Produire les vaccins en France, ça change quoi ? Réponse en 4 points

LOGISTIQUE. La production de vaccins anti-Covid commencera fin février ou début mars sur le sol français, a annoncé Emmanuel Macron sur TF1, à l'issue d'une réunion avec les grands laboratoires français et européens.
Fin décembre, la DGS prévoyait 1 million de vaccinés en janvier/février: objectif rempli au tout début février avec quelque 1,5 millions de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin. Mais moins de 70.000  Français ont reçu la deuxième injection à ce jour (67 993 soit +22 525 en 24h). De fait, le problème ici n'est pas la lenteur du gouvernement mais celle des laboratoires qui n'arrivent pas à produire assez de vaccins.
Fin décembre, la DGS prévoyait 1 million de vaccinés en janvier/février: objectif rempli au tout début février avec quelque 1,5 millions de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin. Mais moins de 70.000 Français ont reçu la deuxième injection à ce jour (67 993 soit +22 525 en 24h). De fait, le problème ici n'est pas la "lenteur" du gouvernement mais celle des laboratoires qui n'arrivent pas à produire assez de vaccins. (Crédits : BENOIT TESSIER)

DOSSIER - La course aux vaccins

Dans quelques semaines, des vaccins anti-Covid 19 seront produits en France. Faite hier par Emmanuel Macron, l'annonce apporte en fait peu de nouveautés et ne concerne, dans l'immédiat, qu'un chaînon parmi d'autres dans la fabrication des doses, à l'échelle européenne.

1. Que vont faire ces usines ?

"Dès les prochaines semaines (...), nous aurons des sites qui vont en France produire le vaccin", a annoncé le chef de l'État sur TFI. "On en aura quatre."

Quatre sites de production français : c'est exactement ce qui était prévu dans le programme que détaillait la Direction générale de la Santé (DHS) à La Tribune, il y a plus d'un mois:

| Lire : Lieux de production, logistique... la Direction générale de la Santé explique son plan de vaccination des Français (29.12.2020)

De fait, comme nous l'expliquait la DGS, il ne faut pas non plus imaginer que des vaccins anti-Covid 19 seront désormais intégralement produits sur le sol français.

Les sites concernés sont, pour trois d'entre eux, des sous-traitants qui vont mettre la dernière main à des vaccins développés par d'autres laboratoires.

Il s'agit d'opérations de remplissage des flacons, d'emballage ou d'aseptisation. Mais les "principes actifs" de ces vaccins, la substance chimique qui les font fonctionner, seront fabriqués ailleurs.

2. Quels vaccins concernés et quand ?

Il s'agira de deux vaccins déjà approuvés par l'Union européenne (UE), Pfizer/BioNTech et Moderna, ainsi qu'un autre encore en attente, CureVac.

Ils doivent, respectivement, être produits par le sous-traitant français Delpharm, dans son usine de Saint-Rémy-sur-Avre en Normandie à partir de mars, le suédois Recipharm à Monts en Indre-Et-Loire à partir d'avril, et le groupe Fareva sur ses sites de Pau dans les Pyrénées et du Val-de-Reuil (Normandie) a priori à partir de mai.

Le quatrième cas est différent. C'est celui du géant français Sanofi qui développe, lui, son propre vaccin. Mais, après des mois de retard, sa situation fait l'objet de nombreuses incertitudes et la production ne saurait commencer avant le second semestre.

3. Où est produit le reste des vaccins ?

Les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna ont en commun de se baser sur de l'ARN messager comme principe actif. Il est respectivement produit dans un site allemand de BioNTech (Mayence) et chez un partenaire suisse de Moderna, Lonza.

Cette première étape ne débouche pas tout de suite sur un conditionnement final.  Il faut aussi passer par la "formulation", l'ajout d'autre substances que le principe actif afin de renforcer sa stabilité et son efficacité.

Chez Moderna, c'est Lonza qui s'en occupe aussi en Suisse. Pfizer recourt à l'une de ses propres usines en Belgique (Puurs), avec le soutien prochain d'un nouveau site BioNTech en Allemagne.

Cas sans précédent, des concurrents de Pfizer, dont Sanofi sur une usine allemande et le suisse Novartis, vont lui prêter main forte pour le conditionnement final. Mais ce sera dans plusieurs mois.

Enfin, il y a un troisième vaccin approuvé dans l'Union européenne (UE), celui d'AstraZeneca, mais il ne compte aucune étape de fabrication en France.

