L’Iran menace de multiplier les centrifugeuses et de rouvrir la voie du nucléaire militaire

La République islamique fait monter la pression avec un inquiétant plan sur l'enrichissement d'uranium alors que, après le retrait des Etats-Unis le 8 mai dernier, les autres signataires de l'accord de 2015 (Chine, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) s'efforcent de sauver le compromis.
L'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la révolution iranienne.
L'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la révolution iranienne. (Crédits : Caren Firouz)

L'Iran a entamé des préparatifs en vue de construire sur son site de Natanz de nouvelles centrifugeuses destinées à accroître sa capacité d'enrichissement de l'uranium, a annoncé ce mardi 5 juin le vice-président iranien Ali Akbar Salehi.

Le vice-ministre qui est aussi le porte-parole l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) a également précisé qu'"une lettre a été déposée à l'Agence internationale de l'énergie atomique hier [lundi] sur le commencement de certaines activités".

C'est la conséquence directe de la demande expresse du guide suprême de la Révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, qui, hier lundi 4 juin, dans un discours télévisé, a ordonné à ses services de se préparer à augmenter rapidement la capacité d'enrichissement d'uranium de l'Iran, dans l'hypothèse où l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien viendrait à s'écrouler.

Un accord mal en point

De fait, l'accord est mal en point. Après le retrait des États-Unis le 8 mai dernier, les autres signataires (Chine, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) tentent en effet de sauver le compromis et de rétablir le dialogue en s'efforçant de convaincre Téhéran d'une part de revenir sur son programme de développement de missiles balistiques et d'autre part de réduire son influence dans la région.

Or, Ali Akbar Salehi a aussi insisté sur l'importance pour la sécurité de l'Iran de son programme de missiles balistiques et prévenu les Européens qu'il ne fallait espérer aucune concession de Téhéran sur ce plan.

Pour mémoire, aux termes de l'accord sur le nucléaire signé à Vienne en 2015, qui prévoit un allègement des sanctions contre l'Iran en échange d'un encadrement strict de ses activités nucléaires, l'Iran a été contraint de réduire la capacité de ses infrastructures d'enrichissement de l'uranium-235.

Mais l'Iran a aussi été obligé de limiter l'enrichissement de son uranium à un taux autour de 3,6%. En effet, l'uranium utilisé pour la production d'électricité à titre civil requiert un taux d'enrichissement entre 3% à 5%. L'enrichissement à 20% est le seuil retenu par l'AIEA avant le palier de l'uranium hautement enrichi, qui ouvre la voie à des applications militaires. Pour fabriquer une arme nucléaire, la teneur en isotope 235 doit être de l'ordre de 80% à 99%.

Menace de reprendre l'enrichissement d'uranium de niveau militaire

L'Iran a fixé ses conditions pour rester dans l'accord nucléaire. Téhéran veut des mesures pour protéger ses activités commerciales internationales et garantir ses ventes de pétrole. Et dans le cas contraire a annoncé disposer de plusieurs options si les Européens ne parvenaient pas à préserver l'accord de 2015.

Notamment la République islamique a menacé de reprendre son enrichissement d'uranium à 20%, ce qui est interdit en vertu de l'accord de Vienne de juillet 2015.

Accusant les États-Unis de "mener une guerre économique et psychologique" contre Téhéran parce qu'ils ne veulent pas "d'un Iran indépendant dans la région", Ali Khamenei a prévenu que son pays "attaquerait dix fois plus s'il était attaqué".

Mais l'Iran, accusé par les États-Unis et Israël de chercher à vouloir se doter de l'arme atomique, ne cesse de répéter que son programme nucléaire est uniquement à visée pacifique et civile.

(avec Reuters)

Commentaires 13
à écrit le 07/06/2018 à 6:36
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Si l'Iran met ses menaces a execution a propos d'enrichissement militaire, je doute fort qu'Israel reste les bras croises. Ca va saigner.

à écrit le 06/06/2018 à 18:38
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A l'origine la religion a été donnée pour soigner les âmes , je ne comprend plus ce monde .

à écrit le 06/06/2018 à 14:36
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Les Européens ont capitulé en rase campagne devant les Américains. A part quelques coups de mentons, aucune action concrète. Trump, mais aussi les Chinois, s'en souviendront et vont continuer à nous humilier. Ils auraient tort de s'en priver vu le ...

à écrit le 06/06/2018 à 14:21
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La réaction de l'Iran montre que Trump a peut-être raison...

le 06/06/2018 à 17:51
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@ BH ; En 1940 , les Us ont fait un blocus pétrolier à l' encontre du Japon...La suite Pearl Harbor....

le 06/06/2018 à 19:20
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La réaction de Trump montre que l'Iran a raison de chercher à se doter de la cape d'invincibilité nucléaire puisque depuis 30 ans les USA cherchent à détruire l'Iran, comme ils ont détruit l'Irak (et en utilisant à peu près les mêmes arguments fallac...

à écrit le 06/06/2018 à 11:07
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Les USA entrainent dans leur chute les européens. Les chinois vont prospérer au moyen orient en remplaçant nos entreprises européennes. Les iraniens et le monde chiite s'en souviendront, car non seulement ils se détourneront de nos produits mais ils ...

le 06/06/2018 à 12:15
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Elle est bien gentille votre propagande mais l'Europe n'empêche pas la France de se défendre toute seule. Les anglais quittent l'Union européenne, le résultat c'est qu'on ne les entend plus du tout.

à écrit le 06/06/2018 à 10:46
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l amerique en perte de vitesse economique se sert de ce pretesque pour enpeche le commerce international a sont profit si personne ne reagie nous allons vers des lendemains tragique pour les pays dependant de l amerique et l europes en fais partie, c...

à écrit le 06/06/2018 à 10:44
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L'iran n'a jamais cessé de tout faire pour avoir l'arme nucléaire, car les installations militaires travaillant sur le nucléaire, ne sont pas visités par els observateurs, c'est aussi stipulés dans le traité. C'est réellement un traité de dupes, et ...

le 06/06/2018 à 12:18
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L'Iran n'a qu'un but, se protéger des USA, ne retournez pas la situation.

à écrit le 06/06/2018 à 8:26
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C'est bien ils ont raison comme ça d'ici deux ans il y aura des bases américaines à Téhéran et au final c'est peut-être pas plus mal.

à écrit le 05/06/2018 à 22:37
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Total, Peugeot, Airbus…..et autres….Tous doivent laisser ce marché de 80 millions d'hab, naissant, sinon sanctions U.S pire encore. Russes, Chinois, Indiens remplaceront facilement les Eur. Et l'Iran va continuer son expansionnisme et déstabilisation...

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