FMI : les pays émergents peinent à contrer Christine Lagarde

Le mandat de Christine Lagarde au FMI arrive à son terme mais les pays émergents, qui souhaitent imposer un candidat issu des Brics à la tête de l'institution, avancent en ordre dispersé.
Christine Lagarde, qui n'a pas caché son envie d'effectuer un deuxième mandat à la tête du FMI, fait face à une fronde désorganisée des pays émergents.

Bousculer l'ordre établi au FMI ? Le souhait d'imposer un directeur du FMI issu des pays émergents, resurgit à chaque fin de mandat... mais finalement, c'est toujours un Européen qui gagne. Le scénario est-il voué à se répéter encore, alors que le mandat de Christine Lagarde approche de son terme ?

Les grands pays émergents ont encore une fois remis en question a règle tacite qui donne la présidence du FMI à un Européen. Mais ils hésitent encore à faire front commun. Les pays des Brics -Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud- semblent partagés alors que Mme Lagarde s'est dite "ouverte" à l'idée de rempiler en juillet à l'expiration de son mandat.

L'Afrique du Sud veut faire tomber le leadership européen

Si Moscou et Brasilia se refusent à tout commentaire, Pretoria semble déjà disposée à contester le leadership européen au Fonds monétaire international, hérité d'une règle tacite qui réserve par ailleurs aux Américains la présidence de la Banque mondiale.

"Les pays en développement ont insisté sur la nécessité d'un processus basé sur le mérite et non sur l'arrangement actuel où le directeur général du Fonds est toujours un Européen", assure une porte-parole du ministère sud-africain du Trésor.

Cette revendication n'est pas nouvelle mais a eu du mal à se concrétiser dans le passé. Déjà très critiques en 2011, les Brics n'avaient pas su s'accorder sur un candidat unique qui aurait eu un indéniable poids symbolique, laissant le Mexicain Agustin Carstens mener une bataille perdue d'avance contre Christine Lagarde.

La forteresse FMI vacille sous la pression des émergents

En sera-t-il autrement aujourd'hui? "Il est encore trop tôt pour le dire. Il faut que la situation se clarifie et qu'on voit quels autres candidats sont en course", assure un responsable du ministère indien des Finances, sans fermer aucune porte.

"L'Inde pourrait chercher à discuter avec d'autres pays comme ceux des Brics", prévient-il ainsi sous couvert de l'anonymat. Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, se contente, elle, d'affirmer que Pékin a "noué une relation solide et bonne avec le FMI".

Depuis 2011, la donne a pourtant changé. Les cinq grands pays émergents du globe ont renforcé leur coopération avec un objectif constant : contester la mainmise occidentale sur les institutions de Bretton Woods en créant leur banque de développement et leur fonds monétaire.

Leur grief commun tient dans leur sous-représentation au FMI où les droits de vote de la Chine, deuxième puissance économique mondiale, sont par exemple plus de quatre fois inférieurs à ceux des Etats-Unis. Une réforme corrigeant légèrement ces déséquilibres est en souffrance depuis trois ans.

Des craquèlements apparaissent au sein même du FMI. En juillet, le numéro 2 de l'institution, David Lipton, affirmait lui-même que l'hypothèse d'un directeur général non européen n'avait "jamais" été aussi forte.

Lagarde va-t-elle triompher grâce aux divisions de ses adversaires ?

Le scénario d'une candidature commune des Brics se heurte toutefois encore à de nombreux obstacles, selon les experts interrogés par l'AFP.

Le choix d'un candidat crédible, d'abord. Ancien chef économiste du FMI, l'actuel gouverneur de la Banque centrale indienne, Raghuram Rajan, a le profil idéal mais il a lui-même coupé court aux spéculations.

"Ce n'est pas un emploi pour lequel j'ai postulé ou pour lequel je postule", a-t-il évacué dans un entretien à la chaîne indienne NDTV en septembre.

Au-delà des questions de personnes, un front commun aurait du mal à se former face à Mme Lagarde, qui jouit d'un large soutien auprès des Etats-membres, y compris les émergents.

"Mme Lagarde a pris des mesures pour que le FMI soit plus sensibilisé aux inquiétudes des pays émergents et a cherché à augmenter leur représentation dans l'encadrement du Fonds", assure à l'AFP Eswar Prasad, ancien responsable du FMI.

Selon Shi Yinhong, professeur à l'université de Renmin, en Chine, la bataille semble par ailleurs jouée d'avance au vu du rapport de forces au conseil d'administration du FMI, l'instance qui désigne le patron du Fonds et qui reste dominée par les Européens et les Américains.

"Etant donné les droits de vote des puissances occidentales, et leur capacité et leur expérience à gérer des organisations internationales, je pense que le directeur général viendra d'un pays développé", argumente-t-il.

Pressions

Deux éléments pourraient toutefois changer la donne, selon M. Prasad: si le FMI n'intègre pas le yuan dans son panier de monnaies de référence et si la réforme de la gouvernance du FMI reste bloquée dans les prochains mois.

"Cela pourrait déboucher sur une démarche beaucoup plus agressive des Brics pour changer la structure du Fonds", assure l'expert.

Contacté par l'AFP, le FMI ne forme qu'un seul voeu: que le processus reste "ouvert" comme il l'a été au cours des désignations des précédents directeurs généraux.

Commentaires 7
à écrit le 08/11/2015 à 22:21
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Les sous-pays se révoltent face aux verrouillages. Intéressant. Déjà qu'ils ont créé leur propre banque d'investissement et que la Chine cote l'or, je sens que les tensions géo-politiques vont encore grimper d'un cran. Excellent pour l'industrie de l...

à écrit le 08/11/2015 à 11:06
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"pays émergents" vous dites? Avant, on les appelait les "pays SOUS développés". Mais je ne sais pas ce qui à vraiment changé entre temps.

le 08/11/2015 à 19:53
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Il n'y a qu'à regarder l'évolution de la Chine en 25 ans pour voir ce qui a changé.

le 08/11/2015 à 20:07
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Autant être aveugle que lire une stupidité pareille. Vous savez, la mauvaise foi, ça se soigne.

le 10/11/2015 à 4:43
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En fait je suis a demi-daccord avec JP... Je vis en Chine depuis 20 ans.. c'est vrai que l'on a vu des autoroutes, des tours, des usines se construire un peu partout... mais la corruption y a ete pour beaucoup. Aujourd'hui la Chine n'a pas de modele...

à écrit le 08/11/2015 à 10:40
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Le FMI prete de l'argent à ses membres abonnés qui y cotisent .Il aurait été judicieux que l'article nous dise qui cotise et à quel niveaux !Par exp les USA qui cotisent à hauteur de 20 % ont l'exorbitant privilege de pouvoir bloquer toute decision m...

le 08/11/2015 à 22:26
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Donc, cela montre bien que vous IGNOREZ que le fmi, "grand sauveur par ses prêts à 10% plus privatisation inside plus obligation du contrôle de la gestion du pays" (hé oui), est BENEFICIAIRE. Tu parles d'un "sauveur"... C'est surtout ce que napoléon ...

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