Réduire sa dépendance à la Chine pour des matières utilisées notamment dans la fabrication de batteries, d'éoliennes, ou de munitions est l'un des objectifs prioritaires de de l'Union européenne.
Dans cette optique, l'UE a approuvé lundi un projet de règlement visant à sécuriser l'approvisionnement en matières premières. Les 27 Etats membres et le Parlement européen se sont mis d'accord pour renforcer la proposition initiale de la Commission, dévoilée en mars, en vue d'améliorer l'autonomie stratégique du Vieux continent. Le règlement établit une liste de 17 matières premières stratégiques comme le cobalt, le nickel et l'aluminium pour lesquelles elle fixe des objectifs chiffrés.
L'UE doit pouvoir d'ici à 2030, pour chacune de ces matières, assurer sur son territoire au moins 10% des besoins d'extraction, 40% de la transformation et 25% du recyclage. Le règlement préconise de simplifier et d'accélérer les procédures. Ainsi, le délai d'octroi d'un permis ne devra pas dépasser 27 mois pour les projets d'extraction et 15 mois pour les projets de traitement et de recyclage.
Ne pas dépendre d'un pays tiers unique pour plus de 65% de ses besoins
Le texte stipule aussi que l'UE ne devra pas dépendre d'un pays tiers unique pour plus de 65% de ses besoins dans chacune de ces matières premières. Par ailleurs, les grandes entreprises concernées par des risques de pénurie devront procéder régulièrement à une évaluation de ces risques pour leur chaîne d'approvisionnement.
Le commissaire européen à l'Industrie, Thierry Breton, a salué lundi soir l'accord sur ce projet qu'il avait présenté le 16 mars. « Des technologies vertes et numériques à la défense et à l'aérospatiale, la demande de matières premières stratégiques augmente rapidement », a souligné le commissaire français. Outre le développement de l'extraction sur son territoire, l'UE continuera « à rechercher des partenariats mondiaux pour diversifier (ses) sources d'approvisionnement ».
L'Union européenne entend en effet mettre en place des coopérations avec des pays partenaires, notamment en Afrique, Amérique latine ou Amérique du Nord. L'Europe veut mieux défendre ses intérêts commerciaux depuis la crise du Covid, qui a désorganisé les chaînes d'approvisionnement mondiales, et surtout depuis la guerre en Ukraine qui a révélé sa dépendance envers le gaz russe et éveillé des doutes sur la fiabilité de la Chine. Le texte doit encore être approuvé formellement par les eurodéputés en séance plénière, ainsi que par le Conseil de l'UE qui réunit les pays membres.
Le groupe français Eramet, qui a réorienté toute sa stratégie autour des métaux de la transition énergétique (nickel, lithium...), a annoncé lundi l'acquisition d'un vaste ensemble de concessions minières de lithium dans la région d'Atacama au nord du Chili « pour un paiement initial de 95 millions de dollars ». Ces concessions situées au coeur du « triangle du lithium » en Amérique latine (Argentine, Bolivie, Chili) « couvrent un ensemble très prometteur de salars (déserts de sel NDLR) de lithium » a indiqué le groupe dans un communiqué diffusé à l'occasion de son « Capital markets day ». L'offre ferme déposée par Eramet, qui vient d'être acceptée par la société chilienne Salares de Atacama Sociedad Contractual Minera, porte sur l'acquisition de « 120.000 hectares de concessions d'exploration et d'exploitation minière », a précisé Eramet qui devrait ainsi en être propriétaire à 100%. Un paiement ultérieur « de 10 millions de dollars » pourra intervenir en fonction des développements du projet. En France, Eramet et son partenaire Electricité de Strasbourg continuent d'évaluer « la faisabilité de l'extraction de lithium à partir de saumures géothermiques » en Alsace. « Une première production pourrait débuter d'ici la fin de la décennie avec une décision d'investissement qui dépendra des résultats des études » en cours, précise le groupe.Le groupe français Eramet acquiert au Chili un ensemble de concessions minières
(Avec AFP)