Entre guerre et pandémie, l'économie européenne a marqué le pas au premier trimestre

L'économie européenne enregistre une croissance au ralenti ce premier trimestre 2022, avec une inflation record. À peine remise des conséquences de la pandémie de Covid-19, elle subit de plein fouet le choc de la guerre en Ukraine. Avec une croissance nulle (0%), la France s'en sort mieux que l'Italie (-0,2%) mais moins bien que l'Allemagne (+0,2%) ou l'Espagne (+0,3%). Une contraction est déjà attendue pour le deuxième trimestre et le risque d'une récession plane sur les mois à venir.
Aux effets encore présents de la pandémie de Covid-19 sur l'activité, notamment en raison du nouveau variant Omicron, « se sont ajoutés ceux provoqués par la crise internationale liée à l'invasion russe de l'Ukraine », a souligné l'Institut espagnol des statistiques (INE).
Aux effets encore présents de la pandémie de Covid-19 sur l'activité, notamment en raison du nouveau variant Omicron, « se sont ajoutés ceux provoqués par la crise internationale liée à l'invasion russe de l'Ukraine », a souligné l'Institut espagnol des statistiques (INE). (Crédits : Reuters)

L'activité en Europe s'est maintenue en territoire positif ce premier trimestre 2022, à 0,4%, selon les chiffres d'Eurostat publiés ce vendredi. La croissance du Produit intérieur brut (PIB) a tout de même ralenti de 0,1 point par rapport aux trois mois précédents.

Du côté de la zone euro, la croissance du PIB s'est établi à 0,2%, soit là aussi -0,1 point par rapport au quatrième trimestre 2021, tandis que l'inflation a atteint un niveau record de 7,5% sur un an en avril pour les 19 pays partageant la monnaie unique.

Outre les conséquences persistantes de la pandémie de Covid-19 sur l'activité, notamment en raison du nouveau variant Omicron, « se sont ajoutés les effets provoqués par la crise internationale liée à l'invasion russe de l'Ukraine », a souligné l'Institut espagnol des statistiques (INE).

L'Allemagne, première économie européenne, a progressé de 0,2% au premier trimestre, échappant à une récession technique, après un recul du PIB de 0,3% en fin d'année. La France a stagné (0%) et l'Italie reculé (-0,2%).

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Le coup de frein a été très marqué en Espagne. Le pays fait mieux que ses voisins avec une croissance de son PIB à 0,3%. Mais c'est nettement inférieur à ses 2,2% du dernier trimestre de l'an dernier. La flambée des prix du gaz et de l'électricité dans ce pays a été particulièrement violente et s'est traduite par une forte baisse de la consommation des ménages.

Globalement, « l'économie de la zone euro a connu un trimestre agité, mais a réussi à maintenir une croissance légèrement positive, l'impact d'Omicron étant plus faible que prévu et la guerre en Ukraine ayant un impact croissant à partir de début mars », a résumé Bert Colijn, économiste pour la banque ING.

Selon lui, « les problèmes de chaîne d'approvisionnement ont repris en mars, entraînant des arrêts de production, ce qui a contribué au ralentissement », prévoyant déjà une contraction au deuxième trimestre et « des difficultés importantes » ces prochains mois.

Le FMI avait abaissé il y a dix jours sa prévision de croissance pour la zone euro, à 2,8% en 2022, contre 3,9% attendu jusque-là. La Commission européenne doit annoncer ses propres chiffres le 16 mai.

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Contraction attendue pour le deuxième trimestre

« Le PIB de la zone euro devrait se contracter au deuxième trimestre, car les retombées de la guerre en Ukraine et la flambée des prix de l'énergie pèsent de plus en plus sur les revenus des ménages et la confiance des consommateurs, tout en rendant la vie difficile aux industriels », estime aussi Andrew Kenningham, expert de Capital Economics.

Selon lui, les fabricants allemands seront « plus durement touchés » que ceux des autres pays européens, « mais la hausse des prix de l'énergie affectera toute la région, tout comme la baisse de la demande de produits à l'exportation et celle de la confiance des entreprises ».

Avec une inflation très supérieure à son objectif de 2%, la Banque centrale européenne (BCE) « n'aura pas d'autre choix que de s'attaquer en priorité à la stabilité des prix » en augmentant ses taux d'intérêt, au risque de freiner la croissance, souligne Andrew Kenningham.

La hausse des prix de 7,5% sur un an en avril est la plus élevée enregistrée par l'office européen des statistiques depuis le début de cet indicateur, en janvier 1997. Elle a battu chaque mois un nouveau record depuis novembre.

L'inflation est avant tout tirée par les tarifs de l'énergie (+38%) qui ralentissent toutefois légèrement par rapport aux 44% de progression atteints en mars. Mais la flambée des prix s'accélère dans les autres secteurs: alimentation (+6,4%), industrie (+3,8%) et services (+3,3%).

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Le spectre de la stagflation revient

Une croissance à plat couplé à une inflation : la combinaison de ces deux phénomènes réveille le spectre de la stagflation. Celle-ci intervient généralement après un choc qui affecte l'économie et entraîne des répercussions sur toute la chaîne de production, les prix et l'emploi.

Dans les années 1970, les chocs pétroliers, causés par la baisse de l'offre et l'augmentation du prix du pétrole, ont été à l'origine d'une période de stagflation, à laquelle les banques centrales ont immédiatement répondu par une politique monétaire restrictive en relevant les taux d'intérêt pour limiter l'inflation, faisant peser la facture sur les ménages.

Malgré une croissance de la zone euro qui a ralenti à 0,2% ce premier trimestre par rapport au trimestre précédent et une l'inflation qui reste à 7,5% sur un an, on ne peut pas encore parler de stagflation. Il faut notamment attendre que cette situation perdure « sur au moins plusieurs trimestres », assure Pierre Jaillet, chercheur à l'Institut européen Jacques-Delors.

Cette situation complique d'ailleurs la tâche de la Banque centrale européenne (BCE). Pour contrer l'inflation, elle peut augmenter son taux directeur. Mais un tour de vis monétaire renchérit le coût des emprunts pour les entreprises et les ménages, ce qui peut peser in fine sur la consommation et les investissements. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a ouvert mercredi la possibilité d'une première hausse des taux directeurs cet été, si l'inflation persiste à un niveau élevé. Dans le même élan, la BCE a déjà arrêté en mars le programme d'urgence destiné à soutenir l'économie pendant la crise provoquée par le Covid-19 et déclaré arrêter les achats nets d'actifs dès l'été.

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(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 30/04/2022 à 16:36
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Nickel pour tout ces tarés de Davos, le programme continu. D'abord le covid pure arnaque avec interdiction de soigner et pourtant aucun changement dans la mortalité, et le bouquet la guerre fabriquée via le non respect de l'accord de Maydan. Tout va ...

à écrit le 30/04/2022 à 9:39
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Et ces mecs aux salaires à 5 chiffres qui nous prévoyaient des croissances insolentes tandis qu'ils nous enfoncent dans une crise toujours plus profonde.

à écrit le 30/04/2022 à 8:55
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En parlant de pandémie : "Le printemps est arrivé, la couverture vaccinale de la population danoise est élevée, et l'épidémie s'est inversée. […] Le Conseil national de la santé (danois) met maintenant fin aux vastes efforts de vaccination contre ...

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