Face aux attaques russes, le cri d’alarme d’un général ukrainien

Les récentes frappes massives russes contre des grandes villes ukrainiennes visent, selon les experts, à épuiser la population et la défense antiaérienne de l'Ukraine, qui a une nouvelle fois réclamé plus d'armes à ses alliés occidentaux, des « « systèmes de défense antiaérienne supplémentaires, des drones de combat et des missiles d'une portée de plus de 300 kilomètres ».
L'Ukraine affirme avoir abattu lors des dernières attaques russes 10 missiles hypersoniques Kinjal, pourtant présentés comme « invincibles » par le Kremlin.
L'Ukraine affirme avoir abattu lors des dernières attaques russes 10 missiles hypersoniques Kinjal, pourtant présentés comme « invincibles » par le Kremlin. (Crédits : STRINGER)

L'Ukraine demande de l'aide à ses alliés occidentaux sous peine de plus pouvoir contrer avec efficacité les attaques russes qui s'intensifient en ce début d'année. Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la Russie a tiré près de 300 missiles et plus de 200 drones explosifs Shahed, dans deux attaques, le 29 décembre et dans la nuit du 1er au 2 janvier, qui ont provoqué la mort d'une cinquantaine de personnes.

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Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, réclame l'accélération des livraisons occidentales de « systèmes de défense antiaérienne supplémentaires, de drones de combat » et de « missiles d'une portée de plus de 300 kilomètres ». Un message relayé par la Pologne, qui a appelé mercredi à équiper l'Ukraine de missiles de longue portée pour répliquer aux attaques russes. Kiev attend aussi les avions de combat F-16 promis par plusieurs pays européens, qui peuvent participer à la défense antiaérienne avec des missiles air-air.

« Dans la situation actuelle, en ce qui concerne les systèmes mobiles de défense antiaérienne, les munitions sont suffisantes pour résister aux prochaines puissantes attaques », souligne le général Serguiï Naïev, le commandant des forces conjointes ukrainiennes, interrogé mercredi par l'AFP au cours d'une réunion avec d'autres militaires près de Kiev. « Mais à moyen et long termes, nous avons bien sûr besoin de l'aide des pays occidentaux pour reconstituer le stock de missiles » ajoute celui qui a sous sa charge ces unités chargées notamment de défendre le ciel de la capitale.

L'Ukraine affirme avoir abattu lors des dernières attaques russes 10 missiles hypersoniques Kinjal, pourtant présentés comme « invincibles » par le Kremlin. Le général Naïev a remis des médailles aux soldats protégeant le ciel, se félicitant d'un « taux d'efficacité d'environ 90% » au cours de l'attaque aérienne russe de mardi. « Aucun autre système de défense antiaérienne au monde n'est capable d'afficher de tels résultats, surtout lorsqu'il s'agit de combattre la Russie », estime-t-il, promettant « l'amélioration de l'efficacité du système de défense antiaérienne, nous y travaillons 24 heures sur 24, sept jours sur sept ».

Par ailleurs, très attendus, les F-16 promis par les Pays-Bas devraient arriver prochainement sur le sol ukranien. Fin décembre, le gouvernement néerlandais a, en effet, annoncé que son pays allait livrer ses 18 « premiers » avions de combat de fabrication américaine F-16 à l'Ukraine, sans pour autant donner la date de livraison des appareils. De plus, l'aide débloquée en fin d'année par les Etats-Unis, 250 millions de dollars, comprend notamment des munitions pour les systèmes de défense aérienne et pour des armes antichars. Mais les négociations patinent toujours entre parlementaires américains sur la validation de l'enveloppe globale de 61 milliards réclamée avec insistance par le président.

Moscou a engagé une course contre la montre à l'armement

Pour sa part, l'un des premiers objectifs du Kremlin, explique Mick Ryan, chercheur associé au CSIS (Center for strategic and international studies), est de « tester » la défense antiaérienne ukrainienne, qui est montée en puissance grâce au système américain Patriot ou encore à son équivalent franco-italien SAMP/T MAMBA.Moscou cherche à engager une course contre la montre en espérant que « l'Ukraine sera à court d'intercepteurs avant que la Russie ne soit à court de missiles et de drones », relève ce général australien à la retraite sur X (ex-Twitter).

Les Russes « essaient maintenant d'attaquer le complexe militaro-industriel, des entreprises, pas des infrastructures énergétiques (contrairement à l'hiver dernier, NDLR), mais la production d'armes », ajoute l'analyste militaire Mykola Bielieskov, de l'Institut ukrainien pour les études stratégiques. Pour atteindre ces cibles, « le séquençage et le panachage des projectiles russes ont changé, ils sont devenus plus complexes », éclaire Stéphane Audrand, consultant français en risques internationaux. Le commandant en chef de l'armée ukrainienne a ainsi décrit sur Telegram la panoplie de projectiles utilisée par les Russes au cours de l'attaque des 1er-2 janvier : drones, missiles de croisière modernes, d'autres plus anciens et missiles balistiques.

Miner le moral de la population ukrainienne et culpabiliser les Occidentaux

L'objectif des frappes russes est également, comme depuis le début de la guerre en février 2022, de miner le moral de la population. « Les "victoires" russes sur le terrain sont locales et sont atteintes à un prix humain exorbitant. Poutine essaie donc à nouveau cet autre levier de pression », analyse Tatiana Kastouéva-Jean, de l'Institut français de relations internationales. « "Je ne lâcherai pas, je suis prêt à tout, vous allez souffrir sans répit et mourir si vous ne vous pliez pas à mes conditions", tel est son message », explique-t-elle, interrogée par l'AFP. Le président russe s'adresse aussi aux Occidentaux, en voulant prouver que « le soutien à l'Ukraine ne fait que prolonger les souffrances de la population et fait de l'Ukraine un gouffre financier, où les infrastructures chères à reconstruire peuvent être frappées encore et encore », selon elle.

