Hausse des taux : la Fed commence à calmer le jeu, la BCE devrait embrayer le pas

En réunion jusqu'à ce mercredi soir à Washington, le comité de politique monétaire a opté pour une hausse de l'ordre de 50 points de base des taux directeurs contre 75 les mois précédents alors que l'inflation commence à ralentir outre Atlantique. Actuellement compris entre 3,75 et 4,00%, le taux directeur de la Fed, grimpe donc jusqu'à 4,25-4,50%. Il s'agirait de son niveau le plus élevé depuis 2007. La BCE et la Banque d'Angleterre devraient également ralentir le rythme ce jeudi.
Le siège de la Réserve fédérale américaine
Le siège de la Réserve fédérale américaine (Crédits : CHRIS WATTIE)

La Fed cesse de sortir l'artillerie lourde pour lutter contre l'inflation. Après quatre fortes hausses des taux (de 0,75 point de pourcentage), la Réserve fédérale américaine a annoncé ce mercredi une augmentation d'un demi-point. Un relèvement certes plus modeste, mais qui reste néanmoins fort et inédit sur la dernière décennie puisqu'ils atteignent leur niveau le plus élevé depuis 2007 à 4,25 ou 4,50%. Ses responsables prévoient même de les faire grimper au-delà des 5,00%, alors qu'ils anticipaient 4,6% lors des précédentes prévisions, publiées en septembre. Car, si l'inflation a montré un « ralentissement bienvenu » (7,1% contre 7,7% en octobre)  selon l'expression de Jerome Powell, le président de la Fed  ce dernier estime qu'« il faudra nettement plus de preuves pour être confiants dans le fait que l'inflation est bien sur une tendance à l'apaisement ».

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Pas de récession évoquée

La Banque centrale américaine table désormais sur une inflation de 3,1% en 2023, contre 2,8% auparavant et veut la ramener autour de 2%. Pour 2022, elle table sur 5,6%, contre 5,4% il y a trois mois.  La Fed  a par ailleurs drastiquement réduit sa prévision de croissance pour 2023, tablant désormais sur 0,5% contre 1,2% auparavant. Elle l'a cependant un peu relevée pour cette année, à 0,5% également, contre 0,2% auparavant.

L'institution n'évoque pas de récession pour l'année prochaine, malgré les risques provoqués par sa lutte contre l'inflation, qui pourrait trop freiner l'activité économique.

« Je ne pense pas que quelqu'un sache s'il y aura ou non une récession » aux Etats-Unis, a souligné Jerome Powell.

Quant au taux de chômage, actuellement de 3,7%, la Fed le voit monter à 4,6% en 2023 et 2024, un peu plus haut que les 4,4% qu'elle prévoyait auparavant, ce qui «reste très solide», a encore commenté le président de la Fed.

Les employeurs devraient encore avoir des difficultés dans un proche avenir à embaucher, car le pays fait face selon lui à une «pénurie de main d'oeuvre structurelle », avec « 4 millions de personnes qui manquent », en raison, a-t-il expliqué, de départs en retraite anticipée, du million et demi de morts du Covid, et d'une immigration insuffisante Un phénomène qui contraint les entreprises à augmenter les salaires pour attirer les candidats et retenir leur personnel.

« Je ne pense pas que nous soyons dans une spirale prix-salaires », avait cependant dit la semaine dernière à des journalistes la secrétaire au Trésor, Janet Yellen.

Le desserrement de la politique monétaire devrait se poursuivre en début d'annéeLe marché table en effet sur une augmentation d'un quart de point lors de la réunion de la Fed en février, indiquaient mardi les contrats à terme sur les taux d'intérêt.

Réunion de la BCE ce jeudi

Côté européen, la Banque centrale européenne (BCE) tient également une réunion de revue de sa politique monétaire ce jeudi, dans un contexte où la courbe d'inflation s'est un peu aplatie en novembre dans la zone euro, à 10%, contre 10,6% le mois précédent, grâce à une accalmie des coûts de l'énergie. Selon les observateurs, l'ampleur de la hausse sera probablement moindre que les augmentations de 0,75 point de pourcentage en septembre et octobre. Pour Christine Lagarde, le pic n'est pas encore passé. Dans l'immédiat « mes meilleurs économistes (au sein de la BCE) » voient encore le risque d'une inflation « en hausse » indiquait-elle la semaine dernièreDans ce contexte les taux d'intérêt « sont et resteront le principal outil de lutte contre l'inflation ».

