Etats-Unis : l'inflation stagne au-dessus de 3%, l'incertitude grandit sur la perspective d'une baisse des taux

La hausse des prix outre-Atlantique a ralenti en janvier après 3,4% en décembre selon l'indice CPI, mais cale toujours au-dessus du seuil de 3% qui avait été franchi en novembre. Un dernier kilomètre pour atteindre l'objectif de 2% qui semble plus long que prévu et qui fait craindre un report de la date de première baisse des taux.
L'inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, reste stable à 3,9% sur un an.
L'inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, reste stable à 3,9% sur un an. (Crédits : Reuters Photographer)

Le dernier kilomètre est souvent le plus dur et cela semble se confirmer au sujet du ralentissement de l'inflation. La hausse des prix s'est, en effet, établie à 3,1% sur un an aux Etats-Unis en janvier, selon l'indice CPI publié ce mardi par le département du Travail. C'est certes mieux que les 3,4% de décembre, mais il ne s'agit qu'un d'un retour à son niveau de novembre et... un taux encore loin de l'objectif de 2% pointé par la Réserve fédérale américaine. D'ailleurs, le chiffre de janvier déçoit les analystes qui tablaient sur 2,9%, selon le consensus de Market Watch.

À noter, l'inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, reste stable à 3,9% sur un an. Aussi, sur un mois seulement, la hausse des prix est de 0,3%, un peu plus qu'en décembre (0,2%), tirée notamment par le logement. Les analystes attendent dorénavant l'indice PCE de l'inflation, mesure privilégiée par la Fed restée à 2,6% sur un an en décembre, mais qui est, hors alimentation et énergie, tombée à 2,9%, son plus bas niveau depuis près de trois ans.

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Vers un retardement de la baisse des taux directeurs

Reste que la déception des analystes sur l'IPC de janvier devrait aussi être partagée par la Réserve fédérale américaine qui attend de voir une inflexion plus forte de l'inflation pour commencer à baisser ses taux directeurs après les avoir relevé de 0% début 2022 à leur plus haut niveau depuis plus de 20 ans (5,25-5,50%) pour ralentir la demande.

En janvier, la Fed a décidé de maintenir ses taux inchangés lors de sa réunion de janvier, mais plusieurs de ses membres anticipent plusieurs baisses en 2024... en fonction de l'évolution de l'inflation. Et justement, avec les difficultés que connaît le pays à faire redescendre son inflation sous les 3%, la gardienne du dollar pourrait décider de patienter encore quelques trimestres de plus.

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Début février, une gouverneure de l'institution avait, en effet, jugé qu'il était encore trop tôt pour envisager un tel revirement. « Si les données continuent d'indiquer que l'inflation évolue durablement vers notre objectif de 2%, il deviendra alors approprié d'abaisser progressivement notre taux directeur pour éviter que la politique monétaire ne devienne trop restrictive. À mon avis, nous n'en sommes pas encore là », avait ainsi insisté Michelle Bowman, dans un discours. Elle avait notamment évoqué la situation géopolitique. Les conflits ayant un impact économique sont multiples, à commencer par les attaques des rebelles houthis yéménites en mer Rouge, réplique de la guerre entre Israël et le Hamas.

Outre une situation géopolitique instable, un revirement de politique monétaire trop brutal pourrait faire repartir les prix à la hausse. Raison de plus, donc, pour rester prudent, aux yeux de Michelle Bowman. Elle avait également mis en garde contre le « risque que les tensions persistantes sur le marché du travail conduisent à une inflation persistante et élevée des services ». En janvier, en effet, 353.000 emplois ont été créés aux Etats-Unis, deux fois plus qu'attendu. Le taux de chômage, lui, est resté stable à 3,7%.

Un point central pour la présidentielle 2024

Reste que les consommateurs sont « désormais assurés que l'inflation continuera de ralentir », et leur moral a bondi en janvier à son plus haut niveau depuis juillet 2021, selon l'estimation finale de l'Université du Michigan, publiée début février.

Une bonne nouvelle pour Joe Biden pour qui la question du pouvoir d'achat est centrale dans la course à l'élection présidentielle 2024. La flambée des prix a fortement réduit le pouvoir d'achat des ménages, tant pour les courses au supermarché, que pour se loger, ou pour remplir d'essence les réservoirs de leurs voitures, souvent indispensables.

Le président démocrate Joe Biden, candidat à sa réélection, met régulièrement en avant les vertus de sa politique économique, surnommée « Bidenomics », qui, selon lui, a permis à l'économie de rester solide et de privilégier les moins aisés, tout en faisant ralentir l'inflation. Il est cependant accusé de mener une politique inflationniste par l'ancien président Donald Trump, qui espère revenir à la Maison Blanche et est bien placé pour remporter l'investiture du parti républicain.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 14/02/2024 à 10:39
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Les politiciens ont beau tenter de philosopher au prisme des maux de société et les économistes "mainstream" au travers des chiffres, il n'en demeure pas moins que leur représentation du monde est ubuesque. Les uns faisant fi des "Esprits animaux" - ...

à écrit le 14/02/2024 à 3:58
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Excellente nouvelle, les taux d'intérêt ne baisseront pas rapidement ce qui est excellent pour la rémunération des liquidités 👍

à écrit le 13/02/2024 à 20:46
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Est-ce vraiment grave, une inflation à 3 % ? Ceci donne de la souplesse aux entreprises.

le 13/02/2024 à 21:14
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@Rene Monti - Ça donne surtout du grain à moudre aux banques et à la finance en général, car qui dit inflation dit taux élevés et il y a toujours des publics pour emprunter.

à écrit le 13/02/2024 à 18:37
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Eh oui, "le dernier kilomètre" est long, très long!😉

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