« Durable et éternelle » : après les élections, Tuvalu essaye de rassurer sur ses relations avec Taïwan

Alors que les îles Tuvalu, situées dans l'océan Pacifique, ont élu un nouveau Premier ministre, l'attention est tournée vers les futures relations que le gouvernement va entretenir avec Taïwan. L'archipel polynésien reconnaît encore pleinement Taipei, mais Pékin courtise de plus en plus ses alliés dans le Pacifique.
Les Tuvalu, cet archipel polynésien composé d'atolls faiblement peuplés, est l'un des douze Etats, dont le Vatican, qui reconnaissent encore pleinement Taïwan (photo d'illustration).
Les Tuvalu, cet archipel polynésien composé d'atolls faiblement peuplés, est l'un des douze Etats, dont le Vatican, qui reconnaissent encore pleinement Taïwan (photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

Taïwan a-t-il du souci à se faire ? Feleti Teo a été officiellement nommé Premier ministre des îles Tuvalu ce lundi, après des élections qui ont remis la question des relations avec Taïwan au-devant de la scène. Car les Tuvalu, cet archipel polynésien composé d'atolls faiblement peuplés, est l'un des douze Etats, dont le Vatican, qui reconnaissent encore pleinement Taïwan.

Taipei a néanmoins déclaré ce lundi avoir reçu l'assurance du nouveau Premier ministre des îles Tuvalu que les relations entre les deux territoires étaient « éternelles », balayant les craintes quant à un possible rapprochement entre cette nation du Pacifique et Pékin. Dans les faits, l'ambassadeur de Taïwan aux Tuvalu, Andrew Lin, a déclaré lundi à l'AFP avoir parlé avec le Premier ministre nouvellement élu Feleti Teo ainsi qu'avec les députés du nouveau gouvernement et avoir reçu l'assurance « que la relation entre Taïwan et Tuvalu est ferme, solide comme la pierre, durable et éternelle ».

« J'ai eu des conversations avec chacun d'entre eux et j'ai reçu des garanties de chacun d'entre eux », a déclaré Andrew Lin à l'issue de la cérémonie d'investiture.

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Influence de Pékin

Pour rappel, les relations entre la Chine et Taïwan sont très tendues. Pékin considère Taipei comme l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949, et s'est engagée à s'en emparer un jour, par la force si besoin.

Pékin a alors activement courtisé les alliés de Taïwan dans le Pacifique, convainquant les îles Salomon et Kiribati de rompre ses liens avec Taipei pour nouer des relations diplomatiques avec la Chine en 2019. Le petit nombre de pays reconnaissant Taïwan comme un pays souverain s'est, qui plus est, encore réduit en janvier lorsque Nauru les a imités.

Dans ce contexte, les élections aux Tuvalu et le choix d'un nouveau dirigeant ont suscité une attention accrue, et le processus a été plus long que prévu. Car en l'absence de partis politiques, la sélection d'un Premier ministre prend un certain temps dans ce micro-Etat de 11.500 habitants qui élit 16 députés.

D'autant que Kausea Natano, qui dirigeait le pays depuis septembre 2019, a échoué à se faire réélire député dans sa circonscription de l'île principale, Funafuti, et a donc dû quitter son poste. S'il s'était affiché comme un fervent partisan de Taïwan, certains de ses concurrents, comme l'ancien Premier ministre Enele Sopoaga et le ministre des Finances, Seve Paeniu, n'avaient pas écarté, eux, l'idée de reconsidérer la position des Tuvalu s'ils étaient élus.

Des incertitudes planent

Les relations internationales devraient ainsi figurer en bonne place sur la liste des priorités du nouveau gouvernement de Feleti Teo. Cependant, Jess Marinaccio, chercheuse spécialiste du Pacifique à l'université de Californie, se montre davantage critique. Elle a déclaré de son côté à l'AFP qu'il était trop tôt encore pour dire si Feleti Teo maintiendra les liens avec Taïwan :

« Les postes qu'il a occupés étaient des postes où il devait traiter avec des pays qui avaient ou n'avaient pas de relations avec Taïwan, et il a donc probablement dû faire preuve d'impartialité à cet égard ». « Il n'a pas pu exprimer d'opinion dans un sens ou dans l'autre, nous ne savons donc pas s'il penche d'un côté ou de l'autre ».

Tuvalu face aux problèmes climatiques

Tuvalu pourrait être un des premiers pays submergés par la montée du niveau de la mer liée au réchauffement climatique. Les 11.000 habitants de Tuvalu sont répartis sur neuf îles dont le point culminant ne dépasse pas cinq mètres au-dessus du niveau de la mer. Deux des atolls représentés sur son drapeau aux onze étoiles ont déjà disparu et même certaines zones les plus élevées pourraient devenir inhabitables d'ici 2100 en raison de la contamination des sols et des terres par l'eau de mer. Les climatologues craignent que l'ensemble de l'archipel soit inhabitable d'ici 80 ans. Car à Tuvalu, la terre ne représente que 26km2 alors que ses eaux territoriales couvrent 800.000 km2.

Malgré son avenir sombre, Tuvalu ne veut pas renoncer à l'espoir de préserver ses terres le plus longtemps possible. Alors le gouvernement se bat pour que le monde prenne vraiment le changement climatique au sérieux, notamment en se débarrassant des énergies fossiles.

Il a également lancé un projet d'adaptation côtier qui vise à récupérer 3,8km de terres avalées par l'océan et à surélever les zones les plus vulnérables. Un programme financé par 36 millions de dollars d'aide internationale et 2,9 millions de Tuvalu. Environ 40% de la capitale Funafuti se retrouve déjà sous l'eau lors des grandes marées exceptionnelles qui emportent aussi les racines des cultures.

Et alors que la première phase du projet est presque terminée, l'ancien premier ministre déplorait mi-janvier que sa portée limitée ne puisse pas aider tous ses concitoyens. Dans cette optique, le pays est en pointe dans le combat climatique sur la scène internationale, réclamant une taxe mondiale sur les énergies fossiles et la mise en place d'un fonds destiné à compenser les « pertes et dommages » des pays en développement. Ce que la COP28 à Dubaï a acté à la fin de l'année dernière.

Au cas où le pire se produisait, Tuvalu a commencé à sauvegarder son patrimoine culturel dans le monde virtuel, créant ce que certains ont appelé un modèle des « Etats-Nations 2.0 ».

(Avec AFP)

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