Connectivité : les nouveaux hubs Europe-Afrique pour accompagner la croissance verte

La coopération entre les deux continents se joue notamment sur le terrain des greentech.  Des entreprises des deux côtés de la Méditerranée, à Marseille comme à Kigali, phosphorent sur des solutions innovantes, tant en matière de connectivité que de solutions au service de l'environnement et de l'agriculture. Au-delà des câbles et autres connexions technologiques, les échanges, ainsi que l'investissement par la diaspora, seront des éléments clefs dans le développement des relations et des opportunités. C'est ce qui ressort d'une table ronde qui s'est tenue au forum Europe-Afrique, organisé par La Tribune les 15 et 16 mai au MuCem, à Marseille.
(Crédits : Reuters)

C'est le câble sous-marin de fibre optique le plus long au monde qui a été inauguré, en novembre dernier, au port de Marseille-Fos. Baptisé 2AFrica et porté par un consortium de multinationales, il s'étale sur 45 000 kilomètres et devrait relier 33 pays d'Europe, d'Afrique et d'Asie, permettant, en faisant le tour, au continent africain d'avoir un meilleur accès à Internet. L'enjeu est de taille.

« Les câbles servent à la connexion, à la communication, au libre-échange, de même qu'à pouvoir installer nos entreprises plus rapidement sur, par exemple, les plateformes d'e-commerce ou tout simplement digitaliser et accélérer la transformation des entreprises », a rappelé Stéphanie Ragu, présidente de Medinsoft, une association qui rassemble les entreprises du numérique, basée à Marseille.

Mais si les câbles créent des connexions, les territoires sont loin d'être égaux en termes de connectivité, notamment les zones blanches en milieu rural, peu couvertes par un réseau mobile. C'est à cette problématique que s'est attaquée Selena Souah en cofondant Revolution'Air, un opérateur télécom qui vise à donner accès à Internet à coût réduit dans des contrées reculées. Celle qui ambitionne de construire un réseau panafricain d'Internet à haut débit a fait le choix de Kigali pour y installer sa startup. La raison ?

« Le Rwanda est un environnement propice aux affaires, où il est possible de créer son entreprise en ligne en quelques heures seulement. En outre, les deux tiers des Rwandais disposent d'au moins un téléphone portable, et 70 % des ménages ont accès à l'électricité », a relevé la présidente de Revolution'Air.

« Le Rwanda dispose d'un important tech hub qui attire de nombreux talents », poursuit Selena Souah. Le fonds d'investissement Norrsken Foundation, de même que l'entreprise néerlandaise Holland Greentech, y sont par exemple installés. Les ambitions du Rwanda en matière climatique, notamment celle de réduire de 38 % ses émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2030, expliquent-elles aussi le choix de l'entrepreneure franco-gabonaise de lancer son entreprise dans ce hub technologique.

Formation et échanges

Si les câbles sont nécessaires, encore faut-il savoir les utiliser. Pour Aimé-Popa N'Zoutsi Mouyama, président du Conseil d'administration de l'Agence nationale de la promotion des investissements du Gabon, le problème, dans son pays, n'est plus tellement la connectivité...

« Ce que nous recherchons maintenant, c'est la formation des personnes pour utiliser tout ce qui est mis à disposition », a avancé cet ancien ministre, défendant les atouts du Gabon comme destination d'investissements, en particulier via des opportunités de partenariats privé-public dans les infrastructures, et où les entreprises peuvent se créer, relève-t-il, en moins de 48 heures.

« La connectivité passe aussi par la communication et le fait de pouvoir échanger, travailler, phosphorer entre experts », a abondé Stéphanie Ragu. Cela tombe bien, un pôle cleantech, à Arbois-Méditerranée, compte 400 chercheurs, 300 étudiants, 110 entreprises innovantes et 900 salariés. « Nous avons aussi des pépites venant d'Afrique, de Tunisie, du Gabon, du Cameroun et d'Afrique du Sud », ajoute-t-elle. La Technopole de l'Arbois abrite entre autres des jeunes pousses telle que Bamboo for Life, laquelle déploie sa solution d'assainissement des eaux usées y compris sur le continent africain.

L'essor de la tech africaine

Selena Souah en est convaincue : en Afrique, « les greentech devraient prendre de plus en plus d'importance dans les prochaines années », a-t-elle assuré.

Dans l'agriculture, puisque sur ce continent, qui compte pour 60 % des terres arables non exploitées, les applications digitales optimisent la gestion des intrants. Mais surtout dans le domaine de l'énergie, avec en particulier un fort potentiel de production d'hydrogène vert. Ainsi, « l'Europe, qui a une politique ambitieuse de décarbonation, peut trouver des solutions en Afrique », a-t-elle affirmé.

« On voit bien là une communauté de destin sur le plan climatique, dans laquelle la tech a un rôle à jouer », a martelé la jeune patronne. Encore faut-il « rendre plus lisibles les aides européennes à l'entrepreneuriat des jeunes qui investissent dans la tech en Afrique », a prôné la présidente de Revolution'Air.

Sans oublier d'accompagner la diaspora pour investir... « Les investissements que l'Europe fera dans la tech en Afrique, en particulier dans la climatetech, définiront en grande partie les relations futures entre nos deux continents », a-t-elle conclu.

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