Guerre en Ukraine : "Nos sanctions vont effacer quinze ans de progrès économique en Russie" (Joe Biden)

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi une nouvelle volée de sanctions économiques et financières contre la Russie, qu'ils qualifient dans un communiqué de "dévastatrices" et qui visent notamment les grandes banques et les filles de Vladimir Poutine. s diplomates de l'Union européenne ne sont pas parvenus mercredi à s'accorder sur le cinquième train de sanctions contre la Russie proposé la veille par la Commission européenne en raison de questions techniques restant à régler, dont celle de l'impact sur les contrats en cours d'un éventuel embargo sur le charbon.
(Crédits : JONATHAN ERNST)

Les propos de Joe Biden en disent long sur la détermination des Etats-Unis à sanctionner durement la Russie : "Nos sanctions vont certainement effacer quinze ans de progrès économique en Russie" et "nous allons étouffer (sa) capacité à croître pour des années", a-t-il déclaré lors d'une conférence syndicale au cours de laquelle le président américain a dénoncé des "crimes de guerre majeurs" et appelé la communauté internationale à "s'unir pour que les responsables rendent des comptes."

Selon Washington, la Russie pourrait en effet voir son économie s'effondrer de quelque 15% cette année. "La réalité est que le pays est en train de sombrer dans un isolement économique et financier et technologique", a déclaré à la presse un haut responsable de l'administration. "Et à ce rythme, il reviendra au niveau de vie de la période soviétique des années 1980".

"J'ai dit clairement que la Russie paierait un prix lourd et immédiat pour ses atrocités à Boutcha", a ajouté sur Twitter Joe Biden, alors que les Etats-Unis ont annoncé mercredi une nouvelle volée de sanctions économiques et financières contre la Russie. Qualifiées de "dévastatrices" dans un communiqué, elles visent notamment les grandes banques et les filles de Vladimir Poutine.

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Une nouvelle fournée de sanctions

En plus d'interdire tous les nouveaux investissements en Russie, une mesure annoncé depuis pour isoler davantage Moscou de l'économie mondiale, l'exécutif américain va imposer les contraintes les plus sévères qui soient à l'incontournable banque publique Sberbank avec près d'un tiers des actifs bancaires globaux du pays, et à la plus grande banque privée du pays, Alfa Bank. Ces institutions, déjà visées par des sanctions moins lourdes, subiront un gel de tous leurs avoirs "en contact avec le système financier américain", et seront interdites de toute transaction avec des acteurs américains, selon la Maison Blanche. Afin d'accentuer la pression sur Vladimir Poutine, Washington s'attaque également aux "principales entreprises d'Etat russes" afin de nuire à la capacité du Kremlin de financer son effort de guerre. Le département du Trésor dévoilera jeudi le nom des entités concernées, a indiqué la Maison blanche.

Sanctions contre les filles de Poutine

Les Etats-Unis visent aussi l'entourage du président russe Vladimir Poutine en imposant des sanctions contre les deux filles de ce dernier. "Nous pensons que beaucoup des avoirs de Poutine sont dissimulés à travers des membres de sa famille, et c'est pourquoi nous les visons", a indiqué le haut responsable américain cité plus haut.

L'épouse et la fille du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, sont également visées ainsi que les membres du Conseil de sécurité de la Russie, dont fait partie notamment l'ancien président et Premier ministre Dmitri Medvedev.

"Les familles de ces oligarques n'auront pas le droit de garder leur fortune aux Etats-Unis ou en Europe, elles ne pourront pas garder leurs yachts à plusieurs centaines de millions de dollars ou leurs résidences de vacances luxueuses tant que des enfants en Ukraine sont tués ou forcés de quitter leurs maisons chaque jour", a assuré Joe Biden.

En même temps que tombaient les nouvelles sanctions, les Etats-Unis ont annoncé l'inculpation du milliardaire Konstantin Malofeev. L'oligarque, considéré comme l'une des principales sources de financement des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, est accusé d'avoir "tenté d'échapper aux sanctions en utilisant des complices pour acquérir et diriger en cachette des médias à travers l'Europe".

