États-Unis : l'inflation reprend de la vigueur en janvier, après quatre mois de repli

L'inflation s'est montrée toujours très forte en janvier aux États-Unis, à 6,4%. Elle a moins ralenti qu'attendu comparé à l'an dernier et a même enregistré, par rapport au mois précédent, sa première accélération depuis quatre mois. Ce qui devrait convaincre la Banque centrale américaine de poursuivre le resserrement de sa politique monétaire.
Sur un mois seulement, l'inflation a de nouveau accéléré, pour la première fois depuis le mois de septembre. Elle a grimpé de 0,5%, contre 0,1% le mois dernier.
Sur un mois seulement, l'inflation a de nouveau accéléré, pour la première fois depuis le mois de septembre. Elle a grimpé de 0,5%, contre 0,1% le mois dernier. (Crédits : Kevin Lamarque)

Les prix à la consommation aux États-Unis ont augmenté de 6,4% sur un an, selon l'indice CPI publié ce mardi 14 février par le département du Travail, et sur lequel sont notamment indexées les retraites. C'est moins que les 6,5% de décembre, mais ce ralentissement est également moins fort qu'attendu. Les analystes tablaient en effet sur un niveau d'inflation à 6,2%, selon le consensus de MarketWatch. Il s'agit cependant de la plus faible progression depuis octobre 2021.

Selon Ryan Sweet, économiste pour Oxford Economics, le CPI « est plus fort que prévu », commente-t-il dans une note. « Il y a des risques que l'inflation soit plus élevée que prévu au premier semestre de cette année », a-t-il ainsi souligné. Et d'ajouter que l'inflation « devrait se modérer plus sensiblement au second semestre de cette année, alors que la désinflation des biens s'intensifie et que l'inflation des services culmine ».

Sur un mois seulement, l'inflation a de nouveau accéléré, pour la première fois depuis le mois de septembre. Elle a grimpé de 0,5%, contre 0,1% le mois dernier, selon des données révisées en hausse par rapport à la publication initiale.

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Des chiffres qui vont dans le sens de la Fed

Pour Rubeela Farooqi, économiste en chef pour HFE, « pour les membres de la Fed (ndlr : Réserve fédérale américaine), ce lent repli de l'inflation ne fait que justifier l'idée qu'il faut garder les taux plus élevés plus longtemps », a-t-elle indiqué. Le 1er février, à l'issue de sa première réunion de l'année, la Fed avait relevé ses taux d'un quart de point, les poussant dans la fourchette de 4,50% à 4,75%.

Ce, d'autant plus que la pénurie de main-d'œuvre, qui contraint les employeurs à augmenter les salaires pour attirer et conserver leurs employés, reste forte. « Les tensions persistantes sur le marché du travail exercent des pressions à la hausse sur l'inflation », a ainsi indiqué lundi matin une gouverneure de la Fed, Michelle Bowman. Le marché de l'emploi a affiché une santé éclatante en janvier, avec un taux de chômage tombé à 3,4%, soit plus bas qu'avant le Covid-19, et avec plus d'un demi-million d'emplois créés.

Ces chiffres devraient ainsi convaincre l'institution monétaire de la nécessité de continuer le resserrement de sa politique entreprise depuis plusieurs mois. La Fed devrait continuer à relever ses taux et les maintenir à un niveau élevé pendant un moment, d'après Michelle Bowman. « Je m'attends à ce que des hausses supplémentaires soient appropriées », a-t-elle déclaré. Cela pousse en retour les banques commerciales à octroyer des taux plus élevés pour les prêts, qu'ils soient immobiliers, automobiles ou encore à la consommation, décourageant ainsi les ménages d'acheter. Un processus qui doit in fine réduire la pression sur les prix.

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Un long chemin avant de redescendre à 2%

Un vent d'optimisme avait pourtant soufflé en décembre, lorsque l'inflation avait fortement ralenti et atteint son plus bas niveau pour 2022. Les acteurs du marché estimaient alors que ces données allaient permettre à la Fed de ralentir le rythme du relèvement de ses taux directeurs.

Si le président, Jerome Powell, a récemment prévenu que le processus de « désinflation a commencé », il a aussi précisé que la route pour ramener un niveau d'inflation à l'objectif de 2% s'annonce « longue, voire cahoteuse ». « C'est une bonne chose de voir le début d'une désinflation sans voir le marché du travail faiblir », a-t-il toutefois souligné la semaine dernière.

Il anticipe que « l'inflation ralentisse de façon significative en 2023 » mais que la hausse des prix ne reviendra dans la cible de 2% que « l'année d'après ».

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(Avec AFP)

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