La croissance mondiale sera meilleure que prévu, la récession s'éloigne (pour l'instant), assure le FMI

Le FMI a révisé à la hausse ses prévisions de croissance pour 2023 de 0,2 point, passant de 2,7% à 2,9%. La réouverture plus rapide que prévu de la Chine devrait permettre de tirer la croissance vers le haut. L'inflation mondiale devrait marquer le pas passant de 8,8% en 2022 à 6,6% en 2023. Mais l'indice des prix à la consommation restera encore supérieur à son niveau d'avant pandémie (3,5%).
Grégoire Normand
Le Fonds monétaire international réhausse ses perspectives de croissance en 2023
Le Fonds monétaire international réhausse ses perspectives de croissance en 2023 (Crédits : YURI GRIPAS)

L'atterrissage de l'économie planétaire va-t-il se faire en douceur ? Après les craintes de récession à la fin de l'année 2022, la croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial pourrait ralentir moins fortement que prévu en 2023. « Le niveau de croissance restera faible par rapport aux normes historiques, les mesures pour combattre l'inflation et la guerre menée par la Russie en Ukraine pesant sur l'activité économique. En dépit de ces vents contraires, les perspectives sont moins sombres par rapport aux prévisions que nous avions établies en octobre, » a expliqué l'économiste en chef français du FMI, Pierre Olivier Gourinchas dans une note de blog.

L'institution internationale basée à Washington a révisé à la hausse ses chiffres de croissance pour 2023 de 0,2 point, passant de 2,7% à 2,9% dans la dernière mise à jour de ses prévisions dévoilées ce mardi 31 janvier intitulées « Inflation au sommet et croissance en berne ». Les économistes ont également revu à la hausse leurs dernières estimations pour 2022 de 0,2 point, passant 3,2% à 3,4%. « Une contraction du PIB mondial ou du PIB mondial par habitant, qui se produit souvent en cas de récession mondiale, n'est pas à craindre, » soulignent les économistes.

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La Chine pourrait tirer la croissance mondiale en 2023

L'économie chinoise accélère plus vite que prévu. Après un rebond spectaculaire en 2021 (8,4%) et un forte inflexion en 2022 (3%), la croissance devrait accélérer à 5,4% en 2023. Le FMI a révisé son chiffre de croissance de 0,8 point par rapport à sa livraison d'automne pour 2023. La réouverture de la Chine a conduit les économistes du Fonds à plus d'optimisme. « Le pays est désormais sur la voie d'une réouverture complète, » indiquent les statisticiens. Cette levée des mesures prophylactiques a permis à la consommation, traditionnel moteur de l'économie asiatique, de repartir. Mais de nombreuses craintes sanitaires demeurent dans les zones et les métropoles les plus peuplées.

L'activité a marqué le pas en fin d'année 2022 à Pékin notamment en raison des flambées de contamination. Les milieux économiques tablent sur des campagnes de vaccination plus poussées. En outre, la crise de l'immobilier est loin d'être retombée. « Le processus de restructuration des promoteurs progresse lentement, et ce, dans un contexte de crise persistante du marché immobilier, » précise le FMI.

A l'échelle du globe, la fin de cette politique zéro-covid pourraient avoir des répercussions macroéconomiques importantes. Compte tenu du poids de l'économie chinoise dans l'économie mondiale, la réouverture des ports de commerce et des vastes métropoles pourraient doper les échanges sur la planète et la demande adressée au reste du monde.

Coup de froid sur l'économie européenne

En Europe, l'économie tourne au ralenti depuis l'éclatement de la guerre en Ukraine il y a près d'un an. Après 3,5% en 2022, la croissance de la valeur ajoutée devrait accélérer de 0,7%. Le FMI est certes plus optimiste qu'à l'automne (0,5%) mais de nombreux indicateurs sont au rouge. En Allemagne, le FMI table sur une croissance quasi-nulle (0,1%) en Allemagne en 2023. Outre-Rhin, les moteurs de l'industrie toussent en raison de la flambée des prix de l'énergie et de l'exposition des usines allemandes aux prix du pétrole et du gaz russes.

L'économie française devrait également marquer le pas à 0,7% cette année contre 2,6% en 2022. Le FMI n'a pas bougé ses prévisions pour l'Hexagone. De son côté, l'Insee a indiqué ce mardi 31 janvier que le PIB avait accéléré de 2,6% en moyenne sur l'année 2022 mais ce chiffre masque une activité peu dynamique d'un trimestre à l'autre. « Ce chiffre résulte surtout du rebond aux 2e et 3e trimestres 2021, en sortie de crise sanitaire. La croissance au trimestre le trimestre a ensuite été moins dynamique », a expliqué le chef du département de la conjoncture à l'Insee, Julien Pouget.

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Dans le Sud de l'Europe, l'activité devrait également s'essouffler cette année. L'organisation basée à Washington table sur une croissance de 0,6% en Italie (3,9% en 2022) et 1,1% en Espagne (5,3% en 2022) en 2023.

Coup de frein aux Etats-Unis

De l'autre côté de l'Atlantique, la croissance devrait s'infléchir passant de 2% à 1,4% entre 2022 et 2023. La croissance annuelle en 2023 est révisée à la hausse de 0,4 point de pourcentage, « du fait des effets de report de la résistance de la demande intérieure en 2022, » expliquent les conjoncturistes.

En revanche, le resserrement monétaire de Réserve fédérale américaine (FED) a amené les économistes de Washington a révisé à la baisse leurs chiffres de croissance du PIB pour 2024 de 0,2 point. L'économie étasunienne marquerait le pas à 1%.

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Le spectre de la récession s'éloigne pour le moment en Europe

Les craintes d'une récession se dissipent légèrement en ce début d'année 2023 dans les sphères économiques et financières. En Europe, la baisse des prix de gros sur les marchés de l'énergie, l'hiver doux et les réserves de gaz devraient permettre de limiter la casse sur les entreprises et les ménages.

En revanche, la poursuite de la hausse des taux par la Banque centrale européenne (BCE) pourrait porter un coup sévère à l'économie de la zone euro empêtrée dans une succession de crises à rallonge (énergétique, sanitaire, inflation). En outre, « l'inflation sous-jacente, qui exclut les prix plus volatils de l'énergie et des denrées alimentaires, n'a pas encore atteint son pic dans de nombreux pays », a précisé Pierre Olivier Gourinchas. Les difficultés pour les ménages et les entreprises sont encore loin de s'effacer.

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Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 01/02/2023 à 8:04
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Le FMI mais aussi la BCE sont des girouettes des prévisions. Ces dernières changent tous les matins car évaluer l'économie est impossible. Peut être un jour par m' IA mais certainement par les nostradamus des institutions.

à écrit le 31/01/2023 à 19:08
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Heureusement, que nous avons des médias bien réactif, il m'ont évité de sauter par la fenêtre ! ;-) La prochaine fois attendez la "bonne nouvelle" pour éviter de vous contredire !

à écrit le 31/01/2023 à 11:50
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Où sont passés les estimations du FMI sur le retour de la croissance en Russie? Je ne les vois pas. À ce dtade, votre russophobie relève peut-être de l'incompétence ou de la propagande. Dès lors, ce journal est-il encore un journal économique? Je ne ...

à écrit le 31/01/2023 à 10:21
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Le FMI n'est-il pas fatigué d'envoyer des "fakenews" depuis trois lustres? Pour la Fed de Dallas qui a affiché une chute de l'activité des usines pour le 9e mois consécutif, cela ne fait aucun doute que la récession est en marche. Par ailleurs, des i...

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