Ces attaques prennent enfin une dimension de représailles, estime Tatiana Stanovaya, la fondatrice de R. Politik, un centre d'analyse de la politique russe. Après les frappes ukrainiennes sur la ville russe de Belgorod qui ont fait 25 morts le 30 décembre, Vladimir Poutine a envoyé le message suivant : « L'Ukraine ne peut pas nous attaquer sans conséquences ».

Russie et Ukraine ont échangé plus de 230 prisonniers de guerre

La Russie et l'Ukraine ont annoncé mercredi avoir échangé plus de 230 prisonniers de guerre, une première officiellement depuis plusieurs mois. « À l'issue d'un processus de négociation complexe, 248 militaires russes ont été rapatriés du territoire contrôlé par le régime de Kiev », s'est réjoui le ministère russe de la Défense dans un communiqué sur Telegram. « Plus de 200 de nos soldats et civils sont revenus de captivité chez les Russes », a de son côté Volodymyr Zelensky. Selon le commissaire ukrainien aux droits humains, Dmytro Loubinets, exactement 230 militaires ukrainiens ont été échangés au cours de ce « 49e échange » entre Kiev et Moscou depuis le début de l'assaut russe en février 2022. Au total depuis le 24 février 2022, « 2.828 défenseurs (ukrainiens) sont rentrés chez eux ! », a affirmé le commissaire. Selon les médias ukrainiens, le précédent échange de prisonniers de guerre remontait à août dernier. D'après Kiev et Moscou, l'échange a été rendu possible par une médiation des Émirats arabes unis, un partenaire important de la Russie dans plusieurs dossiers humanitaires, économiques et énergétiques.

(Avec AFP)

Commentaires 13
à écrit le 04/01/2024 à 20:21
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Les russes envoient des drones iranien à EUR 10'000 et les Ukrainiens les abattent avec des missiles "donnés" par les occidentaux au prix de EUR 500'000 ou plus. Il est évident que cela ne va pas durer très longtemps.

le 05/01/2024 à 4:11
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@Plus d'armes: Les Ukrainiens ne sont pas dupes. Les drones iraniens sont abattus en grande partie par des missiles légères et des canons/mitrailleuses anti-aériens, il y a un système dédié à leur détection précoce et la communication avec des unités...

à écrit le 04/01/2024 à 19:47
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a). Le général parle de systèmes mobiles, donc, des missiles anti-aériens +/- légères. Mais évidemment, il faut donner le nécessaire. b). Les vagues d'attaques de cette ampleur ne peuvent pas être trop fréquentes. La Russie a envoyé des missiles et d...

à écrit le 04/01/2024 à 13:37
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Zemlinsky/matins calmes un peu de mise à jour, SVP. La Russie (pays fantôme: qui à Vladivostok s'occupe de Moscou ? alors que la Chine est à 2 pas, et s'intéresse à autre chose qu'un guignol hitlerien). La Russie en tant que telle, ne survivra pas au...

à écrit le 04/01/2024 à 12:23
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A quoi bon envoyer toujours plus d'armes en Ukraine ? qui ne peut pas gagner cette guerre. cf la Grande Contre Offensive que nous ont vendu les médias pendant des mois et qui a fait un flop. Une guerre à laquelle l'Ouest a bien poussé l'Ukraine. Q...

le 05/01/2024 à 3:45
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@Asimon: a) En quoi l'Occident a poussé l'Ukraine à la guerre? C'est la Russie qui l'a commencé sans moindre casus belli, sans parler de l'agression hybride de 2014. b). L'offensive ukrainienne a fait un flop (avec tellement de retards en livraisons ...

le 05/01/2024 à 9:39
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analyse brève et très juste qui démontre à quel point nous sommes dans le déni de réalité et de nos propres intérêts les plus basiques

à écrit le 04/01/2024 à 12:07
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La Russie va gagner cette guerre à l'usure, le bloc occidental Europe/Etats-Unis s'acharne vainement sur l'Ukraine, au final, c'est la population ukrainienne qui en fait les frais

le 04/01/2024 à 16:41
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Vous ne comprenez pas qu'elle l'a déjà perdu? Même si elle arrive a rester dans les quelques territoires grignotés à un coût exhorbitant, la Russie s'est mise définitivement au ban du monde civilisé et jetée aux genoux de la Chine. Une erreur Histori...

à écrit le 04/01/2024 à 11:13
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votre raisonnement concerne également la Serbie ?

à écrit le 04/01/2024 à 8:37
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Je soutiens la Russie , fallait pas l encercler après la chute de l URSS malgré nos promesses ,l occident a la langue fourchue nous le savons depuis les indiens la Russie joue sa survie dans cette guerre

le 04/01/2024 à 10:11
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@Zemlinsky. Soyez tranquille, la Russie gagnera cette guerre.

le 04/01/2024 à 10:13
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@zelimsky Je ne soutiens pas la Russie sur le principe que les peuples ont le droit à l'autodétermination et à la démocratie. L'Ukraine, comme Taïwan d'ailleurs ont le droit de vivre comme bon leur semble sans être en permanence sous de diktat de p...

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