Guerre en Ukraine : la cheffe de la diplomatie allemande déçue du faible impact des sanctions

Dans le livre « Ernstfall. Regieren in Zeiten des Krieges », la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a exprimé sa déception quant à l'impact des sanctions visant la Russie. Si l'économie russe a été fragilisée, elle ne s'est cependant pas effondrée.
Berlin se dit déçu du faible impact des sanctions contre la Russie.
Berlin se dit déçu du faible impact des sanctions contre la Russie. (Crédits : IRAKLI GEDENIDZE)

L'économie russe tient debout, au grand regret de Berlin. Annalena Baerbock, ministre fédérale allemande des Affaires étrangères, a fait part de sa contrariété face à l'impact moindre qu'escompté des multiples sanctions économiques occidentales contre la Russie, après l'invasion de l'Ukraine. Les propos de la cheffe de la diplomatie allemande sont contenus dans « Ernstfall. Regieren in Zeiten des Krieges » (« Situation d'urgence. Gouverner en temps de guerre »ndlr), un livre publié récemment aux éditions C.H. Beck en Allemagne. L'ouvrage porte notamment sur la gestion de la guerre en Ukraine par le gouvernement allemand.

Lire aussiSanctions : la filiale russe de la banque Raiffeisen impose une commission de 50% sur les virements en dollars

« En principe, des sanctions économiques devraient avoir des conséquences économiques, mais ce n'est pas le cas » concernant la Russie, a déclaré Annalena Baerbock au journaliste Stephan Lamby dans une interview réalisée au début du mois de juillet.

« L'expérience que nous avons faite est qu'il n'est pas possible de mettre fin à cette guerre via des décisions et des mesures rationnelles (...), car les logiques des démocraties précisément ne fonctionnent pas dans les autocraties », a ajouté la ministre.

Les sanctions des pays occidentaux

Les propos de la ministre sont de nature à alimenter le débat, y compris en Allemagne, sur la pertinence des sanctions économiques et financières contre Moscou, adoptées dès le début de la guerre. L'Union Européenne a notamment interdit le transport maritime du pétrole brut russe (au 5 décembre 2022) et de produits pétroliers (au 5 février 2023) vers des pays tiers.

En mai, la Commission européenne a annoncé un onzième train de mesures restrictives envers la Russie destinées à éviter le contournement des sanctions européennes, a annoncé son porte-parole.

« L'objectif est d'éviter que des biens interdits d'exportation vers la Russie ne trouvent un chemin pour approvisionner le complexe militaire russe », a expliqué Eric Mamer.

Lire aussiSanctions : le Kremlin lance la saisie d'actifs d'entreprises occidentales en représailles

De leur côté, les Etats-Unis ont placé en juillet plus de 120 entreprises russes et kirghizes sur leur liste noire, sanctionnant ainsi leur contribution à la machine de guerre russe en Ukraine. Les sanctions visent notamment à restreindre l'accès de la Russie à du matériel sous embargo, dont des composants électroniques qui peuvent être réutilisés par le complexe militaro-industriel, a indiqué le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, dans un communiqué.

« Ces sanctions empêcheront la Russie d'accéder à des matériaux essentiels, inhiberont ses capacités futures de production et d'exportation d'énergie, limiteront son utilisation du système financier international et réprimeront ceux qui se rendent complices du contournement des sanctions », a-t-il affirmé.

L'économie russe tient bon malgré les difficultés

L'objectif est de réduire la capacité de la Russie à mener le conflit, mais pour l'instant, le succès est mitigé. Certes, l'économie russe est fragilisée, mais elle ne s'est pas effondrée. Selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI), publié en début d'année, même si la Russie est certes tombée en récession l'année dernière, la baisse de PIB est relativement modeste (-2,2%), loin des prévisions du FMI réalisées au printemps 2022 qui anticipaient une chute de 8,5 % du PIB russe en 2022.

