L'Argentine revient sur les marchés financiers 15 ans après sa faillite

Le ministre des Finances doit rencontrer la semaine prochaine les investisseurs potentiels, parmi lesquels la Deutsche Bank. Le pays compte lever 11 milliards d'euros.
Le gouvernement argentin prévoit d'utiliser la somme levée justement pour rembourser les créanciers qui attendent depuis la faillite historique de 2001.

En 2001, en se retrouvant dans l'incapacité de rembourser une dette de 80 milliards de dollars (70,5 milliards d'euros au taux de change actuel), l'Argentine avait déclaré une faillite d'une ampleur à l'époque inédite pour un Etat -et depuis dépassée seulement par celle de la Grèce en 2012. Quinze ans plus tard, le pays semble être concrètement de retour sur les marchés financiers.

Buenos Aires envisage en effet d'émettre une offre d'obligations de la valeur de 12,5 milliards de dollars (environ 11 milliards d'euros) la semaine prochaine, notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Un groupe de fonctionnaires argentins, guidés par le ministre des Finances Luis Caputo, rencontreront les investisseurs potentiels à New York, Los Angeles et Washington la semaine prochaine, apprend-on d'une lettre obtenue par le Wall Street Journal et rendue publique jeudi 7 avril. La lettre a été envoyée aux investisseurs potentiels par Deutsche Bank, l'un des quatre principaux établissements ayant souscrit l'opération, avec HSBC Bank, J.P. Morgan Chase le groupe Santander. Dans la liste figurent également Banco Bilbao Vizcaya Argentaria, UBS Group et Citigroup Inc.

Un retard probable dans le remboursement des créanciers

Le gouvernement argentin prévoit d'utiliser la somme levée justement pour rembourser les anciens créanciers du pays. Le gouvernement du nouveau président, Mauricio Macri, est en effet parvenu à signer un accord en février avec les fonds vatours américains qui avaient racheté cette dette, accord ensuite approuvé par les députés comme par les sénateurs argentins. L'Argentine s'est engagée à verser aux créanciers 6,65 milliards de dollars avant le 14 avril. Paradoxalement, l'objectif de cet accord est notamment de permettre le retour de l'Argentine sur les marchés financiers.

Cependant, il est improbable que l'Argentine soit en mesure de respecter le délai convenu, souligne le WSJ, citant des fonctionnaires argentins interrogés cette semaine. Le tour de table entrepris par Luis Caputo doit en effet se terminer le 15, alors qu'une audience concernant le remboursement des créanciers est programmée à Manhattant le 13.

Le défi crucial auquel doit faire face l'Argentine d'ici là est celui de convaincre les investisseurs potentiels à placer encore une fois leur argent dans le pays à des taux de rémunération modérés malgré le caractère risqué de l'opération et la probabilité que le prix des obligations argentines baisse pendant les prochaines années, en raison du déficit du pays.

Commentaire 1
à écrit le 08/04/2016 à 11:32
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Un Etat n'est pas une entreprise ou un bon père de famille, il ne fait pas faillite. Un Etat fait défaut sur sa dette. Défaut de paiement et faillite ne recouvrent pas exactement la même réalité. Et prétendre le contraire, c'est vouloir implicitement...

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