La production des vaccins contre le Covid-19 reste beaucoup trop lente, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le patron de l'OMS a appelé vendredi "à un développement massif des capacités de production" des vaccins anti-Covid pour ne pas annihiler tous les progrès faits dans la lutte contre la pandémie.
Le directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a cité l'exemple du groupe pharmaceutique français Sanofi. Ce dernier a pris du retard dans le développement de son propre vaccin. En contrepartie, il a offert de produire à partir de cet été celui de son concurrent Pfizer/BioNTech, déjà largement autorisé et à l'efficacité prouvée. "Nous appelons d'autres compagnies à suivre cet exemple", a lancé le directeur général. Fin janvier, le Suisse Novartis avait aussi annoncé qu'il mettait à disposition des capacités pour mettre le vaccin de Pfizer/BioNTech dans des flacons.
Les enjeux financiers sont gigantesques. Pfizer a estimé que le chiffre d'affaires de son vaccin anti-Covid atteindrait en 2021 le montant astronomique de 15 milliards de dollars.
"Les fabricants peuvent faire plus: ils ont reçu d'importants fonds publics, et nous les encourageons tous à partager les données et technologies pour aider à un accès équitable aux vaccins dans le monde entier", a affirmé le directeur général de l'OMS.
Développer les licences de fabrication non-exclusives
Il a aussi suggéré de refaire ce qui avait fait ses preuves pour démultiplier la production de traitements anti-HIV et contre l'hépatite C, à savoir pour les groupes pharmaceutiques d'accorder des licences de fabrication non-exclusives à d'autres producteurs afin qu'ils puissent eux aussi produire le vaccin.
L'OMS a mis sur pied une plateforme d'échange (COVID-19 Technology Access Pool ou C-TAP) qui doit justement servir de moyen de partager du savoir-faire, de la propriété intellectuelle et des données. De l'aveu même de l'agence onusienne, cette plateforme n'est pas utilisée.
Mais Tedros Adhanom Ghebreyesus souligne que la plateforme pourrait justement aider à trouver des capacités de production qui ne sont pas encore utilisées. Cela pourrait également aider à construire des sites de production supplémentaires, en particulier en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
"Augmenter la capacité de production à l'échelle mondiale rendrait également les pays pauvres moins dépendants des pays riches", a-t-il souligné.
Des pays défavorisés sans vaccin
Le directeur général a réitéré son appel à ces pays riches, qui ont vacciné les plus vulnérables et leur personnel soignant, à mettre les doses en trop à disposition des pays défavorisés.
Même si le nombre de vaccinations dans le monde a désormais dépassé celui des cas d'infection enregistrés, il a souligné que les trois quarts de ces vaccinations ont été faites dans seulement 10 pays qui représentent 60% du PIB mondial.
"Au moins 130 pays, qui comptent 2,5 milliards de personnes, n'ont pas injecté un seul vaccin", a-t-il déclaré. "Si nous n'éradiquons pas le virus partout, nous pourrions bien nous retrouver à la case départ."