Son principe actif - différent, lui, de l'ARN messager - est élaboré aux Pays-Bas et en Belgique, pour l'Union européenne, et dans deux sites britanniques pour le Royaume-Uni. S'y ajoutent pour le conditionnement des sites en Italie, en Espagne et dans le Pays-de-Galles.

C'est le site belge, exploité par le sous-traitant Thermo Fisher, qui est à l'origine d'une polémique avec l'Union européenne. À cause de retards sur place, AstraZeneca a dû revoir en baisse le nombre de livraisons prévues.

Lire aussi : Vaccins: l'UE menace les laboratoires de contrôler leurs exportations s'ils ne livrent pas les doses prévues

4. Quel intérêt à produire en France ?

Les annonces de M. Macron ne changent pas la donne. Ces collaborations étaient en fait connues depuis la fin 2020 même si le calendrier de fabrication est désormais plus précis.

Surtout, cette fabrication française ne signifie pas que les Français en profiteront directement. Le nombre de doses distribuées dans chaque pays est régi au terme de commandes faites au niveau de l'Union européenne. La France ne peut donc pas s'arroger les vaccins fabriqués sur son territoire.

Reste que les annonces de M. Macron témoignent de multiples collaborations au sein du secteur pharmaceutique, ce qui est gage d'efficacité dans la production des vaccins au niveau européen.

Lire aussi : GSK s'allie à CureVac pour créer un vaccin anti-variants

L'intérêt est aussi politique en démontrant la capacité d'usines françaises à agir alors que le gouvernement fait l'objet de critiques politiques quant à une supposée insuffisance de l'industrie nationale, l'opposition ayant eu beau jeu de s'attaquer à la "lenteur" du processus de vaccination alors même qu'il venait à peine de commencer.

De fait, si l'on regarde le calendrier prévu par la Direction générale de la Santé qui évoquait 1 million de vaccinés en janvier/février, force est de constater que l'objectif est plutôt rempli puisque l'on compte au tout début février quelque 1,5 millions de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin.

Mais si l'on regarde le chiffre des Français ayant reçu la totalité du vaccin (la deuxième injection), le chiffre tombe à 67 993  (+22 525 en 24h, selon le site Covid-Tracker). Car le problème actuel n'est pas la lenteur du gouvernement mais celle des laboratoires qui n'arrivent pas à produire assez de vaccins.

Lire aussi : La pénurie interrompt la vaccination en Île-de-France, Hauts-de-France et Bourgogne-Franche-Comté

Les grands laboratoires sont tous en train de mettre la main à la pâte en proposant leurs services pour accélérer la production à leurs concurrents. Mais là aussi, devant ce geste de collaboration solidaire transfrontières, certains y trouvent à redire:

"Finalement, c'est Sanofi qui devra aider Pfizer à mettre ses vaccins en flacons: où est la souveraineté ?" s'indignait mardi à l'assemblée le député insoumis Ugo Bernalicis.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 7
à écrit le 04/02/2021 à 11:25
Signaler
"France Biotech, une centaine de solutions contre le Covid-19 sont en cours de développement dans les biotechs françaises. Que ce soit la recherche de vaccins, le développement de traitements ou la mise au point d'outils de diagnostics. Reste la diff...

à écrit le 04/02/2021 à 8:01
Signaler
Lamentable opération de communication. La France tech sait ... remplir des flacons. Cette crise révèle vraiment le dégringolade de la France.

à écrit le 03/02/2021 à 17:47
Signaler
Ce beau pays qu'est la France. Il devient le laquais des autres pays. Hi, hi, hi.........

à écrit le 03/02/2021 à 14:30
Signaler
En résumé plus il y a de sites pour produire mieux c'est, que ce soit pour expédier en UE ou ailleurs, à un million de doses par JOUR il faudrait 1000 jours (!!) pour fabriquer 1 milliard de doses, le problème des grands nombres (comme l'ISF répartie...

à écrit le 03/02/2021 à 14:30
Signaler
L'état voudrait vraiment être efficace il achèterait la licence de valneva, astrazeneca ou sputnik et ferait produire le vaccin par réquisition par sanofi ou iffa merieux, une cuve de culture est une cuve de culture la culture cellulaire, virale, l'i...

à écrit le 03/02/2021 à 14:01
Signaler
La science n'a pas de nationalité, par contre la rigidité, l'abrutissement, le dogmatisme, la suffisance et la prétention, je crois que c'est plus la peine de lancer une étude pour savoir.

le 04/02/2021 à 10:12
Signaler
@ le lapin. Yes France n° one pour l'arrogance.....et l'inefficacite

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.