Le directeur de la Banque de France François Villeroy de Galhau appelle également à ce qu'à la réunion de la BCE « du 15 décembre, nous devrions terminer la première mi-temps, de normalisation » de la politique monétaire après plusieurs années de taux exceptionnellement bas, proches de zéro voire négatifs depuis 2016.

« Nous discuterons autour de Christine Lagarde (ndlr : la présidente de la BCE) et je pense que la bonne mesure serait de relever les taux d'intérêt pour arriver autour de 2%, un taux plus normal au regard des niveaux passés », a-t-il déclaré le 4 décembre.

Une hausse de 0,50 point, permettrait d'atteindre 2%. Le rythme du cycle de hausse est le plus rapide depuis la création de la BCE en 1999.

L'hypothèse d'une nouvelles hausse « jumbo » de 0,75 point de pourcentage n'est toutefois pas écartée par certains « faucons » au conseil des gouverneurs. Car la hausse des prix reste très éloignée de l'objectif de 2% visé par l'institut monétaire.

Les 25 membres du Conseil des gouverneurs se décideront à partir de nouvelles prévisions sur l'inflation et la croissance à l'horizon 2025.

L'inflation « devrait rester très supérieure à 2% en 2023 et 2024 », du fait des rattrapages de salaires après les pertes de pouvoir d'achat liées à la crise énergétique, et des soutiens publics aux ménages et entreprises, prédit Eric Dor, directeur des Études économiques à l'école de commerce IESEG.

Les nouvelles prévisions devraient également montrer que l'économie de la zone euro se contractera au dernier trimestre 2022 et au premier trimestre 2023, ce qui correspond à la définition technique d'une récession. Mais cette récession pourrait se révéler modérée, en partie grâce aux mesures d'aide massives prises par les gouvernements européens.

La Banque d'Angleterre a augmenté ses taux de 0,50 point

La Banque d'Angleterre (BoE) a relevé, ce jeudi, jeudi son taux directeur d'un demi-point de pourcentage, le portant à 3,5%, un sommet depuis octobre 2008. Un nouveau relèvement avec toujours pour objectif de contenir une inflation qui frôle 11% et malgré une économie britannique qui s'engage sur la voie d'une récession.

Le Comité de politique monétaire (MPC) de la BoE a voté pour « une hausse du taux directeur de 0,5 point de pourcentage », a indiqué l'institution britannique dans un communiqué, soit moins que le niveau de 0,75 point du mois précédent, même si « de nouvelles hausses pourraient être nécessaires », selon elle.

Commentaires 5
à écrit le 15/12/2022 à 7:06
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On ne dit pas "embrayer le pas" qui ne veut rien dire mais " emboiter le pas", cad se mettre à suivre quelqu'un immédiatement et de près. Dont acte !

à écrit le 15/12/2022 à 0:18
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La FED mène une politique normale dans un monde qui ne l'est plus. L'inflation est généralisée au niveau mondial, ce qui prouve que la politique sur les taux qui impliquent le dollar n'est pas le principal ressort de la lutte contre l'inflation. Le p...

à écrit le 14/12/2022 à 14:29
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y a 10% d'inflation et le monsieur trouve tres bien et tres approprie des taux a 4-4.5%.........il devrait retourner sur les bancs de l'ecole.........c'est penibles, ces incompetents qui font n'importe quoi, et qui pour essayer de compenser leurs err...

à écrit le 14/12/2022 à 9:46
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Dans deux semaines max, les Gallo et La Garde, les suiveurs diront la même chose.

à écrit le 14/12/2022 à 9:07
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Oui, oui, oui comme vous avez raison ! y'a pas que le fric dans la vie... quand les prolos que vous évoquez l'auront compris , ils se plaindront moins. Ils n'ont qu'à allé voir en Corée du Nord comme vous le dites souvent. Ils comprendront la chance ...

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