
La température entre la France et le Maroc a considérablement chuté. En plein cœur de l'hiver, Emmanuel Macron va tenter d'apaiser les relations entre les deux pays en proie à de fortes tensions diplomatiques depuis des mois. La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, doit faire un déplacement dans quelques jours au Maroc afin de déminer le terrain avant la venue du président français au mois de janvier prochain.
Programmée depuis des mois, la visite d'Etat d'Emmanuel Macron a peiné jusqu'alors à se concrétiser en raison d'une série de sujets qui empoisonnent les relations bilatérales, à commencer par la guerre des visas entre les deux pays. Paris a décidé en septembre 2021 de réduire de moitié les permis d'entrée accordés aux Marocains, arguant de la réticence du royaume chérifien à réadmettre ses ressortissants en situation irrégulière dans l'Hexagone. Pour tenter d'apaiser les tensions, l'Elysée vient de confirmer la nomination de Christophe Lecourtier, ancien directeur général de Business France, à la tête de l'ambassade de France au Maroc.
Dans ce contexte tendu, la demi-finale de la Coupe du monde opposant l'équipe de France et celle du Maroc pourrait exacerber les tensions entre les deux pays. Pourtant, les deux Etats ont tissé des relations économiques, commerciales et migratoires de proximité au fil des années. Retour en trois points sur ces relations.
1) La France est le premier investisseur étranger au Maroc
L'économie française a tissé des liens économiques très étroits avec Rabat. Selon une récente étude du Trésor français, la France a investi près de 11 milliards d'euros en 2019 dans le pays maghrébin. Au total, la France représente plus de 35% du stock d'investissements étrangers (IDE) au Maroc. Le secteur tertiaire est le grand gagnant de ces investissements avec 75% du stock recensé.
Parmi les principaux secteurs bénéficiaires figurent la banque, l'assurance et l'immobilier. Vient ensuite l'industrie manufacturière avec 16% des IDE. Il faut dire que beaucoup d'entreprises tricolores sont implantées au Maroc, de l'aéronautique à l'automobile en passant par le textile, près de 30 entreprises du CAC 40 seraient présents dans le royaume chérifien sans compter les 800 filiales tricolores recensées par l'ambassade du Maroc.
Ce qui représenterait environ 130.000 personnes salariées pour un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros en 2018. Rien que pour le secteur bancaire, près de 10.000 salariés seraient employés par des filiales françaises selon la Banque de France. Dernièrement, le groupe Stellantis a annoncé un investissement de 300 millions d'euros dans une usine qui devrait employer 2.000 personnes.
2) La France importe en masse depuis le Maroc
Après avoir exporté des biens pendant des années, la France est devenue largement dépendante du Maroc. Depuis la fin de l'année 2016, Paris importe plus de biens qu'elle n'en vend à Rabat. Résultat, la balance commerciale de la France est déficitaire à l'égard du Maroc selon les douanes.
En 2021, ce déficit a même atteint un record à 1,5 milliard d'euros. Parmi les principaux biens importés par l'Hexagone figurent l'automobile, l'aéronautique ou encore le textile. A l'opposé, la France exporte massivement des produits agricoles, des produits électriques ou encore de l'informatique. Ces nombreux échanges indiquent que l'économie marocaine est de plus en plus intégrée dans les flux du commerce mondial.
3) Des échanges migratoires importants
Outre les échanges commerciaux, la question migratoire devrait être au centre des débats lors des prochaines visites diplomatiques de la France au Maroc. Il faut dire que le Maroc occupe une place prépondérante dans la population immigrée en France. Selon un récent décompte de l'Insee, 12% des immigrés vivant en France sont nés au Maroc contre 12,7% en Algérie. Le Maroc arrive ainsi en seconde position sur la totalité des pays africains.
Les deux pays du Maghreb arrivent largement en tête du tableau. Au Maroc, un grand nombre de Français sont également établis depuis des années. D'après un récent chiffrage du Quai d'Orsay, plus de 50.000 ressortissants seraient inscrits sur les registres consulaires mais ces derniers ne représentent pas la totalité des personnes de nationalité française présentes sur le territoire.
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