Les Etats-Unis avaient par ailleurs décidé en début de semaine d'interdire à la Russie de rembourser sa dette en dollars, faisant croître le risque d'un défaut de paiement. Pour autant, le ministère des Finances russe a annoncé mercredi avoir réglé en roubles une dette en dollars à la suite du refus d'une banque étrangère d'effectuer le paiement en dollars, ce qui l'expose à un risque de défaut.

L'énergie exemptée

 En revanche, les transactions sur le secteur de l'énergie sont exemptées de sanction, à l'exception de l'embargo sur le pétrole russe. Ce qui n'empêche pas aujourd'hui les importations.

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"Malheureusement, nombre de nos partenaires européens restent fortement dépendants du gaz naturel russe, ainsi que du pétrole, et ils s'engagent à rendre la transition aussi rapide que possible pour sortir de cette dépendance. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour aider, mais entre-temps, nous avons mis en place cette exception. (...) Nous travaillions en étroite collaboration avec eux sur les sanctions et nous voulons rester alignés avec eux", a expliqué mercredi la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, interrogée devant la commission des services financiers de la chambre des représentants.

Discussions sur un embargo européen sur le charbon russe

Les diplomates de l'Union européenne ne sont pas parvenus mercredi à s'accorder sur le cinquième train de sanctions contre la Russie proposé la veille par la Commission européenne en raison de questions techniques restant à régler, dont celle de l'impact sur les contrats en cours d'un éventuel embargo sur le charbon, ont déclaré à Reuters trois sources au fait des discussions.

En dépit du flou régnant sur la résolution de ces difficultés techniques, les diplomates européens étaient optimistes sur la possibilité de parvenir à un accord de compromis lors d'une nouvelle réunion prévue jeudi du Comité des représentants permanents des Etats membres auprès de l'UE (Coreper). Selon ces sources, la principale problématique a été soulevée par l'Allemagne, premier importateur d'hydrocarbures russes, réticente jusqu'ici sur le principe d'embargos en raison de sa dépendance énergétique à l'égard de la Russie. Le représentant allemand a ainsi demandé des précisions sur l'impact d'un éventuel embargo sur le charbon, souhaitant savoir s'il affecterait les contrats déjà passés ou seulement ceux qui le seront à l'avenir. Si l'embargo ne venait à s'appliquer qu'aux nouveaux contrats, la Russie pourrait encore exporter du charbon vers l'UE pendant une longue période. Des responsables européens ont quant à eux précisé à Reuters que la Commission européenne avait proposé une période d'extinction progressive de 90 jours pour les contrats en cours. Les autres problèmes techniques à régler sont liés aux mesures à mettre en place pour empêcher l'accès aux ports européens des navires battant pavillon russe ou exploités par la Russie, ainsi que pour appliquer effectivement l'interdiction d'accès des entreprises russes à des marchés publics dans les Etats membres, a précisé l'une des sources. Selon les sources, la Commission a été appelée à clarifier certaines des mesures proposées et à renforcer la solidité juridique d'autres dispositions, avant une éventuelle validation jeudi.

Mais un embargo sur le charbon ne serait pas suffisant pour faire plier Moscou.

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L'Allemagne réticente à toucher au gaz, l'Italie prête à accepter

Le vrai sujet concerne le gaz russe. Le président du Conseil européen Charles Michel a beau dire que l''Union européenne devra prendre "tôt ou tard" des sanctions sur le pétrole et le gaz russes, un embargo éventuel sur le pétrole (25% des achats européens) et le gaz (45% des importations de l'UE) fait l'objet d'âpres discussions entre les Etats membres, Berlin ayant exprimé publiquement ses réticences.

Depuis le début du conflit, Berlin ne cesser de le répéter. Si elle recherche des alternatives, l'Allemagne ne peut pas se passer des livraisons de gaz russe "à court terme" et des sanctions contre Moscou dans ce secteur feraient plus mal à l'UE qu'à la Russie, a estimé lundi le ministre allemand des Finances, Christian Lindner. En revanche, les Etats baltes ont déjà cessé d'importer du gaz russe depuis début avril. Pourtant très dépendante au gaz et gaz russe en particulier, l'Italie "suivra les décisions de l'Union européenne" et notamment un éventuel embargo sur le gaz, qui n'est toutefois "pas encore sur la table", a affirmé mercredi le Premier ministre Mario Draghi. L'Italie est très dépendante du gaz russe, car elle importe 95% du gaz qu'elle consomme, dont environ 40% proviennent de la Russie.

