Ce n'est pas réellement une surprise... Le président français a rejeté la demande d'asile de Julian Assange. L'Elysée a estimé que le fondateur de Wikileaks ne se trouvait pas dans une "situation de danger immédiate". Mais ce sont probablement ses poursuites dans une affaire de droit commun (la Suède a lancé un mandat d'arrêt en 2010 pour des soupçons de viol et agression sexuelle) qui justifient le plus la position de François Hollande.
En filigrane, apparaît évidemment l'alliance avec les Etats-Unis qui recherchent l'homme qui a divulgué des milliers d'informations classées "secret défense". Julian Assange n'a toujours pas quitté l'ambassade de l'Equateur à Londres, où il a trouvé refuge depuis juin 2012. Mais il se sent de plus en plus à l'étroit et cherche à sortir de cette impasse.
Le droit d'asile, une procédure dépolitisée
En ce qui concerne la France, Julian Assange n'a pas épuisé toutes ses voies de recours. La procédure de demande d'asile auprès de la présidence -qu'il vient d'utiliser et qui a échoué- s'appelle "le droit de séjour". C'est une prérogative du président de la République. Il existe néanmoins deux autres procédures qui n'ont plus rien à voir avec des considérations politiques.
Ainsi, Julian Assange pourrait réclamer le droit d'asile, régi par la Convention de Genève. D'après ce traité, est éligible
"toute personne qui, craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut, ou du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n'a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut, ou en raison de la dite crainte, ne veut y retourner".
En France, c'est l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) qui se prononce sur le statut de réfugié politique. Julian Assange devra prouver que la divulgation d'informations militaires d'un pays démocratique est de nature à être qualifiée d'opinion politique de nature à nécessiter une protection.
Julian Assange ne risque pas la peine de mort
Enfin, il existe un troisième statut, mais dont Julian Assange pourra difficilement se prévaloir. Il s'agit de la protection subsidiaire qui vise toute personne menacée de la peine capitale dans le pays dans lequel il est poursuivi. Or, les faits pour lesquels les Etats-Unis le poursuivent ne sont pas passibles de la peine de mort, même si la peine est potentiellement très lourde (trente ans de prison).
En 2013, la question s'était posée concernant Edward Snowden qui, coincé à l'aéroport de Moscou, avait formulé plus de 20 demandes d'asile à travers différents pays. Edward Snowden vit désormais en Russie mais avec un statut de réfugié extrêmement précaire.