Fed : une baisse des taux est encore prématurée, estime une gouverneure

Après avoir relevé ses taux à 11 reprises pour juguler la flambée de l'inflation, la Fed anticipe plusieurs baisses en 2024. Le calendrier reste toutefois très incertain, tant les dirigeants de la banque centrale américaine restent prudents.
« Un certain nombre de risques subsistent », susceptibles de faire grimper l'inflation de nouveau, a ainsi souligné Michelle Bowman (Photo d'illustration).
« Un certain nombre de risques subsistent », susceptibles de faire grimper l'inflation de nouveau, a ainsi souligné Michelle Bowman (Photo d'illustration). (Crédits : JOSHUA ROBERTS)

A quelle échéance la banque centrale américaine entamera-t-elle un desserrement de sa politique monétaire ? Si la Fed a maintenu mercredi dernier son principal taux directeur dans la fourchette de 5,25-5,50%, à l'issue de sa réunion de politique monétaire, la perspective d'une baisse ne paraît pas imminente. Vendredi, une gouverneure de l'institution a jugé qu'il était encore trop tôt pour envisager un tel revirement.

« Si les données continuent d'indiquer que l'inflation évolue durablement vers notre objectif de 2%, il deviendra alors approprié d'abaisser progressivement notre taux directeur pour éviter que la politique monétaire ne devienne trop restrictive. À mon avis, nous n'en sommes pas encore là », a insisté Michelle Bowman, dans un discours.

Après avoir relevé ses taux à 11 reprises face à la forte inflation - consécutive à la reprise post-crise sanitaire et à la guerre en Ukraine -, la Fed anticipe plusieurs baisses en 2024. Elle a toutefois temporisé quant au démarrage de ce mouvement, jugeant nécessaire pour cela d'être certaine que l'inflation revient durablement à un niveau acceptable.

« Un certain nombre de risques subsistent », susceptibles de faire grimper l'inflation de nouveau, a ainsi souligné Michelle Bowman.

« L'économie américaine est la plus forte du monde »

Elle a évoqué la situation géopolitique. Force est de constater que les conflits ayant un impact économique sont multiples, à commencer par les attaques des rebelles houthis yéménites en mer Rouge, réplique de la guerre entre Israël et le Hamas.

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Outre une situation géopolitique instable, un revirement de politique monétaire trop brutal pourrait faire repartir les prix à la hausse. Raison de plus, donc, pour rester prudent, aux yeux de Michelle Bowman. Elle a également mis en garde contre le « risque que les tensions persistantes sur le marché du travail conduisent à une inflation persistante et élevée des services ».

En janvier, en effet, 353.000 emplois ont été créés aux Etats-Unis, deux fois plus qu'attendu. Le taux de chômage, lui, est resté stable à 3,7%. « L'économie américaine est la plus forte du monde », a même clamé Joe Biden, qui brigue un second mandat à la Maison Blanche.

Des bonnes nouvelles à nuancer

Une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, les consommateurs, qui ont longtemps reproché au président démocrate la flambée des prix, sont « désormais assurés que l'inflation continuera de ralentir », et leur moral a bondi en janvier à son plus haut niveau depuis juillet 2021, selon l'estimation finale de l'Université du Michigan, également publiée vendredi.

L'indice PCE de l'inflation, mesure privilégiée par la Fed et qu'elle veut ramener à 2%, est resté à 2,6% sur un an en décembre, mais, hors alimentation et énergie, est tombée à 2,9%, son plus bas niveau depuis près de trois ans.

Elle est même inférieure à l'objectif de 2% en évolution sur trois et six mois en rythme annualisé, c'est-à-dire si le rythme observé sur ces périodes était projeté sur une année complète.

« Bien que l'orientation actuelle de la politique monétaire semble suffisamment restrictive pour ramener l'inflation à 2%, je reste disposée à relever les taux lors d'une prochaine réunion si les données indiquent que les progrès en matière d'inflation sont au point mort ou inversés », a toutefois anticipé Michelle Bowman.

Le marché du travail en mauvaise posture ?

Sur le front du marché du travail, « des indicateurs de faiblesse préoccupants » ont d'ores et déjà été observés, appuie Julia Pollak, cheffe économiste pour le site d'annonces d'emplois ZipRecruiter. Elle relève notamment que « la durée hebdomadaire moyenne du travail, est tombée à son niveau le plus bas depuis la récession » de 2020, liée à la crise du Covid-19, et, avant cela, depuis 2010.

Il s'agit selon elle d'un « signal d'alarme » avertissant que « des suppressions d'emplois pourraient être imminentes », car « les entreprises réduisent généralement les heures de travail avant de réduire la masse salariale ».

D'ores et déjà, janvier a vu de multiples annonces de licenciement, comme au Los Angeles Times qui s'est séparé de plus d'un cinquième de sa rédaction, ou encore dans le groupe de messagerie et de livraison de colis UPS qui a annoncé la suppression de 12.000 emplois sur les 500.000 de l'entreprise.

Coup d'envoi de la course à la Maison Blanche

La réduction des coûts est le « principal moteur » des licenciements, selon Andrew Challenger, vice-président du cabinet de consultants Challenger, Gray & Christmas, qui a publié jeudi dernier une enquête sur le sujet.

Il y a aussi, souligne-t-il, « des tendances économiques plus larges et une évolution stratégique vers une automatisation accrue et l'adoption de l'intelligence artificielle dans divers secteurs », tandis que l'approche de l'élection pousse les entreprises à anticiper « d'éventuels changements politiques susceptibles d'avoir un impact sur leurs secteurs ».

De quoi mettre du sel dans la course à la Maison Blanche. La campagne électorale pour la présidentielle de novembre a d'ores et déjà été lancée. Le principal concurrent de Joe Biden côté républicain est l'ancien président Donald Trump, qui vante régulièrement la santé vigoureuse de l'économie américaine lorsque lui-même était à la Maison Blanche.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 03/02/2024 à 9:54
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Vu la quantité de bave bileuse qui sort de la bouche de ceux qui possèdent et détruisent le monde en ronflant n'attendant que cette baisse, c'est plus prudent, ce qui est bon pour eux ne l'est pas pour nous, la preuve.

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