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Londres durcit encore ses sanctions

Le Royaume-Uni a durci mercredi ses sanctions imposées, interdisant tout investissement britannique en Russie et ciblant les secteurs bancaire et énergétique, ainsi que des oligarques. Les nouvelles mesures annoncées dans un communiqué du Foreign Office prévoient "un gel complet des actifs" de la première banque russe Sberbank et la fin des importations de charbon russe d'ici à la fin de l'année.

Le gouvernement britannique avait déjà indiqué vouloir cesser d'acheter du pétrole russe cette année. Il précise compter "mettre fin aux importations de gaz dès que possible par la suite". Il vise également des "industries stratégiques et des compagnies publiques", interdisant les importations de fer et acier. Londres vise nommément huit hommes d'affaires, dont les actifs au Royaume-Uni sont gelés et qui sont interdits d'entrée sur le territoire britannique.

Il s'agit notamment du milliardaire Leonid Mikhelson, qui dirige le conglomérat gazier Novatek, ainsi que les dirigeants du constructeur de poids lourds Kamaz Sergueï Kogoguine, de la banque Gazprombank Andreï Akimov, du pétrolier GazpromNeft Alexandre Dioukov et du géant du diamant Alrosa, Sergueï Ivanov. Boris Rotenberg, fils du milliardaire proche de Vladimir Poutine qui porte le même nom, est également concerné. Selon Londres, avec ces mesures, 82 oligarques pesant 170 milliards de livres sterling (200 milliards d'euros) sont désormais sanctionnés ainsi que 18 banques représentant 940 milliards de livres d'actifs (1.120 milliards d'euros). Mardi, la Grande-Bretagne avait gelé 350 milliards de dollars de devises étrangères du régime russe, le "trésor de guerre" du président Vladimir Poutine.

(Avec agences)

Commentaires 9
à écrit le 08/04/2022 à 17:55
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Et en Europe aussi : les Américains gagnent la guerre économique sans efforts : leurs concurrents se suicident.

à écrit le 08/04/2022 à 8:50
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Ah le choix de la photo, l'information prendrait une toute autre tournure si c'était quand il se cassait la figure dans l’escalier de l'avion ! ^^

à écrit le 07/04/2022 à 9:18
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Faire régresser le niveau de vie du peuple russe ne fera que renforcer le pouvoir de Vlad qui pourra désigner l'occident comme l'adversaire et le méchant. Génial!

à écrit le 07/04/2022 à 9:12
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La photo de Biden, me fait penser aux hurlements de Macron lors de son meeting en 2017."Ce que je veux, c'est que vous alliez faire gagner notre projet".( sûrement un conseil de McKinsey ) Ah,ah

à écrit le 07/04/2022 à 9:04
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Que de haine exprimée sous couvert de bons sentiments. Ce n'est plus de la Raison mais de la Religion. Les bûchers se rallument...

le 07/04/2022 à 10:55
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Tant que c est pas la religion de Poutine !!!

le 07/04/2022 à 16:02
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@Britannicus On peut aussi ne rien faire, ne rien dire et mettre la tête dans le sable. Ça n'a jamais donné de bons résultats, sauf se prendre un coup de pied au "c.l" qu'on ne voit pas ( et pour cause) venir 👎 Vous, je sais pas...moi j'aime pas ça...

à écrit le 07/04/2022 à 8:04
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errata, il fallait lire ......... Nos sanctions vont effacer quinze ans de progrès économique en EUROPE

le 08/04/2022 à 10:18
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Vous avez bien résumé le fond de l'affaire. On peut rajouter aussi: et écouler le gaz de schiste américain; mais n'est-ce pas dès le départ une des clés parmi d'autres plus machiavéliques de cette affaire désastreuse pour l'Europe, la Russie et surto...

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