« L'économie est revenue sur la trajectoire de la croissance » et, dès l'an prochain, « la Russie s'engagera sur la voie d'un développement progressif à long terme »,avait déclaré le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine au mois de mars.

Début mars 2022, la Russie profite des prix records du gaz européen, les deux références mondiales du brut évoluant largement au-dessus des 100 dollars le baril, propulsés par les risques géopolitiques. Or, l'essentiel du pétrole se négociant en dollars sur le marché mondial, la Russie a récupéré d'importantes sommes en billets verts provenant de la vente de son or noir, qu'elle a converti ensuite en roubles, ce qui a soutenu sa monnaie. D'après le Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA), un institut de recherche basé en Finlande, Moscou a engrangé une somme de plus de 400 milliards d'euros depuis le début de la guerre en Ukraine grâce à ses exportations de pétrole, de gaz et de charbon.

Mais face au tarissement des recettes d'hydrocarbures (la variété de référence du pétrole russe s'échange désormais au-dessus du plafond des 60 dollars le baril) et à la fuite de capitaux hors de Russie, le rouble se retrouve au plus bas face au dollar depuis mars 2022. Lundi 15 août, la devise est tombée à 102,23 roubles pour un dollar, et presque 111,70 roubles pour un euro.

(Avec AFP)

Commentaires 10
à écrit le 26/08/2023 à 8:24
Signaler
La soeur jumelle (vert... de gris?) de Bruno-Nostradamus-Le Maire?

à écrit le 24/08/2023 à 20:16
Signaler
Quelle bande de clowns qui parle de sanction après avoir avoir participé l'hiver dernier à la hausse spéculative du gaz russe tout en maintenant leurs approvisionnements en uranium russe...

à écrit le 24/08/2023 à 18:06
Signaler
Mais pas du tout ! Les sanctions produisent des effets : chez nous ! Regardez l'inflation, le prix de l'électricité, du carburant, la peur de ne pas pouvoir se chauffer l'hiver dernier...

à écrit le 24/08/2023 à 17:33
Signaler
Ses propos sont un peu surprenants pours les causes suivantes : A). L’appareil productif de l’industrie de la défense russe est fortement basé sur l’équipement occidental, allemand en première place (mais pas uniquement, Suisse, Autriche, Tchéquie et...

à écrit le 24/08/2023 à 15:50
Signaler
Les anglos saxons comme cette dame sont PRAGMATIQUES, et regardent donc les résultats des décisions prises, comme les sanctions contre la Russie. Les Latins, surtout les "rêveurs" français ne sont jamais capables de regarder de face les conséquences ...

à écrit le 24/08/2023 à 15:11
Signaler
Aux enfants, on leur dit de bien apprendre leurs leçons avant de venir fanfaronner devant leurs p'tits camarades.

à écrit le 24/08/2023 à 15:02
Signaler
"Annalena Baerbock, ministre fédérale allemande des Affaires étrangères, a fait part de sa contrariété face à l'impact moindre qu'escompté des multiples sanctions économiques ". En effet, les sanctions ont été plus efficaces contre l'Allemagne et...

le 24/08/2023 à 15:28
Signaler
Bien d'accord avec vous : qui souffre le plus des sanctions, sinon l'Europe. Et qui a tout à gagner de la guerre en Ukraine, sinon les USA : ils ont viré un concurrent dangereux pour le pétrole et le gaz, qu'ils nous vendent un bon prix et ont bien ...

le 24/08/2023 à 19:39
Signaler
@Asimon: Vous avez oublié une petite nuance: c'est la Russie qui a commencé cette guerre sans moindre casus belli. Après cela, l'Europe n'a pas eu de choix, surtout après que l'Ukraine a su résister.

à écrit le 24/08/2023 à 14:34
Signaler
Les sanctions économiques c'est le temps long et l'impact sur le portefeuille des oligarques. L'URSS s'est effondrée à cause de l'IDS de Reagan. Financièrement L'URSS d'hier ou la Russie d'aujourd'hui ne peuvent pas suivre dans la compétition avec l...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.