La BCE sous pression : la prochaine baisse des taux ne doit pas se faire « trop tard », avertit Christine Lagarde

La Banque centrale européenne court le risque d'ajuster « trop tardivement » ses taux actuellement au plus haut, si elle attend d'avoir tous les indicateurs pour se décider, a prévenu mercredi sa présidente Christine Lagarde. Les marchés attendent impatiemment la prochaine baisse, prévue pour juin, selon certains.
Avec l'atterrissage progressif de l'inflation, la BCE est sous pression pour entamer un cycle de baisse de taux.
Avec l'atterrissage progressif de l'inflation, la BCE est sous pression pour entamer un cycle de baisse de taux. (Crédits : KAI PFAFFENBACH)

Quand faut-il baisser les taux ? C'est la question que se pose la Banque centrale européenne, et ce, depuis plusieurs mois déjà. Avec l'atterrissage progressif de l'inflation, la BCE est sous pression pour entamer un cycle de baisse de taux. D'autant que leur niveau record pèse déjà sur l'activité économique. En effet, les taux d'intérêt élevés ont des répercussions sur la demande et les investissements, ce qui permet de réduire les pressions inflationnistes, mais en risquant d'asphyxier l'activité économique.

Dans les faits, les responsables de la BCE veulent voir comment vont évoluer trois indicateurs clés : les hausses de salaires, les marges des entreprises et la hausse de la productivité. Objectif, s'assurer que l'inflation se dirige bien vers la cible de 2% à moyen terme, a expliqué Christine Lagarde, la présidente de la BCE lors d'une conférence à Francfort.

Seul problème : le délai pour recevoir ces données peut être incertain. « Nous ne pouvons pas attendre de disposer de toutes les informations pertinentes », a reconnu la présidente de l'institution.

« En agissant ainsi, nous risquerions d'ajuster notre politique trop tardivement », a-t-elle ajouté.

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Vers une baisse des taux en juin ?

Lors de la dernière réunion du conseil des gouverneurs, la BCE a laissé entendre qu'une première baisse des taux se profilait en juin, ouvrant un nouveau chapitre de la politique monétaire. Pour rappel, le taux sur les dépôts, qui sert de référence, campe depuis octobre à son plus haut, à 4%, après la série inédite de hausses lancée depuis juillet 2022 pour éteindre la flambée des prix.

Le 7 mars dernier, l'institution de Francfort a décidé de maintenir son taux de dépôts à 4%, la BCE voulant être sûre de son coup :

« Nous progressons bien vers notre objectif d'inflation », mais « nous ne sommes pas suffisamment confiants » quant au fait d'atteindre la cible à terme, avait ainsi déclaré Christine Lagarde.

Pas de quoi paniquer pour autant. Ce « niveau de confiance » pourrait être cependant suffisant dans les mois à venir pour prendre une « première décision politique » sur ses taux, assure la Française.

L'institution monétaire disposera notamment fin mai des données sur la croissance négociée des salaires au premier trimestre de 2024, et d'ici juin, de projections économiques de nature à confirmer ses prévisions sur l'évolution de l'inflation. D'autant que les prévisions sur l'inflation vont dans le bon sens.

En mars, la BCE a déclaré s'attendre à ce que la hausse des prix atteigne l'objectif de 2% en 2025, après 2,3% en 2024, sous l'effet de l'impact plus faible des prix de l'énergie. Selon les données définitives publiées par Eurostat lundi, l'inflation en zone euro a bien ralenti en ce début d'année, atteignant 2,6% sur un an en février, après 2,8% en janvier.

A noter tout de même que si Christine Lagarde a laissé entendre que les taux pourraient baisser pour la première fois en juin, la BCE ne peut pas s'engager au-delà sur un nombre prédéfini de baisses. « Nous ne pouvons pas nous engager à l'avance sur une trajectoire de taux particulière » qui sera décidée au fil des réunions, a-t-elle poursuivi. En mars, un panel d'analystes sondés par la BCE prévoyait un taux sur les dépôts ramené à 2,25% d'ici fin 2025.

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La Fed également attendue au tournant

Outre-Atlantique, la banque centrale américaine, qui se réunit depuis le 19 mars devrait adopter la même attitude prudente, alors que les marchés s'impatientent.

« L'accent va vraiment être mis sur les nouvelles projections », a estimé Lydia Boussour, économiste pour EY Parthenon, auprès de l'AFP.

Et notamment la courbe de l'inflation, ainsi que le nombre de baisses des taux anticipées pour 2024 par les responsables de la banque centrale américaine (Fed). « Je n'attends pas de grand changement », a commenté pour sa part Kathy Bostjancic, cheffe économiste pour la compagnie d'assurances Nationwide. Selon elle, les responsables de la Fed devraient prévoir trois baisses des taux cette année, comme lors de leurs précédentes projections, publiées en décembre.

La Fed, après avoir relevé ses taux depuis mars 2022 jusqu'à 5,25%-5,50%, envisage désormais de les abaisser, au vu de la courbe décroissante de l'inflation. Mais plusieurs responsables ont prévenu qu'ils préféraient attendre plusieurs mois pour être certains que l'inflation ne risque pas de rebondir.

Mais alors que les investisseurs rêvaient d'une première baisse dès la prochaine réunion de la Fed, celle de mars, ils tablent désormais majoritairement sur la réunion de mi-juin, selon l'estimation de CME Group. La réunion suivante se tiendra fin juillet. Tout début mars, un responsable de la Fed, avait lâché que la banque centrale américaine pourrait commencer à abaisser ses taux au cours de l'été. Il ne reste plus qu'à attendre aujourd'hui patiemment les perspectives de l'institution américaine.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 21/03/2024 à 4:25
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Les taux US sont bien plus élevés que les taux européens et l'économie de porte bien mieux aux USA que chez nous, donc l'anémie de l'économie européenne est plus le syndrome d'une économie vieillissante qui a perdu la bataille de l'innovation et qui ...

à écrit le 20/03/2024 à 12:44
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Il faut commencer par arrêter de trop communiquer sur la politique monétaire!!! Autrefois, les marchés financiers étaient mis devant le fait accomplis pour contrecarrer la spéculation sur les taux, les gouverneurs des banques centrales feraient bien ...

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