L'inflation s'installe sur le long terme, la BCE prévoit de nouvelles hausses des taux

La Banque centrale européenne devrait de nouveau relever ses taux d'intérêt ce jeudi pour combattre l'inflation toujours trop élevée en zone euro. D'autant que l'amélioration du climat économique lui enlève des scrupules à durcir le cap monétaire. D'autres hausses devraient intervenir dans les mois suivants, qui dépendront de la situation économique. Les banques centrales américaine et britannique doivent aussi annoncer cette semaine un resserrement de leur politique monétaire.
Cette nouvelle hausse de 0,5 point portera le taux rémunérant les liquidités bancaires non distribuées en crédit à 2,5% et celui sur les opérations de refinancement à court terme à 3,0%.
Cette nouvelle hausse de 0,5 point portera le taux rémunérant les liquidités bancaires non distribuées en crédit à 2,5% et celui sur les opérations de refinancement à court terme à 3,0%. (Crédits : WOLFGANG RATTAY)

Le couperet tombera ce jeudi, mais l'issue est déjà quasiment connue d'avance : la BCE va de nouveau relever ses taux directeurs. En cause, une inflation encore bien trop élevée. Bien qu'elle ait reculé pour le deuxième mois consécutif en décembre - à 9,2% grâce au retour d'un calme relatif sur les marchés de l'énergie - elle est encore très au-dessus de l'objectif de 2% fixé par l'institution monétaire. Et l'inflation « sous-jacente » - hors énergie, alimentation, alcool et tabac - a en plus de nouveau augmenté en décembre, à 5,2%.

Côté bonnes surprises néanmoins, des indicateurs récents apaisent les craintes pour l'économie européenne, qui pourrait échapper cet hiver à une récession pourtant jugée inévitable il y a peu. Grâce à une amélioration des chaînes d'approvisionnement, la réouverture de la Chine après les restrictions sanitaires et les aides gouvernementales en zone euro, l'activité s'est reprise en janvier après six mois de contraction, selon le dernier indice PMI de S&P Global.

Dans ce contexte, Christine Lagarde « n'a pas d'autre choix que de réaffirmer », lors de la réunion de politique monétaire de ce jeudi, « son engagement du mois de décembre à délivrer une hausse de taux de 0,5 point de pourcentage, qui devrait se poursuivre au mois de mars », déclare à l'AFP Frederik Ducrozet, chef économiste chez Pictet. Cette nouvelle hausse portera le taux rémunérant les liquidités bancaires non distribuées en crédit à 2,5% et celui sur les opérations de refinancement à court terme à 3,0%, au plus haut depuis novembre 2008.

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Sûrement pas la dernière hausse

Après de longues années d'argent pas cher, l'institution présidée par Christine Lagarde mène depuis l'été une politique choc de taux d'intérêt destinée à refroidir l'activité économique, dans l'espoir de dompter l'envolée des prix survenue après la crise Covid et renforcée par la guerre en Ukraine. « La raison d'une hausse des taux de 0,50 point est claire : le travail de la BCE est loin d'être terminé » pour faire baisser l'inflation, résume Carsten Brzeski, économiste chez ING.

La BCE devra augmenter ses taux « à un rythme soutenu » pour atteindre « des niveaux suffisamment restrictifs », c'est-à-dire pénalisants pour l'activité, et « y rester aussi longtemps que nécessaire » pour vaincre la forte inflation, a récemment prévenu Christine Lagarde.

La consommation se maintenant à haut niveau, l'institut voudra « suppléer l'absence de correction spontanée de la demande », élément clé pour le recul des prix, explique à l'AFP Gilles Moec, chef économiste chez Axa.

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Les yeux déjà rivés sur la réunion de mars

Si la hausse des taux de 0,5 point jeudi ne fait aucun doute, les regards se portent déjà sur « la réunion de mars (qui) comportera également un nouvel ensemble de prévisions » économiques relèvent les analystes d'ING. Ces prévisions d'inflation et de croissance « devraient fortement influencer la décision de la BCE », soulignent-ils.

Les avis divergent déjà entre membres du conseil des gouverneurs de la BCE. Parmi les « faucons », adeptes d'un cours monétaire restrictif, le président de la Banque fédérale d'Allemagne Joachim Nagel ne serait pas « surpris » si les taux d'intérêt poursuivaient leur remontée après mars, a-t-il déclaré au magazine Der Spiegel. Chez les « colombes » prônant une approche plus souple, Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, s'est dit opposé à « toute orientation inconditionnelle » sur les taux au-delà de février.

Le rythme et le calendrier du resserrement monétaire après mars « dépendront de la conjoncture mondiale, entre ralentissement aux États-Unis et réouverture en Chine », conclut Frederik Ducrozet.

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Hausse attendue aussi par la Fed et la BoE

En parallèle de la BCE, la Banque centrale américaine (Fed) ainsi que celle d'Angleterre (BoE) tiennent aussi leur réunion cette semaine. Mercredi pour la première et jeudi également pour la seconde.

Outre-Atlantique, les investisseurs anticipent une hausse des taux d'un quart de point pour atteindre une fourchette de 4,50% à 4,75%. Depuis le début de l'année, ils s'obstinent à croire que les conditions financières seront assouplies dans la deuxième partie de l'année après un resserrement monétaire très significatif mais rien n'est garanti. Les signes de récession se renforcent aux États-Unis et l'inflation ralentit, laissant augurer des « baisses de taux mises à l'agenda plus tard dans l'année », croient les économistes d'ING.

Les opérateurs de marché misent sur les commentaires du patron de la Fed Jerome Powell pour obtenir des renseignements sur le nombre supplémentaire de hausses à prévoir et sur la durée à laquelle les taux se maintiendront à un niveau élevé. « Celui-ci pourrait ainsi surprendre les marchés, en décidant d'une hausse de 50 points de base ou d'une augmentation du rythme de la baisse du bilan de la Fed », prévient Vincent Boy, analyste marchés chez IG France.

Du côté de la Banque d'Angleterre, une hausse des taux de 50 points de base est largement anticipée pour lutter contre l'inflation.

Lire aussiEtats-Unis : la Fed va poursuivre la hausse des taux malgré les risques sur la croissance

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 30/01/2023 à 18:38
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"L'inflation s'installe sur le long terme" : Cette inflation, "qui s'installe sur le long terme", a été voulue, prévue et planifiée par la BCE, c'est évident. Les dirigeants de la BCE, ont des économistes experts, des logiciels de simulation, ils sav...

le 30/01/2023 à 23:29
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Avec la réforme de retraite.. ça va faire un cocktail explosif !! Faudra ça pas s étonner des débordements, sabotages etx.. quand les gens n ont plus rien à perdre .

à écrit le 30/01/2023 à 16:25
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L inflation quant s installer elle sortir de dégât économique grave car elle est m9ndisl et non régional aussi la moyen de faire installer l inflation est faut il apparaisse une installation financière et...

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