La Fed ne baissera pas ses taux en 2023, les cambistes pensent le contraire

La banque centrale américaine a relevé ses taux d'un quart de point mercredi, lors de sa première réunion de l'année, un rythme ralenti par rapport aux hausses précédentes car, si l'inflation reste élevée, elle montre des signes de modération, de même que l'activité économique.
Jerome Powell
Jerome Powell (Crédits : Reuters)

La Fed ralentit le rythme. Après sept hausses des taux l'an dernier, la banque centrale américaine a relevé ses taux de 25 points de base mercredi, lors de sa première réunion de l'année. Un rythme moins fort par rapport aux hausses précédentes, en raison du ralentissement de l'inflation. Les taux au jour le jour, qui influent le coût de tous les autres crédits, se trouvent désormais dans une fourchette de 4,50 à 4,75%. Il y a encore un an, ils se trouvaient à zéro. Pour autant, la hausse des taux est loin d'être terminée. La Fed prévoit en effet « plusieurs hausses supplémentaires », a indiqué mercredi son président Jerome Powell et, a-t-il martelé, il n'y aura pas de baisse en 2023.

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Une annonce qui a permis à Wall Street de terminer dans le vert mercredi. Nerveux avant la décision monétaire, le Nasdaq, à forte coloration technologique, a grimpé de 2,00% et le S&P 500 de 1,05% tandis que le Dow Jones est revenu à la stabilité (+0,02%), selon des résultats provisoires à la clôture.

Cette hausse de 25 points de base marque un retour au rythme habituel, après des relèvements d'un demi-point et même de trois-quarts de points, du jamais-vu depuis près de 30 ans.

« Dans la mesure où nous partions de taux proches de zéro au printemps, il était nécessaire d'agir rapidement. (...) Il m'apparaît qu'il est désormais temps de ralentir le rythme, sans le stopper », avait prévenu, le 20 janvier, Christopher Waller, un gouverneur de la Fed.

L'inflation ralentit

Car les effets des hausses de taux ne sont pas immédiats, il leur faut des mois pour se faire pleinement sentir. Ces relèvements font à leur tour grimper les taux d'intérêt des crédits, que ce soient des prêts immobiliers, automobiles, ou encore à la consommation. Cela réduit le pouvoir d'achat des ménages, qui en achetant moins, ralentissent la demande et desserrent la pression sur les prix. Cela porte ses fruits : l'inflation semble avoir cessé sa folle escalade aux Etats-Unis. Elle est tombée en décembre à 5% sur un an contre 5,5% le mois précédent, selon l'indice PCE, privilégié par la Fed, C'est une bonne nouvelle, mais c'est toujours bien supérieur aux 2% que vise l'institution monétaire. Une autre mesure de l'inflation, l'indice CPI, sur laquelle sont indexées les retraites, a aussi montré un fort ralentissement en décembre, à 6,5% contre 7,1%.

Plusieurs experts tablent sur une stabilisation. Selon Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics, une dernière hausse d'un quart de point est attendue lors de la réunion suivante, les 21 et 22 mars, ce qui ferait culminer les taux à 4,75-5%, « avant que la politique ne se stabilise sur le reste de l'année ». Car la consommation est le moteur de l'économie américaine. Gare donc à ne pas la faire caler, et tomber dans la récession.

De leur côté, les cambistes (les professionnels qui achètent et vendent les devises) tablent, dans leur scénario central, sur un dernier relèvement de taux en mars, d'un quart de point encore, qui constituerait un pic de ce cycle. Même si Jerome Powell affirme qu'il n'y aura pas de baisse cette année, ils s'attendent aussi à au moins une baisse de taux, voire deux, au second semestre 2023. Pour Jerome Powell, cette divergence de vue « est largement due au fait que le marché anticipe que l'inflation va ralentir plus rapidement » que ne le prévoit la Fed.

« L'espoir d'un atterrissage en douceur subsiste, mais ses précédents résultats en la matière ne sont pas encourageants », explique Oren Klachkin, également économiste pour Oxford Economics. Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis a enregistré une croissance de 2,1% pour l'ensemble de l'année 2022, a annoncé jeudi le département du Commerce. Le marché de l'emploi, quant à lui, reste solide, avec un taux de chômage à 3,5% en décembre, toujours l'un des plus bas des 50 dernières années.

L'euro atteint brièvement 1,10 dollar, au plus haut en 10 mois

L'euro a brutalement progressé par rapport au dollar mercredi, atteignant brièvement le seuil symbolique de 1,10 dollar, son plus haut niveau depuis près de 10 mois, après l'annonce de la décision de la banque centrale américaine (Fed), qui a remonté son taux d'intérêt directeur d'un quart de point.

Le mouvement a eu lieu malgré les déclarations du président de la Fed, Jerome Powell, qui a dit prévoir « plusieurs hausses de taux supplémentaires » dans les mois à venir, signe que le resserrement monétaire devrait se poursuivre.

La monnaie unique est montée jusqu'à 1,1000 dollar pour un euro, une première depuis début avril 2022. Vers 20H35 GMT, elle s'affichait à 1,0996 dollar, en progression de 1,22%.

Durant son intervention, Jerome Powell a tenu un discours de fermeté, affirmant que « la tâche (n'était) pas terminée » dans la lutte contre l'inflation.

« Il serait très prématuré de déclarer victoire », a insisté le banquier central. Pour autant, les cambistes ont fait preuve de circonspection quant à l'ampleur du resserrement monétaire encore à venir. La réaction du marché obligataire a également traduit la vision des investisseurs. Le rendement des emprunts d'Etat américain à 2 ans, considéré comme reflétant mieux les anticipations de politique monétaire à moyen terme que le taux à 10 ans, a plongé à 4,12%, contre 4,20% mardi en clôture.

Commentaires 2
à écrit le 02/02/2023 à 12:36
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Powell est vraiment très malin en repassant la balle a Wall Street avec son différentiel de point de vue sur l’inflation.Ce que veut le marché,merci il le sait ! Ce que veut le consommateur américain il le sait aussi. Des intérêts beaucoup plus terr...

à écrit le 02/02/2023 à 11:32
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Non seulement la Fed ne rebaissera pas ses taux mais elle les remontera. Les actions et les obligations américaines se sont redressées alors que le dollar a chuté à la suite de la réunion du FOMC où la Fed a augmenté de 25 points de base comme prévu....

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