Souveraineté : la réorganisation des chaînes de production des Occidentaux agace la Chine

Le Premier ministre chinois Li Qiang a déploré mardi dans un discours les appels occidentaux à réduire les dépendances vis-à-vis de son pays, y voyant une « fausse proposition » dans un monde aux économies entremêlées. La Commission européenne a dévoilé la semaine dernière sa stratégie pour répondre de façon plus ferme aux risques pesant sur sa sécurité économique, avec notamment la Chine en ligne de mire.
Pour le Premier ministre chinois, « l'économie mondiale est devenue une communauté ou tout le monde est entremêlé ».
Pour le Premier ministre chinois, « l'économie mondiale est devenue une communauté ou tout le monde est entremêlé ». (Crédits : CHINA STRINGER NETWORK)

Li Qiang, le Premier ministre chinois, lors de l'ouverture du Forum économique mondial organisé en Chine, à Tianjin - connu sous le nom du Davos d'été - n'a pas fait dans la dentelle pour faire part de son agacement face aux appels occidentaux à réduire leurs dépendances vis-à-vis de la seconde économie mondiale.

Lire aussiRéindustrialisation : être à la table du « Yalta de l'industrie verte »

« En Occident, certaines personnes montent en épingle le principe selon lequel il faudrait réduire la dépendance, éradiquer les risques, a-t-il déclaré. Ces deux concepts, c'est une fausse proposition, car avec le développement de la mondialisation économique, l'économie mondiale est devenue une communauté ou tout le monde est entremêlé ».

Lors du Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier, répondant à Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, qui réclamait le 21 juin dernier une « équité parfaite » d'accès au marché pour les entreprises françaises, Li Qiang lui avait rétorqué que « l'ouverture sur l'extérieur est une politique fondamentale de la Chine » et que l'objectif de Pékin était de « bâtir un environnement d'affaires de classe mondiale » avant de souligner que « la dépendance est nécessaire et mutuelle (...). L'océan immense de l'économie mondiale ne redeviendra jamais de petits étangs isolés. »

Lire aussiLe choc des mondialisations

La Chine, cible de nombreuses critiques

La Chine n'est effectivement pas épargnée par les critiques. La Commission européenne a ainsi dévoilé la semaine dernière sa stratégie pour répondre de façon plus ferme aux risques pesant sur sa sécurité économique, avec notamment la Chine en ligne de mire.

L'Allemagne, où Li Qiang était récemment en visite officielle, a affirmé vouloir diversifier ses partenaires pour « réduire les risques » liés à sa grande dépendance à la Chine. Li Qiang avait alors appelé les pays désireux de diminuer leur dépendance économique à la Chine à ne pas utiliser cette politique de « réduction des risques » pour discriminer son pays.

Dans sa première « Stratégie de sécurité nationale », le gouvernement d'Olaf Scholz, le chancelier accuse la Chine d'agir « à l'encontre de nos intérêts et valeurs ». Mais il souligne aussi la nécessité de continuer à traiter le pays en « partenaire » et d'obtenir la coopération de Pékin sur des enjeux internationaux comme la lutte contre le changement climatique.

La Chine en bonne voie pour atteindre son objectif de croissance

Malgré ces menaces, assure son Premier ministre, la Chine est en bonne voie pour atteindre cette année son objectif de croissance, soit « environ 5% ». Pourtant, la reprise post-Covid tant espérée après la levée des restrictions sanitaires fin 2022 tend ces dernières semaines à s'essouffler et peine à se concrétiser dans certains secteurs. L'économie est pénalisée par le surendettement du secteur immobilier, une consommation en berne dans un contexte d'incertitude sur le marché du travail et le ralentissement économique mondial, qui pèse sur la demande en biens chinois.

Pour stimuler l'activité, la banque centrale a procédé ces dernières semaines à plusieurs réductions de taux, au moment où nombre d'économistes plaident davantage pour un plan de relance. Mais les autorités semblent pour l'heure écarter cette option, au profit de mesures ciblées.

 (Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 27/06/2023 à 19:04
Signaler
On est à point pour une estocade chinoise et une récupération américaine. Depuis le covid et l'Ukraine, nous n'avons plus d'illusion sur la capacité européenne d'être autonome.

à écrit le 27/06/2023 à 17:45
Signaler
Bonjour, Oui , l'Union européenne envisagent de rapatrier une partie de sa production ... Bien sûr, cela n'arrangent pas vraiment la Chine, usines du monde... Mais, les bruits de bottes ne sont jamais bonne pour les échanges économiques....

à écrit le 27/06/2023 à 15:08
Signaler
Comme je l'écrivais pendant le 0covid, la Chine a fait l'erreur monstrueuse de montrer que la planete dépendait d'elle, et que quand elle fermait port et usines pour ne pas savilir à acheter des vaccins occidentaux quelle ne savait copier ou dévelo...

le 27/06/2023 à 18:47
Signaler
Personne n'est assez idiot pour travailler avec des gens qui ont systématiquement délocalisés pour aller "se faire un pognon de dingue" en CHINE. Qui n'ont plus de R et D, mais qui ont développé une médiocratie très élaborée, dont la devise est : c'e...

à écrit le 27/06/2023 à 9:39
Signaler
Pour mieux connaître la Chine, lisez les trois récits de Jean Tuan : "Un siècle chinois" (chez CLC Éditions) évoque le parcours de son père chinois arrivé en France en 1929, leur voyage en Chine en 1967 lors de la Révolution culturelle et les incroya...

à écrit le 27/06/2023 à 9:31
Signaler
La Chine a de moins en moins d'intérêt pour le monde occidental. Elle est par contre une menace que nous devons considérer existentielle. A l'exemple de la Russie de Poutine, la Chine de XI Jin Ping est capable d'allumer des feux dont l'extinction se...

le 27/06/2023 à 13:17
Signaler
Un peu court ! La Chine a un besoin existentiel de l'"Occident". Seul espace capable de lui acheter sa production. La Russie est incapable de produire quoi que ce soit; sa supposée puissance n'étant basée que sur l'exploitation (pillage ?) de son sou...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.