Quatre millions de tonnes de GNL par an pendant 27 ans. Tels sont les termes du contrat conclu entre le Qatar, un des principaux producteurs de GNL, et la Chine, un des plus grands importateurs de cette énergie. Ce mardi 20 juin, le ministre Saad Sherida Al-Kaabi, aussi PDG de QatarEnergy, a annoncé la signature de l'accord entre l'entreprise d'Etat qatari et la China National Petroleum Corporation (CNPC).
Le ministre qatari a précisé qu'il s'agissait du deuxième contrat d'approvisionnement en GNL entre son pays et la Chine. Le premier (également quatre millions de tonnes sur 27 ans) avait été signé par Sinopec, autre société publique chinoise, et QatarEnergy en novembre 2022. À l'époque, cet accord avait été présenté comme le contrat à la plus longue durée jamais conclu dans l'industrie.
La Chine participe au NFE
Par ailleurs, Saad Sherida Al-Kaabi a annoncé participation de la Chine au North Field East (NFE), projet d'extension du champ offshore North Field, le plus grand gisement de gaz naturel au monde que le Qatar partage avec l'Iran. NFE, estimé à 28,75 milliards de dollars, fait partie des programmes d'extension de North Field. L'objectif est de permettre au pays du Golfe de passer de 77 millions de tonnes par an à 126 millions d'ici 2027.
L'occasion pour CNPC de « rejoindre la famille » du gaz qatari en y prenant part. QatarEnergy va ainsi transférer à CNPC une participation de 5% au NFE, ce qui représente l'équivalent d'un train de liquéfaction d'une capacité de 8 millions de tonnes par an, a précisé le ministre qatari. Le géant pétrolier était devenu, au mois d'avril, le premier actionnaire asiatique dans le projet du NFE.
L'implication de l'entreprise chinoise dans le projet s'inscrit, d'après Dai Houliang, président de CNPC, dans le « consensus stratégique » qui unit le Qatar et la Chine.
Un « partenariat stable » dans la lignée d'une stratégie chinoise
Lors de la cérémonie de signature à Doha, Saad Sherida Al-Kaabi a salué « les excellentes relations entre la Chine et le Qatar ». En ce qui concerne le GNL, la puissance asiatique est déjà le premier client du Qatar.
De son côté, Dai Houliang a promis « un partenariat stratégique stable, à long terme et multidimensionnel » avec Doha dans « l'industrie des hydrocarbures et d'autres domaines tels que les énergies vertes et à faible émission de CO2 ».
Dès 2020, la Chine est devenue le premier partenaire commercial des six pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) incluant notamment l'Arabie Saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis, avec des échanges dominés par les énergies fossiles.
Le nouveau contrat gazier avec le Qatar intervient le jour où Pékin a annoncé des importations de pétrole russe ayant atteint en mai un niveau record depuis l'invasion de l'Ukraine par Moscou.
Quid des pays européens ?
Du côté de l'Europe, malgré la recherche active d'alternatives au gaz russe depuis le depuis l'invasion de l'Ukraine, beaucoup de pays sont récalcitrants à l'idée de signer des accords de longue durée. Le Qatar a pourtant annoncé des traités à venir. Il s'agit de contrats visant à approvisionner « plusieurs » pays européens qui seront signés « après l'été ». Le pays de la péninsule arabique avait conclu en novembre 2022 un premier accord permettant de fournir du GNL à l'Allemagne pendant 15 ans.
En pleine offensive de charme commerciale, Saad Sherida Al-Kaabi avait averti en mai que « le pire » était à venir pour les pénuries de pétrole et de gaz en Europe, affirmant qu'un hiver chaud avait permis d'éviter des difficultés plus importantes au cours des derniers mois.
Le nouveau contrat entre la Chine et le Qatar pourrait conduire à des conflits d'usage des GNL, opposant les pays européens au géant asiatique.
En France, le géant des hydrocarbures TotalEnergies a annoncé mercredi 14 juin s'associer à l'américain NextDecade et Global Infrastructure Partners pour investir dans le projet du terminal texan Rio Grande, une usine de liquéfaction de gaz naturel. « TotalEnergies détiendra une participation de 16,7% dans la première phase » du projet Rio Grande, « composée de 3 trains de liquéfaction », a indiqué l'entreprise. Cette usine, située dans le sud du Texas, dont la production devrait commencer en 2027, aura lors de sa première phase une capacité totale de production de 17,5 millions de tonnes par an (Mtpa), à diviser entre ses trois actionnaires.TotalEnergies investit au Texas