Etats-Unis  : baisser trop rapidement les taux « serait une erreur », selon un vice-président de la Fed

Michael Barr, le vice-présidents de la Fed chargé de la régulation bancaire a rejoint mercredi la cohorte de responsables de la banque centrale américaine souhaitant encore attendre des « données favorables » avant d'entamer un processus de baisse des taux.
Les responsables de la politique monétaire des Etats-Unis veulent être certains de la durabilité du ralentissement de l'inflation avant de lancer le mouvement de la baisse des taux.
Les responsables de la politique monétaire des Etats-Unis veulent être certains de la durabilité du ralentissement de l'inflation avant de lancer le mouvement de la baisse des taux. (Crédits : Jonathan Ernst)

Aux Etats-Unis, la baisse des taux, ce n'est pas pour tout de suite. Du moins pour certains responsables de la Réserve fédérale américaine. « Nous avons besoin de continuer à observer des données favorables avant de pouvoir entamer le processus de réduction du taux des fonds fédéraux », a déclaré mercredi le vice-président de la Fed chargé de la régulation bancaire, Michael Barr, lors d'un discours devant les économistes du National Association of Business Economics (NABE) à Washington.

« Ce serait une erreur de baisser les taux trop tôt ou trop rapidement sans preuve suffisante que l'inflation est sur une trajectoire durable et opportune pour revenir à 2% », avait déjà indiqué, début février, Loretta Mester, présidente de l'antenne de Cleveland de la banque centrale américaine.

Être certain de la durabilité du ralentissement de l'inflation

Les responsables de la politique monétaire des Etats-Unis veulent être certains de la durabilité du ralentissement de l'inflation avant de lancer le mouvement. Plusieurs d'entre eux ont martelé leur volonté de ne pas commencer trop tôt à abaisser les taux - ce qui pourrait provoquer un rebond de l'inflation. « Nous voulons nous assurer de ne pas réduire prématurément » les taux, a éclairé Michael Barr, mais, en même temps, « nous ne voulons pas attendre trop longtemps et finir par provoquer des fissures sur le marché du travail ».

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Il a ainsi fait état de « risques des deux côtés », entre lesquels la Fed va devoir naviguer pour entamer son assouplissement monétaire ni trop tôt, ni trop tard. « Les données suggèrent que nous sommes actuellement sur la bonne voie. Mais il est très tôt pour dire si nous aboutirons ou non à un atterrissage en douceur », c'est-à-dire à une baisse durable de l'inflation sans faire flamber le chômage ou même provoquer de récession. Le numéro deux de la Fed a ainsi dit soutenir « pleinement » ce que le président de la Fed, Jerome Powell, « appelé une approche prudente ».

Les taux élevés n'ont pas dégradé l'économie comme attendu

Un discours d'autant plus audible que les taux élevés n'ont pas dégradé l'économie comme attendu. Sans doute qu'ils étaient, auparavant, proches de zéro. En mars 2020, face au Covid, la Fed les avait en effet brusquement abaissés, et n'avait commencé à les relever que deux ans plus tard. Cela « a permis aux entreprises d'émettre de la dette à des taux d'intérêt très bas », détaille Dan North, économiste pour Allianz Trade Amérique du Nord  et, désormais, « les entreprises, dans l'ensemble, paient les intérêts les plus bas jamais enregistrés ». Les ménages, eux aussi, avaient pu profiter des taux d'intérêt exceptionnellement faibles des prêts immobiliers, avant qu'ils ne grimpent de nouveau.

Le retour à une inflation à 2% est semé d'embûches

Les économistes affirment qu'il faudra du temps pour que l'impact des hausses de taux se répercute sur l'économie réelle. Il faut environ six trimestres, soit un an et demi, pour que le plein effet se manifeste et fasse ralentir l'économie, selon Dan North. Les perspectives, cette année, restent toutefois positives, avec des réductions des taux d'intérêt à l'horizon et une inflation bien moins forte. Elle a notamment ralenti en janvier aux Etats-Unis, à 3,1% sur un an, selon l'indice CPI. Mais cela a déçu les analystes qui la voyaient tomber sous les 3%. Pour Michael Barr, ces chiffres rappellent « que le retour à une inflation de 2% pourrait être semé d'embûches », appelant à « agir avec prudence, comme nous l'avons fait ». Il a toutefois souligné que les responsables de la Fed sont « convaincus que nous sommes sur la voie d'une inflation de 2% ». La Fed privilégie une autre mesure de l'inflation, l'indice PCE, dont les données pour janvier seront publiées le 29 février, et qui était, en décembre, restée stable à 2,6% sur un an.

De son côté, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, interrogée fin janvier sur la chaîne américaine CNN, a déclaré qu'il existe un « large » accord au sein de l'organe pour que la prochaine décision « si nous avons le choix entre augmenter et réduire les taux, sera de les réduire ».

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 15/02/2024 à 12:44
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Mais oui, nous savons bien l'impasse - que même les données édulcorées (BLS) ne parviennent à camoufler - nous sommes d'ailleurs plusieurs depuis des mois et des mois à sonner le tocsin. Voilà ce que j'analyse et partage (ici) aussi depuis plusieurs ...

à écrit le 15/02/2024 à 8:51
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"baissAIT trop rapidement les taux" dans le titre... Ça pique!

le 15/02/2024 à 10:08
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@Al - "BaissER trop rapidement les taux " est correct🤣

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