L'économie japonaise rebondit mais pourrait vite s'essouffler

Le PIB japonais a affiché une croissance de 0,5% au second trimestre, à la faveur d'une plus forte consommation des ménages. Mais le pays reste en proie à d'importants vents contraires sur son économie : la chute de sa monnaie, le yen, grignote sa balance commerciale, tandis que la nouvelle vague de covid que traverse le pays, couplée à l'inflation, devrait ralentir la consommation de ses habitants.
(Crédits : Reuters)

Une respiration, après un début d'année marqué par la stagnation. Au dernier trimestre, entre avril et juin, l'économie japonaise a retrouvé son niveau de 2019, avant le covid, à la faveur d'une croissance de son PIB de 0,5%, selon les données préliminaires du gouvernement.

Mais cette tendance profite d'effets temporaires, et pourrait donc s'essouffler dès la fin de l'année. Pour cause : le PIB est tiré à la hausse par une plus forte consommation des ménages (+1,2% sur le trimestre) qui profite de la récente levée des restrictions sanitaires dans le pays. Le Japon avait réinstauré ces mesures au premier trimestre, entre janvier et mars, face à une vague du variant Omicron. Le mois dernier, la Banque du Japon (BoJ) a abaissé à 2,4% sa prévision de croissance du PIB en 2022/23, contre 2,9% lors de ses précédents pronostics en avril. Mais elle a relevé de 0,1 point sa perspective de croissance pour 2023/24, à 2%.

Le commerce extérieur toujours à la peine

Le sursaut du dernier trimestre ne cache qu'à peine le problème de fond rencontré par l'économie japonaise. Son moteur historique, le commerce extérieur, continue d'être freiné par les confinements chinois et par la chute du yen. Résultat : le pays affiche un déficit commercial depuis août 2021, soit près d'un an.

Cette mauvaise passe du commerce extérieur alimente un cercle vicieux, puisqu'il alimente l'instabilité du yen, qui elle-même influence la balance commerciale... Malgré cette situation, la Banque du Japon insiste sur sa politique monétaire ultra-accommodante pour lutter contre une inflation élevée. En juin, elle conservé son taux négatif de 0,1% sur les dépôts des banques auprès d'elle, et va poursuivre sa politique d'achats illimités d'obligations publiques japonaises (JGB) à dix ans visant actuellement à plafonner leurs rendements à 0,25%. Elle s'inscrit à rebours des autres économies développées, Etats-Unis en tête, qui ont relevé leurs taux directeurs, une mesure considérée comme l'une des clés pour tenter de lutter contre l'inflation.

Au Japon, l'inflation, bien qu'à un niveau inédit depuis 2015, s'élevait à un niveau modéré de 2,1% en avril (hors produits frais). Un niveau d'autant plus acceptable qu'il est conforme sur le papier à l'objectif de 2% de la BoJ, dans un pays longtemps aux prises avec la déflation.

Le covid, encore et toujours un poids

Pour le troisième trimestre, les économistes s'inquiètent de vents contraires qui pourraient drainer la dépense des ménages. D'un côté, l'inflation japonaise, qui demeure modérée comparée aux autres pays industrialisés, devrait peser sur la consommation des foyers alors que les salaires augmentent moins vite que les prix.

De l'autre, la remontée des infections au coronavirus devrait peser sur l'économie. Le Japon connaît depuis fin juin une septième vague de cas de Covid-19, la plus violente jusque-là en termes de cas recensés quotidiennement. Contrairement au début d'année, aucune restriction n'a été annoncée, pour l'instant.

Dans une note d'UBS relayée par l'AFP en amont de l'annonce du PIB, les analystes Masamichi Adachi et Go Kurihara nuançaient l'effet de ces vents contraires sur la fin de l'année : "le taux d'épargne des ménages est assez élevé et les bénéfices des entreprises sont importants, ce qui signifie que le potentiel d'augmentation des dépenses est significatif" au cours des prochains mois. A long terme cependant, "les perspectives sont peu réjouissantes", a récemment souligné Yuki Masujima de Bloomberg Economics, estimant que la population qui diminue au Japon "signifie que le PIB potentiel se dirige vers une contraction inévitable".

(Avec AFP)

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