nous livrons des armes, dit juste le niveau de collaboration avec un gouvernement d'extrême droite! Ce qui montre qu'il y a une feuille de papier a cigarette entre en marche et l'extrême droite...

à écrit le 11/04/2024 à 8:47
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Biden condamne les actions militaires d'Israël à Gaza, mais soutient en même temps Israël avec l'argent et les armes qui rendent ces actions possibles. Pense-t-il que le public ne reconnaît pas cette contradiction ? La politique est une question d’in...

à écrit le 10/04/2024 à 20:43
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[ Guerre Israël-Hamas : "l'approche" de Netanyahu à Gaza est "une erreur" selon Joe Biden ] Le putschiste sénile de Washington ferait mieux de balayer devant sa porte souillée par toute l'Amérique latine avant de s'occuper de celle d'Israël...

à écrit le 10/04/2024 à 16:04
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Qui encore s'étonne de ce qui se passe à Gaza,? Je n'irai pas jusqu'à dire que le gouvernement de Netanyahu savait les intentions du Hamas, mais qu'il ait laissé faire est une option qui explique la tuerie dans Gaza. L'armée israélienne était prête ...

le 10/04/2024 à 17:19
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"l'armée israélienne était prête " vous êtes bien le seul à l'affirmer ! ce qui revient à dire qu'elle s'attendait au massacre du 7 octobre ?

à écrit le 10/04/2024 à 13:48
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ils parlent entre génocidaire? non parce qu'en même temps génocide joe envoi de l'aide et en même temps il livre des armes ! et comme il a compris qu'il ne serait plus élu, il tente juste de faire celui qui n'est pas responsable ! L'allemange et ...

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