Election présidentielle argentine : qui est Javier Milei, le « Trump argentin » près du pouvoir ?

Javier Milei, économiste de 53 ans, est le candidat antisystème de l’élection présidentielle argentine. Les sondages le placent en tête.
Le 25 septembre, en meeting à Buenos Aires, Javier Milei rejoue « Massacre à la tronçonneuse », à l’adresse de la classe politique argentine.
Le 25 septembre, en meeting à Buenos Aires, Javier Milei rejoue « Massacre à la tronçonneuse », à l’adresse de la classe politique argentine. (Crédits : Getty Images Via Afp)

Ce dimanche, les Argentins se rendent aux urnes pour élire leur nouveau président. Ils devront choisir entre Javier Milei, le candidat antisystème que les sondages placent en tête, et ses principaux opposants, Patricia Bullrich, candidate de centre droit, et Sergio Massa, l'actuel ministre de l'Économie du gouvernement péroniste.

La campagne a pris une dimension inhabituelle en raison de la personnalité de Javier Milei. Cet économiste de 53 ans, qui se définit comme « anarcho-capitaliste », partisan d'une société sans État organisée par le système d'échanges qu'est le marché, a habilement utilisé les réseaux sociaux pour défendre ses positions d'outsider auprès de ses quelque 7 millions d'abonnés, dans un pays de 46 millions d'habitants. Dans ses meetings qui attirent les foules, il propose un remake de Massacre à la tronçonneuse - il brandit une vraie machine - à destination de la « caste », comme il désigne la classe politique. Depuis des décennies, celle-ci a été incapable de sortir le pays du marasme caractérisé par une inflation record, un endettement abyssal, un taux de pauvreté de plus de 40 % et une corruption endémique. Le discours sans nuances de Milei fait un tabac auprès des jeunes et d'une partie de la population tentée par le dégagisme.

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 « Les Argentins savent qu'ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes depuis 2001 », explique Cecilia, septuagénaire résidant dans la capitale. Lors de la « grande crise » de 2001 qui avait vu le pays faire défaut sur sa dette, le gouvernement de l'époque avait gelé les retraits bancaires, privant des millions de ménages de leurs économies. « Ma génération a tout connu, décrit Cecilia. Des périodes de croissance et de stabilité, et d'autres à devoir compter les centimes. "Débrouillard", c'est le mot qui me vient pour décrire notre état d'esprit d'Argentins. » Comme ses administrés, l'État est pareillement surendetté sur fond d'incurie des services publics. « La grande classe moyenne qui faisait notre fierté, parce qu'elle était unique en Amérique latine, n'existe plus », déplore Cecilia.

Moins d'État, plus de dollars

C'est pourquoi le programme du candidat libertarien - moins d'État et plus de dollars - rencontre un puissant écho auprès d'une population excédée de voir fondre son pouvoir d'achat. Pour celui qui a titré son livre programme La Fin de l'inflation, le peso argentin a moins de valeur que « des excréments ». La proposition phare de Javier Milei consiste à remplacer la monnaie nationale par le dollar, comme l'ont déjà fait le Panama ou l'Équateur. Mais dans un texte publié début septembre, 170 économistes qualifiaient cette dollarisation de « mirage », en raison du manque de dollars en circulation dans le pays et dans les coffres de la banque centrale. Elle pourrait même avoir l'effet contraire, la déflation, en obligeant les vendeurs de produits et services à entrer dans la course à la baisse des prix pour attirer les dollars en circulation.

Sociétalement, le candidat du parti La Libertad Avanza se range parmi les très conservateurs : opposition à l'avortement, doutes sur l'origine humaine du changement climatique, l'homosexualité considérée comme un handicap... « Le mouvement de Milei est nationaliste et illibéral, il célèbre des politiciens comme Viktor Orbán, Giorgia Meloni ou encore Marine Le Pen », rappelle Antonella Marty, chercheuse argentine associée au think tank Atlas Society. « Les populistes exploitent le mécontentement social, en l'occurrence la crise économique », explique-t-elle. Une colère contre les membres de la « caste » du système politique traditionnel qu'a su capter Milei. « Qu'ils s'en aillent tous, qu'il n'en reste plus un ! », concluait-il lors de son dernier meeting mercredi.

Commentaires 10
à écrit le 23/10/2023 à 8:54
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C'est les démagogues. Quand l'économie va trop mal, les démagogues sont de sortie. Le gouvernement précédent n'aurait jamais dû laisser filer l'inflation comme cela

le 23/10/2023 à 14:20
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Le gouvernement actuel est le vrai démagogue. Il fait tourner la planche à billets pour confisquer la richesse des travailleurs et la distribuer à ses électeurs. Au moins ce monsieur propose de rendre impossible cet abus en abrogeant la banque centr...

à écrit le 22/10/2023 à 21:39
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Présenté comme un "ultralibéral" par la plupart des journaux français de gauche. Qui ont toujours autant de mal à comprendre ce qu'est le libéralisme. Vu le marasme du pays, on a du mal à croire que même avec lui ça puisse être pire ! Ce serait un b...

le 23/10/2023 à 8:14
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C est un populiste archaïque qu’on a aucune. Ompeyence a part le spectacle .. le spectacle fait pas le travail et la réflexion …le problème est la classe politique comme partout ailleurs ,. Et la réponse est collective et in individuelle car le mes...

le 23/10/2023 à 8:17
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C est un populiste archaïque qui n’ a aucune compétence a part le spectacle .. le spectacle ça fait pas le travail et la réflexion …le problème est la classe politique comme partout ailleurs ,. Et la réponse est collective et non individuelle car...

à écrit le 22/10/2023 à 19:28
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Le personnage semble disruptif et encore plus dans l'outrance, ça ne présage rien de bon. Vu le bilan catastrophique des autres, on ne peut pas blâmer les argentins si ils décident d'élire un tel énergumène.

à écrit le 22/10/2023 à 11:43
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Un banal oligarque ou un oligarque banal, bref le peuple argentin y perdra aussi. Les souris votent pour les chats.

le 22/10/2023 à 16:23
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a suivre la modele occidentale les argentins ce sont ruine et vice versa il faut sortir de cette aberration économique et politique que leur dirigeants soit de droite ou de gauche rien n'a changer

le 22/10/2023 à 18:10
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Effectivement, ils ont une économie qui marche formidablement bien, en ayant suivi les conseils des non-démagogues...

le 23/10/2023 à 8:20
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La prochaine faillite oligarque après la libanaise. Nos oligarchies devenus incompétentes tombent les unes après les autres malgré la solidarité internationale en elles. Pour dire comme les dirigeants du monde sont nuls ils ont tout et échouent.

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