Etats-Unis : la Fed durcit le ton, et anticipe une hausse de son taux supérieure à 5,1%

Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, a été auditionné ce mardi devant une commission au Sénat. Il a fait savoir que le principal taux directeur pourrait continuer son ascension au-delà de 5,1%, niveau auquel les responsables de l'institution le voyaient jusqu'à présent s'arrêter.
Jerome Powell« s'est montré très agressif, probablement plus qu'attendu par les observateurs », a relevé Peter Cardillo de Spartan Capital Securities.
Jerome Powell« s'est montré très agressif, probablement plus qu'attendu par les observateurs », a relevé Peter Cardillo de Spartan Capital Securities. (Crédits : ELIZABETH FRANTZ)

Le resserrement de la politique monétaire américaine ne semble pas près de s'arrêter. Devant une commission au Sénat, le président de la Fed, Jerome Powell, a en effet fait savoir que la hausse des taux se poursuivra, et ce, au-dessus des niveaux initialement anticipés, à 5,1%, par les responsables de la Réserve fédérale américaine.

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 « Les données économiques les plus récentes sont plus fortes que prévu, ce qui suggère que le niveau final des taux d'intérêt sera susceptible d'être plus élevé que prévu », a souligné le président de la Fed.

Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a enregistré une croissance de 2,1% pour l'ensemble de l'année 2022, a annoncé jeudi le département du Commerce. Le marché de l'emploi, quant à lui, reste solide, avec un taux de chômage à 3,5% en décembre, toujours l'un des plus bas des 50 dernières années.

Une inflation résistante

Après plusieurs très fortes hausses des taux, la Fed les avait relevés à un rythme plus lent. Le 1er février à l'issue de sa dernière réunion, elle avait même décidé de revenir au rythme habituel de hausse d'un quart de point de pourcentage, les taux se situant désormais dans la fourchette de 4,5 à 4,75%.

Malgré ces efforts, la consommation est restée solide. L'inflation est même repartie à la hausse en janvier, à 5,4% sur un an, selon l'indice PCE, privilégié par la Fed, et qu'elle veut ramener autour de 2%.

Ainsi, la vapeur pourrait de nouveau être inversée, a prévenu "Jay" Powell, « si la totalité des données devait indiquer qu'un resserrement plus rapide est justifié ».

« Bien que l'inflation se soit modérée ces derniers mois, le processus de réduction de l'inflation à 2% sera long et probablement cahoteux », a encore indiqué le responsable de la puissante Réserve fédérale américaine.

Une hausse de 50 de points de base anticipée par certains analystes

Ces déclarations ont affolé Wall Street, qui s'est soudainement enfoncée dans le rouge après ces déclarations. Vers 15H40 GMT, le Dow Jones reculait de 0,47%, le Nasdaq de 0,29% et le S&P 500 de 0,55%. Dans la foulée de ces propos, le taux de l'emprunt des Etats-Unis à 2 ans a bondi à son niveau le plus élevé depuis 2007, à 4,97%. Le taux à 10 ans s'est lui aussi tendu, repassant brièvement au-dessus du seuil des 4%.

Jerome Powell « s'est montré très agressif, probablement plus qu'attendu par les observateurs », a relevé Peter Cardillo de Spartan Capital Securities. Ses propos « suggèrent qu'on pourrait avoir une hausse de 50 points de base lors de sa prochaine réunion », a-t-il souligné.

Prochaine réunion le 21 mars

Les déclarations de Jerome Powell interviennent alors que l'un des gouverneurs de la Fed, Christopher Waller, avait indiqué jeudi dernier qu'il soutiendrait une hausse du taux directeur jusqu'à au-delà de 5,4% dans les mois à venir, si l'inflation ne ralentit pas plus rapidement, et que le marché du travail reste tendu. Il s'agirait du plus haut niveau depuis 2006.

Les responsables de la Fed avaient publié leurs dernières prévisions en décembre, et les actualiseront les 21 et 22 mars, lors de leur prochaine réunion. Si l'intention de la Fed de se montrer plus agressive sur les taux se confirme, le risque de récession, lui, reste d'augmenter, ce qui aurait un impact sur les bénéfices des entreprises.

(Avec AFP)

Le dollar s'envole après les propos de Jerome Powell

Vers 15H10 GMT (16H10 à Paris), le billet vert grimpait de 1,04% à 1,1904 dollar pour une livre, un niveau plus observé depuis début janvier, et de 0,76% à 1,0602 dollar pour un euro.

Commentaires 5
à écrit le 09/03/2023 à 5:55
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Ne commencez pas à vous réjouir d'une récession imminente outre-Atlantique. La BCE sera contrainte de suivre la hausse des taux, les facteurs d'inflation sont les mêmes en Europe, et l'histoire a montré que la situation sera inévitablement pire sur l...

à écrit le 08/03/2023 à 12:31
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Aux USA, les choses vont empirer rapidement car les taux à 2 ans sont supérieurs aux taux à 10 ans et cela depuis 2/3 mois, cette inversion de la courbe a toujours été synonyme de recession dans 6 à 18 mois après cette inversion.......Par ailleurs re...

à écrit le 08/03/2023 à 10:02
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Les marchés financiers et les entreprises n´ont pas dit leur mot: en augmentant massivement les licenciements (signaux déjà bien perceptibles) la variable emploi pourra contrecarrer la tendance à la hausse des taux d´intérêts prônée par la fed.

à écrit le 08/03/2023 à 6:53
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Le risque de recession, mais il est partout surtout aux usa, on regarde ailleurs et on fait semblant. 5% d'interet, c'est beaucoup surtout quand on sait que ce dernier va encore augmenter. Les investisseurs savent ce qu'ils vont faire dans un avenir ...

à écrit le 07/03/2023 à 19:42
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Ça ne va pas arranger (entre autres pays) les affaires de la Chine ???

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