
Alors que les livraisons d'armes des pays occidentaux ont considérablement augmenté ces derniers mois, la Russie de Vladimir Poutine a à coeur de montrer qu'elle est au rendez-vous de la production. Engagé dans une économie protectionniste suite aux sanctions, puis de guerre, pour s'installer durablement en Ukraine, Moscou a affirmé lundi produire, chaque mois, autant de munitions que pour l'ensemble de l'année 2022. Tel un message envoyé aux Occidentaux qui parient sur l'épuisement de ses capacités, le Kremlin indique également avoir accéléré sa fabrication d'armements militaires, au 17e mois de son offensive.
« Depuis le début de l'année, de nombreux types d'armes et d'équipements militaires spéciaux sont déjà produits dans des proportions bien supérieures à celles de l'année dernière », a révélé le vice-Premier ministre russe chargé de la Défense Denis Mantourov, cité par les agences de presse russes.
« En ce qui concerne les munitions, nous atteignons désormais un niveau où les livraisons pour un mois dépassent le total des commandes de l'année dernière », a ajouté M. Mantourov, qui est également le ministre de l'Industrie.
Selon lui, toutes les entreprises russes du secteur de la défense, à quelques exceptions près, parviennent à produire ces volumes et à tenir les délais de production.
La réputation de l'armée russe
Mais cette confiance dans la capacité de l'appareil de défense russe avait éclaté lors de la rebellion de Evguéni Prigojine, le 23 juin. Le chef de la division Wagner reprochait entre autres au Kremlin de ne pas lui fournir les munitions demandées pour accomplir sa tâche.
Et sur le front militaire, Moscou cherche à accroître sa pression. Lundi, des entrepôts de céréales ukrainiens sur le delta du Danube ont été détruits lors d'une attaque russe de drones qui a blessé six personnes, a déclaré l'Ukraine, tandis qu'un dépôt de munitions russe a été touché à Djankoï, en Crimée annexée, selon le gouverneur local.
Les attaques russes se sont intensifiées après la suspension par Moscou de sa participation à l'accord sur les céréales de la mer Noire, et elles ont visé en majorité la ville portuaire d'Odessa.
L'escalade militaire
De leurs côtés, les Occidentaux ont eux aussi atteint des records en matière de dépenses militaires. A la fin avril, les alliés de l'Otan et leurs partenaires ont fourni à l'Ukraine 230 chars de combat et 1.550 véhicules blindés pour l'aider à contrer l'offensive russe et à reprendre du territoire, selon l'Otan.
Or depuis, pour donner à l'Ukraine toutes les chances de réussir sa contre-offensive, les Occidentaux ont augmenté également leurs cadences, jusqu'à fournir des armes à sous-munitions via les Etats-Unis.
En mai, la Commission européenne a proposé un instrument financier pour pousser la capacité de production de munitions de l'Union européenne à un million d'obus par an afin de reconstituer ses arsenaux et aider l'Ukraine.
Les aides militaires se multiplient en plus au niveau des Etats. Mi-mai, le gouvernement allemand a annoncé préparer un nouveau plan d'aide militaire à l'Ukraine de 2,7 milliards d'euros, incluant la livraison de nombreux chars, blindés et système de défense anti-aérienne. L'enveloppe est presque équivalente à celle des Etats-Unis qui ont annoncé une nouvelle tranche d'aide militaire qui concerne principalement des équipements de défense antiaérienne, sous la forme de commandes diverses à l'industrie de défense, d'environ 2 milliards de dollars.
Premier pays donateur à l'Ukraine, les Etats-Unis ont livré ou promis plus de 39,7 milliards de dollars d'armements divers aux forces de Kiev depuis le début de l'offensive russe le 24 février 2022, a souligné vendredi le ministre américain de la Défense.
(Avec AFP et Reuters)
Sujets les + commentés