Etats-Unis : l'inflation à son plus bas niveau depuis trois ans

Les prix à la consommation se sont établis à 2,4% en janvier, sur un an, soit moins que les 2,6% de décembre selon l'indice PCE publié ce jeudi. La Réserve fédérale américaine va se baser sur ces chiffres pour décider si elle va baisser ses taux directeurs dans les prochains mois.
Les prix entre décembre et janvier ont augmenté de 0,3% contre 0,1% entre novembre et décembre.
Les prix entre décembre et janvier ont augmenté de 0,3% contre 0,1% entre novembre et décembre. (Crédits : EDUARDO MUNOZ)

L'inflation « se rapproche de l'objectif » de 2% voulu par la Réserve fédérale américaine, a affirmé ce jeudi à l'AFP Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour High Frequency Economics. En effet, la hausse des prix à la consommation est tombée à 2,4% sur un an en janvier, contre 2,6% en décembre, selon l'indice PCE publié ce jeudi par le département du Commerce.

Elle s'est certes accélérée, à 0,3% contre 0,1% sur un mois, mais les analystes attendaient toutefois une hausse encore un peu forte, et tablaient sur +0,4%, selon le consensus de Market Watch.

Ce nouveau chiffre d'inflation est donc une bonne nouvelle pour l'économie américaine, et ce, alors qu'une autre mesure de l'inflation, l'indice CPI, publié deux semaines plus tôt, avait déçu, attestant d'un ralentissement moins fort que prévu, et restant supérieur à 3% (3,1%). C'est toutefois bien l'indice PCE qui est la mesure privilégiée par la banque centrale américaine (Fed) dans sa politique monétaire.

Lire aussiCroissance mondiale : le décrochage entre l'Europe et les Etats-Unis va s'accentuer en 2024

Le département du Commerce a également précisé ce jeudi que les revenus des ménages ont flambé en janvier, en hausse de 1% par rapport à décembre, tandis que leurs dépenses ont augmenté de 0,2% seulement, contre 0,7% en décembre, au moment des fêtes de fin d'année. « Dans l'ensemble, les données indiquent que l'économie continue de croître et que l'inflation recule progressivement », a ajouté Rubeela Farooqi.

L'inflation au centre de la question de la baisse des taux

Le chiffre de l'inflation de janvier pourrait donc inciter la Fed à baisser ses taux directeurs prochainement qui base sa politique monétaire sur l'objectif de retrouver les 2% d'inflation. Pour rappel, la gardienne du dollar a relevé ses taux directeurs de 0% début 2022 jusqu'à atteindre leur plus haut niveau depuis plus de 20 ans (5,25-5,50%) actuellement, dans l'optique de ralentir la demande.

En janvier, elle a néanmoins décidé de les maintenir à ce niveau, mais plusieurs de ses membres ont esquissé qu'ils anticipaient plusieurs baisses en 2024... en fonction de l'évolution de l'inflation. Lors de la réunion de décembre, les responsables de la Fed ont, en effet, annoncé qu'ils prévoyaient majoritairement trois ou quatre baisses l'année prochaine, pour les amener à 4,6% fin 2024. « Bien sûr, la question qui commence à faire jour est celle de savoir quand il sera opportun de réduire la politique monétaire restrictive », avait, de plus, indiqué le président de la Fed, Jerome Powell, ajoutant que cette question d'un calendrier avait été « un sujet de discussion » au cours de la réunion du Comité de janvier.

La Fed se veut patiente

Mais pour le moment, l'institution souhaite tout de même jouer la patience. Rubeela Farooqi avertit ainsi que « les responsables de la Fed resteront patients et attendront davantage de données confirmant que l'inflation évolue durablement vers son objectif ». Et pour cause, les économistes affirment qu'il faudra du temps pour que l'impact des hausses de taux se répercute sur l'économie réelle. Il faut environ six trimestres, soit un an et demi, pour que le plein effet se manifeste et fasse ralentir l'économie, selon Dan North, économiste pour Allianz Trade Amérique du Nord.

En attendant, « nous avons besoin de continuer à observer des données favorables avant de pouvoir entamer le processus de réduction du taux des fonds fédéraux », a déclaré le 14 février le vice-président de la Fed chargé de la régulation bancaire, Michael Barr, lors d'un discours devant les économistes du National Association of Business Economics (NABE) à Washington. « Ce serait une erreur de baisser les taux trop tôt ou trop rapidement sans preuve suffisante que l'inflation est sur une trajectoire durable et opportune pour revenir à 2% », avait également indiqué, début février, Loretta Mester, présidente de l'antenne de Cleveland de la banque centrale américaine.

L'inflation passe pour la première fois sous les 3% en France

En France, le seuil symbolique des 3% a été franchi. L'inflation a ralenti à +2,9% sur un an au mois de février, après +3,1% en janvier, selon les données provisoires communiquées par l'Institut national de la statistique (Insee) ce jeudi. La baisse de l'inflation sur un an, malgré la forte augmentation des prix sur le mois, est due notamment à « des effets de base », précise l'Insee, car les prix avaient fortement augmenté sur un mois en février 2023.

Ces derniers chiffres vont dans le sens des dernières prévisions du gouverneur de la Banque de France. François Villeroy de Galhau, indiquait, en effet, à La Tribune Dimanche le 28 janvier dernier, envisager que l'inflation revienne à 2% - l'objectif fixé par les banques centrales, notamment la BCE - d'ici à 2025 au plus tard. « Le point haut de l'inflation en France a été atteint en février 2023, à un peu plus de 7%. Elle est redescendue aujourd'hui autour de 4%. C'est encore trop élevé mais, selon nos prévisions, elle passerait sous les 3% avant la fin de ce premier semestre », avait-il prédit. Et d'ajouter qu'« à court terme, la désinflation entraînera une hausse en moyenne du pouvoir d'achat, car les prix augmenteront dorénavant moins vite que les salaires ».

(Avec AFP)

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.