Embargo européen sur le pétrole russe : c'est "non" actuellement pour la Hongrie

Pour le gouvernement hongrois, l'embargo européen progressif sur le pétrole russe tel que proposé actuellement par la Commission européenne « détruirait complètement la sécurité énergétique » du pays. Il refuse donc cette mesure qui prévoit une interdiction de tout le pétrole russe, brut et raffiné, transporté par mer et par oléoduc à partir du 9 mai, avec néanmoins une dérogation pour la Hongrie et la Slovaquie. Pour être instaurée, elle doit être approuvée à l'unanimité par les États membres, ce qui n'est donc pas le cas pour le moment.
Le projet de la Commission prévoirait une dérogation pour permettre à la Hongrie et la Slovaquie, deux pays enclavés et totalement dépendants du pétrole russe, de continuer leurs achats à la Russie en 2023.
Le projet de la Commission prévoirait une dérogation pour permettre à la Hongrie et la Slovaquie, deux pays enclavés et totalement dépendants du pétrole russe, de continuer leurs achats à la Russie en 2023. (Crédits : MARKO DJURICA)

Si les pays d'Europe ont fait preuve d'union jusqu'à présent dans la mise en place des sanctions contre la Russie en raison de l'offensive militaire qu'elle a lancée en Ukraine, le projet d'embargo progressif sur le pétrole russe fait naître les désaccords. La Hongrie vient en effet de rejeter cette proposition « dans sa forme actuelle », jugeant qu'une telle mesure « détruirait complètement la sécurité énergétique » du pays.

« En toute responsabilité, nous ne pouvons pas voter pour », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto, dans un message vidéo diffusé sur sa page Facebook.

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La Commission européenne a proposé, ce mercredi 4 mai, un embargo total sur le pétrole russe dans le cadre d'un sixième train de sanctions du bloc européen contre la Russie. Selon plusieurs responsables et diplomates européens, ce projet prévoit une dérogation pour permettre à la Hongrie et la Slovaquie, deux pays enclavés et totalement dépendants des livraisons par l'oléoduc Droujba, de continuer leurs achats à la Russie en 2023.

Mais ce délai d'un an ne suffit pas, a insisté Peter Szijjarto. La livraison de pétrole russe, « nécessaire pour faire fonctionner » la Hongrie, « serait interdite à partir de la fin de l'année prochaine », a précisé le ministre. Impossible selon lui. « Ce n'est pas une question de manque de volonté politique ou de calendrier, mais simplement la réalité physique, géographique et d'infrastructures ».

« Nous ne voyons pas de plan concernant la manière de réussir une transition sur la base des propositions actuelles et de garantir la sécurité énergétique de la Hongrie », avait déjà commenté plus tôt dans la journée le service de presse du gouvernement hongrois interrogé par l'AFP.

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La Hongrie hostile depuis toujours à un tel embargo

Depuis le début de l'invasion russe, la Hongrie, dont le Premier ministre nationaliste Viktor Orban a noué des liens étroits avec Vladimir Poutine, rejette tout embargo sur le pétrole ou le gaz venus de Moscou.

« Nous ne voterons pas pour des sanctions qui rendraient impossible l'approvisionnement de la Hongrie en pétrole ou en gaz », avait réaffirmé mardi le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto. En justifiant : « Il ne s'agit pas d'une décision politique (...) c'est une véritable question d'approvisionnement pour nous, car il est actuellement impossible de faire fonctionner la Hongrie et son économie sans le pétrole russe ».

Selon le porte-parole du gouvernement hongrois, Zoltan Kovacs, 65% du pétrole et 85% du gaz utilisés par la Hongrie proviennent de Russie.

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« Faire payer le prix fort » à Poutine

Avec cet embargo, l'Union européenne veut intensifier sa pression sur Moscou afin de « faire payer le prix fort » au président russe Vladimir Poutine pour sa guerre contre l'Ukraine, a annoncé ce mercredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

La Commission européenne préconise « une interdiction de tout le pétrole russe, brut et raffiné, transporté par mer et par oléoduc », a expliqué la dirigeante. L'objectif est une entrée en vigueur de la mesure pour la célébration de la 72ème journée de l'Europe le 9 mai. Cette date est par ailleurs également célébrée en Russie comme le "jour de la Victoire" sur l'Allemagne nazie. La proposition a été transmise dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 mai aux États membres appelés à la valider. Elle doit être approuvée à l'unanimité. Des noms peuvent être retirés et des propositions atténuées.

Ce sixième bloc de sanctions frappent également le secteur financier avec l'exclusion de la plus importante banque russe, la Sberkank, qui représente 37% du marché, et de deux autres établissements du système financier international Swift. Côté personnalités, le chef de l'Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill, soutien affiché de cette guerre, la famille du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, et de nombreux militaires soupçonnés de crimes de guerre à Boutcha, devraient être ajoutés à la la liste noire de l'UE, selon la proposition consultée par l'AFP.

« Nous adressons ainsi un autre signal fort à tous ceux qui mènent la guerre du Kremlin : nous savons qui vous êtes, et vous devrez rendre compte de vos actes », a lancé Ursula von der Leyen lors de la présentation des grandes lignes de ce 6e train de sanctions aux députés européens à Strasbourg.

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(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 05/05/2022 à 5:56
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Heureusement qu'un pays au moins se rende compte que cette guerre n'a été "inspirée" que pour démolir l'UE. La puissance nouvelle du dollar face à l'euro en est la meilleur preuve.

le 05/05/2022 à 18:55
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ça fait longtemps que Viktor Orban détruit ce qui reste de l'Europe. Mais mais, ce n'était pas bien avant que Poutine mette sur les ukrainiens ?

le 06/05/2022 à 6:34
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Orban n’a jamais cherché à détruire l’Europe. Les démolisseurs de l’Europe sont basés en Californie, promeuve l’idéologie woke et son concert d’absurdité, les théories de genre, le changement de sexe, le commerce des ventres et des embryons voir leur...

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