
Mi-janvier, avec 31.400 milliards de dollars, le plafond américain de la dette était atteint. Depuis, le pays échappe au défaut de paiement, potentiellement dévastateur, à coups de mesures temporaires. Les Etats-Unis sont la seule grande économie développée dont le Congrès doit régulièrement relever le plafond d'endettement public autorisé.
Kevin McCarthy, le président républicain de la Chambre américaine des représentants, exige toujours que des coupes budgétaires soient décidées pour accompagner ce relèvement du plafond de la dette, ce que le président démocrate, Joe Biden, refuse. Ce dernier a reproché mercredi aux élus trumpistes de vouloir pousser l'Amérique au défaut de paiement s'il n'acceptait pas « leurs idées dérangées ». Il estime que le républicain propose « des coupes énormes à des programmes importants sur lesquels des millions d'Américains comptent ».
« Le risque s'accroît d'un face-à-face aux conséquences dommageables »
Kevin McCarthy lui a renvoyé la politesse le même jour, en jugeant dans un discours au Capitole que les démocrates n'avaient « pas le droit de jouer à des jeux politiciens avec le plafond de la dette ». Il a également fustigé le refus du président de négocier « depuis plus de 80 jours », après leur rencontre en février. « Les dépenses irréfléchies des démocrates ont déclenché l'inflation, une crise bancaire et bien d'autres problèmes », a-t-il accusé sur Twitter. « Les deux parties ne sont pas prêtes de trouver un accord », a estimé, dans une note, le cabinet Oxford Economics. « Le risque s'accroît d'un face-à-face aux conséquences dommageables ».
Interrogé dimanche sur Fox News, le « speaker » républicain a déclaré que la Chambre des représentants, où son parti est majoritaire, voterait « cette semaine » sur un projet de loi relevant le plafond de la dette et proposant des coupes budgétaires. Et d'ajouter : « Et nous l'adopterons et l'enverrons au Sénat », à majorité démocrate.
Un compromis a toujours été trouvé
Longtemps une formalité, ce vote a souvent été transformé en bras de fer par les républicains depuis la présidence de Barack Obama, mais un compromis a toujours été trouvé. Cela sera encore probablement le cas même si le coût de l'assurance pour se couvrir contre un défaut de paiement des Etats-Unis sur leur dette a grimpé vendredi à son plus haut niveau depuis 2011. Le prix du contrat de couverture à horizon de cinq ans, appelé CDS (credit default swap) est monté à 54,34 points de base (0,54 point de pourcentage), ce qui signifie qu'un investisseur doit verser, chaque année, 0,54% du montant de la dette américaine qu'il détient pour s'assurer contre un défaut.
Le précédent 2011
Rien n'est acquis. Ainsi, durant l'été 2011, les Etats-Unis sont passés à quelques heures d'un défaut, le président parvenant à un accord de dernière minute avec les républicains, qui prévoyait 900 milliards de dollars d'économies budgétaires en échange du relèvement. Même si le pays n'a jamais manqué à ses obligations de remboursement ou de versement d'intérêts, la déflagration a été telle que l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's a abaissé, pour la première fois, la note des Etats-Unis.
Au-delà des finances publiques, c'est évidemment aussi l'élection présidentielle de 2024 qui se joue, et la capacité de chaque camp à défendre sa vision économique et sociale. La Maison Blanche mise sur le bilan de Joe Biden, qui a passé de très lourds programmes d'investissement, et sur son image de président issu de la classe moyenne, pour trancher avec Donald Trump, milliardaire né dans un milieu privilégié.
Histoire d'accentuer encore le contraste, Joe Biden, qui ne s'est toujours pas lancé officiellement en campagne, a publié mardi sa déclaration fiscale, ce que son prédécesseur à la Maison Blanche, rompant avec les usages, a toujours refusé de faire.
(Avec AFP)
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