La Fed ne va pas baisser la garde contre l'inflation et va continuer à relever ses taux

La Banque centrale américaine (Fed) est déterminée à continuer à relever ses taux et maintenir une politique monétaire restrictive jusqu'à ce que l'inflation connaisse un ralentissement durable pour atteindre 2% d'inflation en rythme annuel. Une position soutenue par le FMI mais contestée par l'ONU qui pointe le risque d'une récession.
Le taux directeur de la Fed, qui était compris dans la fourchette de 0,00 à 0,25% jusqu'en mars, s'inscrit désormais entre 3,00 et 3,25%.
Le taux directeur de la Fed, qui était compris dans la fourchette de 0,00 à 0,25% jusqu'en mars, s'inscrit désormais entre 3,00 et 3,25%. (Crédits : LEAH MILLIS)

 La banque centrale américaine ne baisse pas la garde dans son combat contre l'inflation : « Le rétablissement de la stabilité des prix nécessitera probablement des hausses de taux continues, puis le maintien d'une politique restrictive pendant un certain temps jusqu'à ce que nous soyons convaincus que l'inflation est fermement sur la voie de notre objectif de 2% », a déclaré Lisa Cook, l'un des gouverneurs, qui prononçait son premier discours depuis sa prise de fonctions en mai. « L'inflation est trop élevée, il faut qu'elle diminue, et nous continuerons jusqu'à ce que le travail soit fait », a-t-elle martelé, lors de cette prise de parole au Peterson Institute of International Economics (PIIE), à Washington. Lisa Cook, première femme noire à occuper un poste de gouverneure à la Réserve fédérale américaine, en est persuadée : « La politique doit rester centrée sur le rétablissement de la stabilité des prix, qui jettera également les bases d'un marché du travail solide et durable ». Le taux de chômage de septembre sera publié ce vendredi. Il est attendu stable, à 3,7%.

Pour un autre gouverneur, Christopher Waller, « il reste encore beaucoup à faire pour réduire l'inflation de manière significative et durable ». Il prévoit « de nouvelles hausses de taux au début de l'année prochaine » et s'attend par ailleurs à des discussions sérieuses « sur le rythme du resserrement lors de notre prochaine réunion », les 1er et 2 novembre. « La politique monétaire peut et doit être utilisée de façon agressive pour faire baisser l'inflation », a-t-il lancé, lors d'un discours à l'Université du Kentucky avant d'enfoncer le clou : « J'ai lu récemment des spéculations selon lesquelles les problèmes de stabilité financière pourraient éventuellement conduire le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) à ralentir les hausses de taux ou à les arrêter plus tôt que prévu. Permettez-moi de préciser que ce n'est pas quelque chose que j'envisage ni qui me semble être un développement probable. »

Aux Etats-Unis, l'inflation a ralenti à 6,2% en août sur un an, selon l'indice PCE, privilégié par la Fed. Sur un mois, cependant, les prix sont repartis à la hausse, de 0,3%, sur un mois, après avoir reculé de 0,1% en juillet. La Fed cible 2% d'inflation en rythme annuel. Pour atteindre cet objectif, elle relève progressivement son principal taux directeur depuis le mois de mars afin de ralentir l'économie. Le taux directeur de la Fed, qui était compris dans la fourchette de 0,00 à 0,25% jusqu'en mars, s'inscrit désormais entre 3,00 et 3,25%. Face à la persistance de la forte inflation, la Réserve fédérale a eu recours à des relèvements beaucoup plus rapides qu'habituellement, d'un demi-point de pourcentage et même de trois quarts de point, au lieu de l'habituel quart de point.

Même fermeté du côté du FMI

Kristalina Georgieva, directrice générale du Fond monétaire international (FMI) ne pourra qu'approuver cette fermeté. Dans un entretien accordé à l'AFP, elle estime que le risque est que les banques centrales « n'en fassent pas assez, pas qu'elles en fassent trop » face à l'inflation qui « reste têtue et persistante ». Elle reconnait que la réduction de l'inflation « ne sera pas facile et ne sera pas indolore », rejoignant en ce sens l'avertissement lancé par le président de la Fed, Jerome Powell avant d'imager ses propos : « Si vous conduisez une voiture en appuyant sur le frein de la politique monétaire et en même temps l'accélérateur de la politique budgétaire, ça ne se passe pas bien. » La patronne du FMI a déjà pris position en faveur de la lutte contre l'inflation menée par les banques centrales, jugeant en particulier mardi que la Banque d'Angleterre avait réagi « rapidement et de manière très appropriée » après la réactions des marchés à l'annonce, le 23 septembre dernier, d'un mini-budget intégrant d'importantes baisses d'impôts. Son message aux Etats : « Agissez tôt. Venez nous voir pour des enveloppes de précaution qui vous permettront de renforcer votre position dans cette période très difficile et pour soutenir votre économie contre les risques à venir ».

L'ONU veut éviter une récession

Une position que ne soutient pas la Cnuced. L'agence de l'ONU chargée du commerce et du développement a appelé lundi les banques centrales à rapidement desserrer l'étau monétaire afin d'éviter une récession planétaire. Selon elle, la hausse rapide des taux d'intérêt et le resserrement budgétaire dans les économies avancées, combinés aux crises multiples résultant de la pandémie de Covid et de la guerre en Ukraine, « ont déjà transformé la faible croissance mondiale en un ralentissement marqué».

Lire aussiHausse des taux: l'ONU alerte sur les risques de récession mondiale, le FMI n'est pas d'accord

Lire aussiPour ou contre : fallait-il remonter les taux directeurs face à l'inflation ? (Stéphanie Villers face à Joseph Leddet)

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.