Donald Trump sonne-t-il la fin de sa lune de miel avec Xi Jinping ?

Sanctions économiques, contrats d'armement avec Taïwan... Les Etats-Unis opèrent un changement de ton envers Pékin depuis une dizaine de jours, loin de celui employé début avril lors d'une réunion bilatérale entre Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping. Dernière action en date : une intervention en mer de Chine ce week-end.
Anaïs Cherif
Donald Trump et Xi Jinping lors de leur unique rencontre, le 7 avril 2017, à Mar-a-Lago (Floride).

L'entente cordiale entre les Etats-Unis et la Chine aura duré trois mois. Fidèle à ses habitudes, Donald Trump a annoncé le virage opéré sur Twitter, il y a dix jours. Le président américain a pointé l'impuissance de Pékin pour résoudre la crise avec la Corée du Nord : "Au moins, la Chine a essayé !" Ce tweet résonne comme un avertissement adressé à son homologue chinois Xi Jinping. Depuis la semaine dernière, les Etats-Unis enchaînent les actions perçues comme des "provocations" par la Chine. Retour sur une semaine houleuse.

 ■ Intervention en mer de Chine : une "grave provocation" selon Pékin

Un navire américain est passé dimanche à moins de douze milles nautiques de l'île Triton, qui dépend des îles Paracels dont la Chine, Taïwan et le Vietnam se disputent la souveraineté. La manœuvre a été rendue publique par Fox News. Pour affirmer sa souveraineté, Pékin multiplie les constructions navales et aériennes sur des îles en mer de Chine avec son programme "Grande Muraille de sable", alors que les Etats-Unis se sont érigés en gendarmes de la zone, en envoyant des navires en patrouilles pour exercer leur droit de libre navigation.

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L'opération américaine est une "grave provocation politique et militaire", a réagi ce lundi le ministère chinois des Affaires étrangères. "La Chine somme fermement la partie américaine de cesser immédiatement ce genre d'acte provocateur qui nuit gravement à sa souveraineté et met en danger la sécurité de la Chine", a ajouté le porte-parole du ministère, Lu Kang, dans un communiqué de presse.

■ Un contrat d'armement entre les Etats-Unis et Taïwan

Donald Trump et Xi Jinping se sont entretenus dimanche au téléphone. L'occasion pour Pékin de réaffirmer le principe "d'une seule Chine", en espérant que les Etats-Unis s'y conformeront. L'origine de la crainte : un contrat d'armement d'une valeur de 1,42 milliards de dollars passé jeudi entre Washington et Taïwan. Selon le ministre des Affaires étrangères, cet accord est "un sérieux dommage à la sécurité et la souveraineté de la Chine", rapporte le Financial Times. "Je pense que Trump essaie de jouer la carte de Taïwan pour pousser la Chine à faire davantage sur la Corée du Nord, et peut-être aussi en matière commerciale", analyse auprès de l'AFP Willy Lam, professeur à l'Université chinoise de Hong Kong.

Taïwan, qui n'est pas reconnu par l'ONU, s'est coupée politiquement du reste de la Chine depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Pékin interdit donc à tout pays avec lequel elle a des relations diplomatiques d'en avoir simultanément avec Taïwan. La Chine s'est déjà opposée aux Etats-Unis sur ce dossier brûlant début décembre, alors que Donald s'était entretenu avec la présidente de la petite île.

■ Une banque chinoise placée sur liste noire

Les Etats-Unis ont sanctionné jeudi la Bank of Dandong, "considérée comme une source d'inquiétude de premier ordre pour le blanchiment d'argent", a affirmé le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin. L'établissement chinois est accusé d'avoir facilité des transactions au profit d'entreprises impliquées dans le développement de missiles balistiques nord-coréens. Celui-ci ne pourra plus emprunter de l'argent aux Etats-Unis ou en faire transiter par des banques américaines.

"Nous exhortons la partie américaine à mettre fin à ses actions erronées sur cette question afin d'éviter tout impact sur d'autres domaines de coopération", a indiqué le porte-parole Lu Kang lors d'une conférence de presse. "Nous avons souligné à de nombreuses reprises notre ferme opposition à toute sanction unilatérale", échappant à l'ONU. Le Conseil de sécurité des Nations Unis a adopté ces derniers mois plusieurs séries de sanctions contre la Corée du Nord, en raison de la poursuite de son programme nucléaire. Pékin dit les "appliquer totalement". Mais la Chine est opposée aux sanctions décidées par des pays tiers en vertu de leurs lois nationales.

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(Avec agences)

Anaïs Cherif
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