États-Unis : quelles marges de manœuvre budgétaires pour Biden en cas de basculement du Congrès ?

Les élections législatives de mardi 8 novembre aux États-Unis vont déterminer l'équilibre des pouvoirs au Congrès. Après une campagne acharnée centrée sur l'inflation, les républicains se montrent de plus en plus confiants dans leurs chances de priver Joe Biden de ses majorités au Parlement. Si ce scénario se confirme, quelles seront les marges de manœuvre du président américain en matière budgétaire jusqu'à la fin de son mandat ? Faut-il s’attendre à une évolution de la politique de la banque centrale américaine, la Fed, qui tente de lutter contre l'inflation ? Éléments de réponse avec Gilles Moec, chef économiste du Groupe AXA et responsable de la recherche d’AXA IM.
Les élections législatives de mardi 8 novembre aux États-Unis vont déterminer l'équilibre des pouvoirs au Congrès.
Les élections législatives de mardi 8 novembre aux États-Unis vont déterminer l'équilibre des pouvoirs au Congrès. (Crédits : Reuters)

Le résultat des élections législatives de mi-mandat mardi aux États-Unis va déterminer les marges de manœuvre politique de Joe Biden pour les deux ans à venir. Sur fond de mécontentement croissant de la population face à la hausse des prix, les observateurs de la vie politique américaine s'attendent à ce que le camp démocrate au pouvoir soit privé de ses majorités au Parlement. Les Républicains sont bien partis pour reprendre le contrôle de la Chambre des représentants, renouvelée entièrement, voire du Sénat, renouvelé au tiers.

Si le président démocrate perd sa majorité, qu'est-ce qui va changer sur le plan de la politique économique et monétaire ? Alors que la banque centrale américaine (Fed) opère depuis plusieurs mois un durcissement monétaire, en relevant progressivement ses taux afin de juguler la forte inflation sur fond de menace de récession, faut-il s'attendre à un changement de stratégie ? Quelles seraient les conséquences sur le budget américain ? Éléments de réponse avec Gilles Moec, chef économiste du groupe Axa et responsable de la recherche d'Axa IM.

Si Joe Biden perd sa majorité au Congrès, qu'est-ce que ça va changer ?

« Le consensus est de penser qu'un gouvernement divisé entre la Maison Blanche et le Congrès va conduire à davantage d'impasses politiques et à un ralentissement des programmes du président Joe Biden », selon Art Hogan, analyste chez B. Riley Wealth Management, cité par l'AFP.

Mais finalement, ça ne va pas forcément grand-chose. Car, durant les deux premières années de son mandat, Joe Biden a pu, avec l'appui des deux chambres du Congrès contrôlées par les démocrates depuis 2020, mettre en œuvre certaines de ses promesses de campagne, en matière de développement des énergies renouvelables, de lutte contre la pandémie de Covid-19, ou de plan de rénovation des infrastructures défaillantes du pays. En cas de défaite des démocrates à l'occasion de ces élections de mi-mandat, « une "paralysie" de l'initiative de la Maison-Blanche dans le domaine économique dans les deux ans qui viennent ne changerait donc pas grand-chose parce que Joe Biden a un peu épuisé son programme législatif en matière strictement budgétaire », estime Gilles Moec, chef économiste du groupe Axa et responsable de la recherche d'Axa IM.

Cette potentielle "paralysie" budgétaire est-elle une bonne chose ?

Pour les marchés, cette potentielle "paralysie" budgétaire serait plutôt une relative bonne nouvelle, dans les prochains mois. Historiquement, Wall Street a montré une préférence pour un Congrès et une Maison Blanche divisés, car cela bloque l'exécution de lois qui pourraient être défavorables au marché. « L'activisme budgétaire assez effréné de Joe Biden au début de son mandat, qui est venue s'ajouter au stimulus Trump qui était déjà très significatif, a très certainement contribué à l'accélération de l'inflation depuis déjà plus d'un an aux Etats-Unis », estime Gilles Moec. « Une paralysie budgétaire, une politique budgétaire neutre, pas d'austérité ni de mesure de stimulus, c'est probablement ce dont l'économie américaine a besoin en ce moment », ajoute-t-il.

La Fed peut-elle changer de stratégie en cas de changement de majorité ?

En cas de défaite du camp démocrate, la stratégie de la banque centrale américaine ne devrait pas non plus radicalement changer. Pour juguler l'inflation aux Etats-Unis, début novembre, la Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé de 0,75 point de pourcentage son taux directeur, désormais situé entre 3,75 et 4%. « La trajectoire finale resterait la même. On irait probablement vers un taux directeur qui arriverait jusqu'à 5% », estime Gilles Moëc. « On ne peut pas imaginer d'activisme budgétaire fort dans les mois qui viennent qui viendrait contrecarrer ce que la Fed est en train d'essayer de faire pour faire atterrir l'inflation.»

Toutefois, la Fed pourrait reconsidérer la vitesse de durcissement de sa politique monétaire en cas de "shutdown", ce risque de blocage d'une partie du gouvernement fédéral, en cas de désaccord sur le budget. En effet, faute de vote sur le budget au Congrès, l'administration américaine est partiellement fermée. Une procédure classique aux Etats-Unis. « En cas de stress autour du shutdown, la Fed pourrait être amenée à ralentir encore plus son rythme de durcissement », estime Gilles Moëc. D'après lui, pour éviter ce scénario, Joe Biden pourrait alors profiter de la période de transition, tant que les démocrates ont encore la majorité (la passation effective se fait début 2023) « pour faire voter une résolution afin de continuer à financer les dépenses ordinaires du gouvernement pendant plus longtemps

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