Et l'Europe a calé. Elle a marqué le pas, ironie du sort au château de Versailles dans la galerie des batailles, alors qu'elle avait été jusqu'ici étonnamment unie et très active sur le front ukrainien. Mais que pouvait-elle faire de plus au-delà des sanctions inédites à l'encontre de la Russie et de la solidarité vis-à-vis de l'Ukraine et des réfugiés, sinon la guerre ? Les Vingt-Sept n'ont donc pas voulu provoquer Vladimir Poutine en acceptant rapidement l'Ukraine dans l'Union européenne. Le président russe, qui a les mains libres pour envahir l'Ukraine sous les yeux et les télés du monde entier, a su très vite que personne n'irait mourir pour Kiev. Les Etats-Unis le lui ont d'ailleurs dit publiquement de façon surprenante au premier jour de l'attaque : pas de GI's en Ukraine.
"Soyons clair, il y a une guerre sur le terrain. Et nous ne sommes pas en guerre. Mais la réalité politique, le choix souverain, qui est le nôtre, est aussi celui-là. Et donc vous avez parfaitement le droit de dire que nous n'avons pas une réponse sur un théâtre de guerre, qui a été déclenchée par la Russie parce que nous ne sommes pas en guerre contre la Russie", a expliqué Emmanuel Macron à l'issue du Sommet de deux jours des Vingt-Sept à Versailles en réponse à une journaliste qui lui demandait si les Vingt-Sept étaient impuissants face à Vladimir Poutine.
Les Etats-Unis ont affirmé jeudi que l'Ukraine n'avait pas vraiment besoin d'avions de combat MiG-29 polonais pour contrer les attaques russes, mais ont envisagé de lui fournir davantage de systèmes de défense sol-air. "Les avions, ce n'est pas ce dont nos partenaires ukrainiens ont principalement besoin en ce moment", a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price devant la presse. Clairement, les Etats-Unis et les Vingt-Sept ne veulent pas donner à Vladimir Poutine des arguments de co-belligérance, ce qui entrainerait une nouvelle guerre mondiale (OTAN contre Russie). Cela vaut aussi pour la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine réclamé par Volodymyr Zelensky. Cette option a été catégoriquement exclue par les Etats-Unis comme l'Otan. Samedi, le maître du Kremlin avait prévenu qu'il considérerait une telle zone "comme une participation au conflit armé".
Quels freins pour Poutine ?
Les quatre freins qui se dressent face à Vladimir Poutine et son noir dessein sont la résistance héroïque des Ukrainiens et des Ukrainiennes habités par une force morale, que les experts avait sous-estimé. Ce frein est conjugué à la surprenante faiblesse de l'outil militaire russe, que les experts occidentaux avait en revanche surestimé. Le troisième est combien de temps durera l'acceptabilité raisonnable des mères russes au moment du retour des cercueils en Russie de leurs fils comme ce fût le cas pour le conflit en Afghanistan. Enfin, combien de temps la société russe, qui a développé tout au long de son histoire une résilience incroyable, va-t-elle endurer les pénuries générées par les sanctions internationales ainsi que la pénibilité d'une vie en temps de guerre.