Existe-t-il une solution à la crise du pain en Tunisie ?

Un accord pour réapprovisionner en farine le circuit des boulangeries non étatiques tunisiennes a été trouvé, ce qui constitue un début de solution face à une pénurie de pain à bas prix qui s'était aggravée ces deux dernières semaines.
(Crédits : Hani Amara)

Selon plusieurs économistes, la pénurie de pain provient d'un manque de céréales, la Tunisie ne parvenant pas à en acheter suffisamment sur le marché international en raison de son endettement et du manque de liquidités.

Ces difficultés ont été accentuées par une sécheresse inédite au printemps qui a décimé les récoltes de blé, ce qui va obliger l'État à importer 100% de ses besoins en blé tendre dans les prochains mois (80% en temps normal). La crise du blé entre l'Ukraine et la Russie aggrave la situation.

 La fameuse « baguette subventionnée »

Il existe deux circuits pour le pain en Tunisie: le premier, formé de 3.737 magasins, bénéficie de farine subventionnée fournie par l'Etat, le deuxième est celui des 1.500 à 2.000 "boulangeries modernes" qui avaient droit depuis une dizaine d'années et jusqu'à début août, à un quota limité de ce type de farine.

Après un sit-in de protestation le 7 août qui faisait suite à l'adoption le 1er août d'un décret privant les "boulangeries modernes" de la farine subventionnée pour la dévier vers les semi-étatiques, celles-ci ne recevaient plus aucune farine ni semoule de l'Etat, qui centralise tous les approvisionnements de base.

Quelque « 90% des 1.443 affiliés » du groupement, employant près de 20.000 salariés, avaient dû fermer leurs portes, selon Salem Badri, président de l'antenne régionale de Sfax, entraînant un allongement des files d'attente devant les boulangeries semi-étatiques, devenues les seules à vendre la fameuse « baguette subventionnée » à 190 millimes (6 centimes d'euros).

« Il a été décidé de reprendre l'approvisionnement des boulangeries non subventionnées en farine et semoule à compter du 19 août » à la suite de leur engagement à « respecter les lois relatives à la production et à la vente du pain », a indiqué le ministère du Commerce.

Le ministère du Commerce va aussi procéder à une remise à plat du système de production et distribution du pain. À côté du pain subventionné, les boulangeries modernes vendent d'autres types de pain et des pâtisseries.

Sit-in annulé

Après cette décision, M. Badri a annoncé l'annulation d'un sit-in prévu lundi devant le ministère du Commerce à Tunis.

Des discussions vont aussi reprendre pour permettre aux boulangeries modernes de recommencer la production de pain subventionné, mais sur « la base des critères fixés par le président Kais Saied », selon lui.

Fin juillet, M. Saied avait préconisé « un pain unique pour les Tunisiens », déplorant de la spéculation et l'existence d'un « pain pour les riches » et un « pain pour les pauvres ».

Le sujet est très sensible dans un pays qui a connu de violentes émeutes du pain qui avaient fait 150 morts en 1983 et 1984.

Le président, qui détient tous les pouvoirs depuis son coup de force de l'été 2021, a limogé la semaine passée le directeur de l'Office des céréales, et le président de la fédération des boulangeries subventionnées a été arrêté pour spéculation. Certaines sont soupçonnées d'avoir vendu sous le manteau leur farine à bas prix aux boulangeries modernes.

 (avec Reuters)

Commentaire 1
à écrit le 20/08/2023 à 17:38
Signaler
La Tunisie est en train de terminer sa transition démographique, fatalement, c'est un peu douloureux. A voir dans les vingt a suivre, comment tout cela va évoluer

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.