France-Maroc : ce qu'il faut retenir des relations économiques entre les deux pays en trois points

A quelques heures de la demi-finale de la Coupe du monde de football opposant la France et le Maroc, les pronostics s'accélèrent sur l'issue du match. En dépit de relations diplomatiques tumultueuses entre Paris et Rabat, les deux économies ont tissé des liens de proximité considérables. Le prolongement de ces affrontements étatiques pourrait plomber les échanges commerciaux si la situation ne s'améliore pas en 2023. Retour en trois points sur les relations économiques et migratoires étroites entre les deux pays.
Grégoire Normand
Emmanuel Macron et le roi du Maroc Mohammed VI.
Emmanuel Macron et le roi du Maroc Mohammed VI. (Crédits : Reuters)

La température entre la France et le Maroc a considérablement chuté. En plein cœur de l'hiver, Emmanuel Macron va tenter d'apaiser les relations entre les deux pays en proie à de fortes tensions diplomatiques depuis des mois. La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, doit faire un déplacement dans quelques jours au Maroc afin de déminer le terrain avant la venue du président français au mois de janvier prochain.

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Programmée depuis des mois, la visite d'Etat d'Emmanuel Macron a peiné jusqu'alors à se concrétiser en raison d'une série de sujets qui empoisonnent les relations bilatérales, à commencer par la guerre des visas entre les deux pays. Paris a décidé en septembre 2021 de réduire de moitié les permis d'entrée accordés aux Marocains, arguant de la réticence du royaume chérifien à réadmettre ses ressortissants en situation irrégulière dans l'Hexagone. Pour tenter d'apaiser les tensions, l'Elysée vient de confirmer la nomination de Christophe Lecourtier, ancien directeur général de Business France, à la tête de l'ambassade de France au Maroc.

Dans ce contexte tendu, la demi-finale de la Coupe du monde opposant l'équipe de France et celle du Maroc pourrait exacerber les tensions entre les deux pays. Pourtant, les deux Etats ont tissé des relations économiques, commerciales et migratoires de proximité au fil des années. Retour en trois points sur ces relations.

1) La France est le premier investisseur étranger au Maroc

L'économie française a tissé des liens économiques très étroits avec Rabat. Selon une récente étude du Trésor français, la France a investi près de 11 milliards d'euros en 2019 dans le pays maghrébin. Au total, la France représente plus de 35% du stock d'investissements étrangers (IDE) au Maroc. Le secteur tertiaire est le grand gagnant de ces investissements avec 75% du stock recensé.

Parmi les principaux secteurs bénéficiaires figurent la banque, l'assurance et l'immobilier. Vient ensuite l'industrie manufacturière avec 16% des IDE. Il faut dire que beaucoup d'entreprises tricolores sont implantées au Maroc, de l'aéronautique à l'automobile en passant par le textile, près de 30 entreprises du CAC 40 seraient présents dans le royaume chérifien sans compter les 800 filiales tricolores recensées par l'ambassade du Maroc.

Ce qui représenterait environ 130.000 personnes salariées pour un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros en 2018. Rien que pour le secteur bancaire, près de 10.000 salariés seraient employés par des filiales françaises selon la Banque de France. Dernièrement, le groupe Stellantis a annoncé un investissement de 300 millions d'euros dans une usine qui devrait employer 2.000 personnes.

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Inversement, la France est la principale destination des investissements étrangers du Maroc devant la Côte d'Ivoire, les Etats-Unis et l'Egypte. En 2021, l'Hexagone représentait 31% du stock d'IDE marocain, très loin devant les autres pays selon le dernier rapport annuel de l'office des changes du Maroc.

2) La France importe en masse depuis le Maroc

Après avoir exporté des biens pendant des années, la France est devenue largement dépendante du Maroc. Depuis la fin de l'année 2016, Paris importe plus de biens qu'elle n'en vend à Rabat. Résultat, la balance commerciale de la France est déficitaire à l'égard du Maroc selon les douanes.

En 2021, ce déficit a même atteint un record à 1,5 milliard d'euros. Parmi les principaux biens importés par l'Hexagone figurent l'automobile, l'aéronautique ou encore le textile. A l'opposé, la France exporte massivement des produits agricoles, des produits électriques ou encore de l'informatique. Ces nombreux échanges indiquent que l'économie marocaine est de plus en plus intégrée dans les flux du commerce mondial.

3) Des échanges migratoires importants

Outre les échanges commerciaux, la question migratoire devrait être au centre des débats lors des prochaines visites diplomatiques de la France au Maroc. Il faut dire que le Maroc occupe une place prépondérante dans la population immigrée en France. Selon un récent décompte de l'Insee, 12% des immigrés vivant en France sont nés au Maroc contre 12,7% en Algérie. Le Maroc arrive ainsi en seconde position sur la totalité des pays africains.

Les deux pays du Maghreb arrivent largement en tête du tableau. Au Maroc, un grand nombre de Français sont également établis depuis des années. D'après un récent chiffrage du Quai d'Orsay, plus de 50.000 ressortissants seraient inscrits sur les registres consulaires mais ces derniers ne représentent pas la totalité des personnes de nationalité française présentes sur le territoire.

Grégoire Normand
Commentaires 9
à écrit le 14/12/2022 à 17:45
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esperons que ce match ne sera tronqué a l'avantage politique ,et que Macron ne mettra pas son nez dans le jeu pour tourner a l'avantage de sa visite au Maroc en janvier:! allez savoir!

à écrit le 14/12/2022 à 9:44
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Mais l'autre, il n'avait pas dit que le sport n'est pas politique ?

le 14/12/2022 à 17:43
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. chez les politiques le droit à mentir est autorisé. ) et pourtant le climat social est en ébullition.

à écrit le 14/12/2022 à 7:55
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Des jeunes Français sont emprisonnés au Maroc pour des histoires de bitcoin ou d'informatique, c'est à dire pour rien du tout et leur extorquer de l'argent à leur famille. Rien en comparaison des dégâts ici ...

le 14/12/2022 à 8:20
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Cet article serait tout juste digne d'une lettre d'information interne à un groupuscule trotskyste.

à écrit le 14/12/2022 à 7:38
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Ce sont les gens chagrins comme Citoyen Indigne niais base électorale de Meluche qui constituent une bonne boussole inversée des évolutions souhaitables et réalisables de l'économie

à écrit le 14/12/2022 à 7:16
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C'est vrai ! La France est une très grande puissance, tellement qu'elle pourrait le devenir encore plus ! Pour cela il faudrait appuyer sur l'accélérateur au lieu d'avoir le pied sur le frein. Et revenir à une boite de vitesse manuelle au lieu de l'a...

à écrit le 14/12/2022 à 7:06
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Parce qu'il n'y pas de corruption aux mondes des sovjets?

à écrit le 14/12/2022 à 7:03
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Tout cela est la faute de la privatisation pour ponctionner le capital français en matière de nucléaire au profit de boite de spéculation énergétique qui ont besoin de rareté pour faire encore plus monter les prix.

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