Un peu moins d'un an après avoir créé un Conseil du commerce et des technologies (CCT) avec les États-Unis, l'Union européenne vient de faire de même avec l'Inde ce lundi 25 avril. Concrètement, ce CTT sert à coordonner les approches des deux parties à l'égard des principales questions mondiales en matière de commerce, d'économie et de technologie, notamment pour approfondir les relations commerciales et économiques.
La création de ce CTT UE-Inde a été accélérée par la guerre en Ukraine. « Les deux parties sont convenues que les changements rapides de l'environnement géopolitique soulignent la nécessité d'un engagement stratégique conjoint approfondi », disent l'UE et l'Inde dans un communiqué conjoint.
« Cette relation est aujourd'hui plus importante que jamais. Nous avons beaucoup en commun, nous sommes des démocraties dynamiques et nous sommes de fervents partisans de l'ordre international fondé sur des règles. Mais nous sommes aussi confrontés à un paysage politique difficile », a indiqué Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, au deuxième jour d'une visite à New Delhi.
Ce Conseil fournira « le pilotage politique et la structure nécessaire pour rendre les décisions politiques opérationnelles, coordonner le travail technique et rendre compte aux échelons politiques de la mise en œuvre et du suivi des domaines qui sont importants pour le développement durable des économies de l'Europe et de l'Inde », ajoute le texte.
Les négociations sur un accord de libre-échange entre l'Inde et l'UE sont bloquées depuis 2013 sur des dossiers tels que la protection des brevets et les réductions tarifaires, même si les deux parties ont convenu en mai 2021 de reprendre les pourparlers. L'UE est le troisième partenaire commercial de l'Inde et la valeur de leurs échanges était d'environ 62,8 milliards d'euros en 2020, selon la Commission européenne.
Réduire la dépendance de l'Inde à la Russie
La création de ce Conseil s'inscrit dans le cadre d'un plan européen plus large en vue d'accélérer les négociations commerciales avec l'Inde et lui proposer une alternative viable pour se diversifier par rapport à la Russie, selon Bloomberg News, citant une source ayant requis l'anonymat. Car le pays est dépendant des importations d'énergie, de produits agricoles et d'armement en provenance de Russie.
La visite d'Ursula von der Leyen à New Delhi intervient après celle du Premier ministre britannique Boris Johnson, de hauts responsables américains et des ministres des Affaires étrangères russe et chinois.
Le Royaume-Uni et l'Inde ont ainsi conclu, en fin de semaine dernière, un partenariat « nouveau et élargi » en matière de défense et de sécurité. Les deux pays sont également en pourparlers sur un accord commercial post-Brexit suspendu au souhait du gouvernement indien que davantage de visas soient accordés aux Indiens pour travailler ou étudier au Royaume-Uni. Boris Johnson avait précisé qu'ils étaient sur la voie de la finalisation d'un accord de libre-échange attendu d'ici octobre.
Début avril, c'est avec l'Australie que l'Inde a signé un accord de libre-échange provisoire qui réduit les droits de douane sur plus de 85% des exportations australiennes vers l'Inde. C'est "un message clair sur le fait que les démocraties travaillent ensemble et assurent la sécurité de nos chaînes d'approvisionnement", a déclaré le Premier ministre australien Scott Morrison.
Les négociations sur un accord global entre l'Inde et l'Australie ont été lancées il y a plus de dix ans, mais elles avaient achoppé en 2015. Un pacte commercial complet est maintenant en cours de négociation et Scott Morrison mise sur une signature d'ici la fin de l'année.
L'Inde a par ailleurs signé en février dernier avec les Émirats arabes unis un accord économique « d'étape » afin de dynamiser le commerce et les investissements.
(Avec agences)