La Banque nationale suisse ouvre le bal des baisses de taux directeurs

La Banque nationale suisse a décidé ce jeudi d'abaisser son taux directeur pour la première fois depuis deux ans. Une décision qui devrait bientôt être suivie par d'autres grandes banques centrales, puisque celle de Norvège et la BCE ont annoncé, ces derniers jours, envisager des baisses prochainement grâce au ralentissement de l'inflation et de la croissance.
Photo d'illustration du drapeau suisse.
Photo d'illustration du drapeau suisse. (Crédits : DENIS BALIBOUSE)

[Article publié le jeudi 21 mars 2024 à 12h27 et mis à jour à 15h17] Le pivot des politiques monétaires a débuté. Ce jeudi, la Banque nationale suisse (BNS) a décidé d'abaisser son taux directeur pour la première fois depuis deux ans. Comme les autres banques centrales, la BNS avait durci sa politique monétaire mi-2022 pour lutter contre l'inflation avant de faire une pause en septembre et décembre en maintenant son taux directeur à 1,75%. Ce jeudi, elle a ainsi réduit d'un quart de point son taux d'intérêt de référence pour le porter à 1,5%. Elle estime en effet que sa « lutte contre l'inflation » a été efficace.

Depuis juin 2023, l'inflation en Suisse est repassée sous la barre des 2%, objectif visé par l'institution monétaire, ce qui l'a amené à revoir sa prévision pour 2024, à 1,4% pour 2024, contre 1,9% auparavant, et 1,2% pour 2025, contre 1,6% précédemment. Elle a également porté sa prévision de croissance pour l'économie suisse à 1%, contre une estimation allant de 0,5% et 1% lors de sa précédente réunion trimestrielle de politique monétaire en décembre.

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L'industrie suisse à la peine

La décision a néanmoins surpris. Seule une poignée d'économistes s'attendaient à ce que la BNS abaisse son taux directeur, donnant ainsi un coup de pouce à l'industrie qui souffre de la force du franc suisse. Sur les neuf économistes interrogés par l'agence suisse AWP, sept s'attendaient à ce que la BNS laisse son taux directeur inchangé, mais deux prévoyaient qu'elle l'abaisse à 1,5%.

L'industrie en Suisse a connu un ralentissement de ses commandes face aux inquiétudes autour de l'économie mondiale, mais aussi des taux d'intérêt qui renchérissent les frais d'investissements. Les entreprises exportatrices sont de surcroit pénalisées par la force du franc suisse, qui reste à un niveau élevé par rapport au dollar et à l'euro même s'il a lâché un peu de lest depuis décembre.

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D'ailleurs la réponse du franc suisse à l'annonce de baisse des taux ne s'est pas faite attendre. Vers 10h55, heure de Paris, la devise helvétique chutait de 0,81% face au billet vert, à 0,8941 franc suisse pour un dollar tandis qu'elle dérapait également de 0,73% face à la monnaie unique, à 0,9757 franc suisse pour un euro, après avoir touché un plus bas depuis juillet 2023 à 0,9782 franc suisse pour un euro.

Plusieurs banques centrales envisagent de baisser leurs taux

La décision a aussi et surtout surpris, car la BNS est l'une des premières grandes banques centrales à baisser ses taux directeurs. Mais cette dernière devrait bientôt être suivie par d'autres de ses homologues.

Lors de sa réunion, ce jeudi, la Banque de Norvège a, sans surprise, laissé son taux directeur inchangé jeudi, à 4,5%. Mais elle a laissé entrevoir une première réduction en septembre.

« La trajectoire des taux que l'on présente aujourd'hui indique (...) que le taux sera abaissé pour la première fois cette automne, très probablement en septembre », a déclaré la gouverneure de la banque centrale, Ida Wolden Bache, lors d'une conférence de presse.

La veille, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, avait de son côté reconnu que « nous ne pouvons pas attendre de disposer de toutes les informations pertinentes » pour décider de la baisse des taux, avant d'ajouter que « en agissant ainsi, nous risquerions d'ajuster notre politique trop tardivement », et d'emmener la zone euro vers une récession. Pour rappel, l'inflation en zone euro est tombée à 2,6% en février tandis que le Vieux continent se retrouve au bord de la récession avec une croissance de seulement 0,8% attendue en 2024.

De son côté, la Banque d'Angleterre (BoE) a laissé comme attendu son taux d'intérêt inchangé à 5,25% jeudi, invoquant une inflation en repli mais encore supérieure à son objectif. Elle a toutefois également laissé entendre l'approche d'un desserrement monétaire.

La Fed joue la montre

Outre-Atlantique, les membres du comité de la Réserve fédérale américaine (FOMC), eux, ont annoncé tabler sur 3 baisses des taux de 0,25 point de pourcentage en 2024 et ont même dégradé leurs perspectives de baisses pour 2025 avec trois baisses supplémentaires, de 0,25 point, contre quatre prévues lors de leur réunion de décembre.

Ces derniers ont aussi jeté le trouble sur la date de la première baisse affirmant « ne pas s'attendre à ce qu'il soit approprié de baisser la cible des taux avant d'être davantage confiant dans la trajectoire durable de l'inflation vers l'objectif de 2% ». Et pour cause, l'inflation reste encore trop « élevée » aux Etats-Unis, selon Jerome Powell. Cette dernière a notamment rebondi à 3,2% (CPI) en février - loin de son objectif - tandis que la croissance devrait se maintenir à 2,1% en 2024 selon la Fed, contre 1,4% prévu précédemment.

« Le ralentissement de la hausse des salaires commence à se voir mais il progresse encore un peu trop et soutient l'inflation. Il faut que l'emploi se détende encore pour enlever la pression sur les salaires et donc que la Fed maintienne une politique restrictive pour ralentir l'activité des entreprises », analysait mercredi, pour La Tribune Florence Pisani, directrice de la recherche économique chez le gestionnaire d'actifs Candriam.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 21/03/2024 à 17:15
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On ne devrait pas tenter de tirer des parallèle avec un pays qui a déjà maîtrisé l'inflation, qui s'affiche en deça de sa cible de 2% à contrario de l'UE et des États-Unis, et qui reste souverain par sa monnaie (comme les États-Unis et pas l'UE) et d...

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