Hausse des taux : la Fed va ralentir le rythme

La Réserve fédérale américaine devrait monter pour la huitième fois d’affilée ces taux directeurs ce mercredi. La plupart des analystes s’attendent à un relèvement de 25 points qui amènerait les taux entre 4,50 et 4,75%. Une hausse plus modeste que les précédentes fois puisque l’inflation perd du terrain.
Le président de la Fed, Jerome Powell, va expliquer son plan de bataille pour continuer de juguler l'inflation, ce mercredi.
Le président de la Fed, Jerome Powell, va expliquer son plan de bataille pour continuer de juguler l'inflation, ce mercredi. (Crédits : Reuters)

Les yeux seront aujourd'hui rivés sur Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed). Réunis depuis mardi matin pour définir le niveau de la prochaine hausse des taux directeurs, les membres du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) communiqueront leur décision ce mercredi à 14H00 (19H00 GMT), et le président de l'institution, Jerome Powell, tiendra une conférence de presse dans la foulée.

« Les marchés anticipent une hausse de seulement 25 points de base, soit un nouveau ralentissement dans la dynamique de hausse des taux après les 50 points de base en décembre », indique Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés chez IG France dans une note. Car la Réserve fédérale semble en effet au bout de sa politique de hausse des taux. Elle a, en effet, rehaussé sept fois ses taux depuis le mois de mars, les amenant alors de zéro à 4,25% et 4,50% aujourd'hui. Une politique suivie par les autres grandes banques centrales comme la Banque centrale européenne (BCE) qui a monté ses taux de zéro entre 2,5 et 3% depuis l'été dernier.

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Ce sera donc la huitième hausse des taux d'affilée en moins d'un an afin dans le but de de freiner les investissements et la consommation et donc de résorber l'inflation qui ronge le pays et le monde depuis plus d'un an.

Une politique de hausse des taux en bout de course

Ce mécanisme monétaire permettant de lutter contre l'inflation semble fonctionner. La hausse des prix est ainsi tombée en décembre à 5% sur un an, selon l'indice PCE, contre 5,5% le mois précédent et même 6,8% en juin 2022, son plus haut taux d'inflation depuis 40 ans. Un chiffre, publié mardi matin par le département du Travail, a semblé persuader les économistes que l'inflation est désormais durablement sur la bonne voie : le coût moyen d'un salarié. Au quatrième trimestre, la hausse des salaires depuis un an aux Etats-Unis a été moins forte que celles des trimestres précédents. L'inflation perd donc de l'ampleur et cela doit amener Jerome Powell à adoucir progressivement sa hausse des taux. Car un resserrement  trop important pourrait conduire à une récession étant donné que la consommation est le moteur de l'économie américaine.

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Ainsi, une hausse de 25 points de base est « prudent compte tenu du ralentissement de l'inflation des salaires et des prix et des chiffres faibles de l'activité » économique, relève Steve Englander, économiste pour Standard Chartered et ancien économiste à la Fed. Ian Shepherdson, chef économiste pour Pantheon, va encore plus loin, et estime même que « la Fed devrait ne plus relever (ses taux). Leur travail est terminé », a-t-il tweeté. Et d'avertir: « Chaque nouvelle hausse des taux de la Fed à partir d'ici ne fait qu'augmenter le risque d'une récession totalement inutile ». Il juge donc possible que la hausse anticipée pour ce mercredi soit la dernière de ce cycle. Avant une pause.

Mais ces perspectives de détente de la politique monétaire américaine ne font pas consensus. « Le risque pour la décision de la Fed mercredi semble moins résider dans la possibilité qu'elle relève encore sa fourchette de taux de 50 points de base d'un seul coup (ce qui serait véritablement un choc pour les marchés) mais plutôt que la Fed laisse la porte ouverte à de nouvelles hausses de taux après le premier trimestre pour amener le taux final au-delà de 5% », explique Alexandre Baradez, d'IG France.

Les gouverneurs divisés sur la politique monétaire en 2023

En effet, la communication des gouverneurs sur les volontés à moyen terme de la Fed semble parfois contradictoires. Ainsi, « dans la mesure où nous partions de taux proches de zéro au printemps, il était nécessaire d'agir rapidement. (...) Il est désormais temps de ralentir le rythme, sans le stopper », avait déclaré, le 20 janvier, Christopher Waller, un gouverneur de la Fed.

Des propos rassurants pour les marchés et les entreprises mais qui ont été nuancés par d'autres gouverneurs. « Il est évident que la politique monétaire doit encore aller plus loin », a estimé le président de l'antenne de la Réserve fédérale américaine (Fed) de New York, John Williams. Lael Brainard, la vice-présidente de la Fed s'est aussi dit « déterminée à maintenir le cap » d'une politique monétaire stricte tant que l'inflation n'a pas retrouvé son niveau attendu de 2%, a-t-elle déclaré jeudi 19 janvier lors d'un discours prononcé à l'école d'économie de l'université de Chicago. « L'inflation a ralenti ces derniers mois, ce qui est important pour les foyers et entreprises américains. Mais l'inflation reste élevée et il faudra du temps pour la ramener à 2%. Nous sommes déterminés à garder le cap », a-t-elle ajouté.

Si les marchés financiers sont confiants dans l'idée que la hausse des taux prenne fin en 2023, une décision contraire des banques centrales pourrait entraîner des déceptions et faire baisser le marché action.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 01/02/2023 à 10:42
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J'espère que la BCE va augmenter ses taux jusqu'à 4.75% comme aux USA cela fera monter les taux des livrets bancaires , plus ils sont élevés meilleure est la rente👍

à écrit le 01/02/2023 à 8:46
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C'est à croire que les dirigeants de la Fed n'ont jamais pris de cours d'automatique. Un simple automate informatisé aurait mieux dirigé les taux d'intérêt de la Fed depuis trois ans que ce qu'a fait une équipe d'humains soit disant qualifiée

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