C'est une mesure qui avait été annoncée par le président Joe Biden le mois dernier, mais qui devait être validée par les élus de la Chambre et du Sénat américains. Les États-Unis ont officiellement révoqué jeudi 7 avril le statut commercial de la Russie et du Bélarus en réponse à la guerre en Ukraine, afin « d'isoler davantage la Russie sur la scène mondiale ».
En privant la Russie de sa « clause de la nation la plus favorisée », un principe de réciprocité de base dans le libre-échange, les Occidentaux la couperaient de facto du jeu mondial du libre-échange, et se donneraient le droit de taxer lourdement les importations de produits russes.
En ce qui concerne les États-Unis, seuls deux autres pays sont pour l'instant exclus de ce principe de réciprocité qui fonde l'essentiel des relations commerciales internationales : Cuba et la Corée du Nord. Le projet de loi du Congrès exige aussi des États-Unis qu'ils appellent à la suspension de la Russie de l'Organisation mondiale du commerce.
Le Congrès a par ailleurs aussi voté une interdiction d'importer de l'énergie russe, emboîtant le pas au président américain qui a annoncé un embargo sur ces matières début mars par décret.
L'an dernier, les États-Unis ont importé pour quelque 30 milliards de dollars de produits russes - dont 17,5 milliards de dollars de pétrole brut, une marchandise sur laquelle Washington vient tout juste de décréter un embargo pur et simple.
15 ans de progrès économiques effacés par les sanctions
Hier également, le Trésor américain a annoncé avoir sanctionné deux nouvelles entreprises contrôlées par l'État russe. La première est Alrosa, géant minier qui représente à lui seul 90% des diamants extraits en Russie et 28% du marché mondial. Le groupe avait déjà été visé par des sanctions, mais le gouvernement américain les étend.
La seconde est la United Shipbuilding Corporation (USC), premier constructeur naval russe et « responsable de la construction de la quasi-totalité » des navires de guerre du pays, selon le communiqué du département américain au Trésor.
Tout cela s'ajoute à plusieurs salves de mesures occidentales adoptées ces dernières semaines, destinées à couper peu à peu les liens économiques et financiers avec le reste du monde du pays dirigé par Vladimir Poutine. Tous les nouveaux investissements en Russie sont par exemple interdits. L'exécutif américain va aussi imposer les contraintes les plus sévères qui soient à l'incontournable banque publique Sberbank et à la plus grande banque privée du pays, Alfa Bank. Ces institutions, déjà visées par des sanctions moins lourdes, subiront un gel de tous leurs avoirs « en contact avec le système financier américain », et seront interdites de toute transaction avec des acteurs américains, selon la Maison Blanche.
« Nos sanctions vont certainement effacer quinze ans de progrès économique en Russie » et « nous allons étouffer (sa) capacité à croître pour des années », a déclaré Joe Biden, mercredi 6 avril.
Selon Washington, la Russie pourrait voir son économie s'effondrer de quelque 15% cette année.
Les filles de Poutine visées
Washington va également sanctionner les deux filles du président russe, identifiées par le Trésor américain comme Maria Vorontsova et Katerina Tikhonova. Leurs avoirs aux États-Unis seront gelés et leurs liens avec le système financier américain sectionnés. « Nous pensons que beaucoup des avoirs de Poutine sont dissimulés à travers des membres de sa famille, et c'est pourquoi nous les visons », a indiqué un haut responsable américain.
Le même traitement sera appliqué à la femme et à la fille du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, Maria Lavrova et Yekaterina Vinokurova, ainsi qu'aux membres du Conseil de sécurité russe, dont fait partie notamment l'ancien président et Premier ministre Dmitri Medvedev.
Les États-Unis ont aussi annoncé cette semaine l'inculpation du milliardaire Konstantin Malofeev pour avoir violé les sanctions américaines imposées après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. L'oligarque, considéré comme l'une des principales sources de financement des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, est accusé d'avoir « tenté d'échapper aux sanctions en utilisant des complices pour acquérir et diriger en cachette des médias à travers l'Europe ».
(Avec AFP)