Rosatom : la Russie à la conquête de l’Arctique avec son nouveau réacteur nucléaire de brise-glace

Rosatom, géant russe de l'énergie atomique, a dévoilé un nouveau réacteur pour équiper son futur brise-glace à propulsion nucléaire, navires qui permettent aux russes de traverser les voies maritimes gelées. Moscou espère ainsi développer la « Route maritime du Nord » pour rallier l'Europe à l'Asie, un enjeu d'autant plus grand depuis que le pays a été privé des marchés européens en réponse à l'offensive en Ukraine.
Le géant russe de l'énergie atomique Rosatom a dévoilé mardi un nouveau réacteur destiné à équiper son futur brise-glace à propulsion nucléaire.
Le géant russe de l'énergie atomique Rosatom a dévoilé mardi un nouveau réacteur destiné à équiper son futur brise-glace à propulsion nucléaire. (Crédits : NATALIE THOMAS)

La Russie s'impose encore un peu plus dans la région de l'Arctique. Le géant russe de l'énergie atomique Rosatom a dévoilé mardi un nouveau réacteur destiné à équiper son futur brise-glace à propulsion nucléaire, navire qui peut opérer en continu et permet de traverser des voies maritimes gelées.

Un enjeu crucial pour les ambitions polaires de Moscou, qui veut faire des eaux de l'Arctique une route commerciale vers l'Asie. Les brise-glaces à propulsion nucléaire sont mieux adaptés à la « Route maritime du Nord », à cause de la puissance requise et des possibilités limitées de ravitaillement. Pour rappel, la Russie possède la seule flotte de brise-glace à propulsion nucléaire au monde.

Le réacteur RITM-200 « fera partie du système énergétique de tous les brise-glace modernes », a prédit Vladislav Païkov, directeur général adjoint de ZiO-Podolsk, qui fait partie de la branche ingénierie de Rosatom, lors d'une présentation à Podolsk, au sud de Moscou. Il a alors affirmé que ce type de réacteur était « beaucoup plus léger, beaucoup plus compact et beaucoup plus puissant que des réacteurs similaires avant lui ».

Maxime Koulinko, directeur général adjoint du directoire « Route maritime du Nord » de Rosatom, a indiqué de son côté que le nouveau brise-glace, baptisé « Tchoukotka », devrait entrer en service d'ici 2026. Le navire sera adapté à la fois à la mer et aux fleuves, a-t-il précisé.

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L'Arctique, région stratégique pour Moscou

Un nouveau réacteur qui permet à la Russie d'accélérer son développement de l'Arctique, région qu'elle juge essentielle pour exporter vers l'Asie ses hydrocarbures. La conquête de l'Arctique est d'autant plus intéressante pour Moscou qu'elle lui offre une alternative aux sanctions faisant suite à l'offensive en Ukraine qui ont privé la Russie d'une grande partie des marchés européens. Tirant profit de la fonte des glaces, sous l'effet du réchauffement climatique, la Russie espère ainsi imposer sa « Route maritime du Nord » pour rallier l'Europe à l'Asie. Il souhaite même que cette voie de l'Arctique soit en mesure à l'avenir de concurrencer le canal de Suez, situé dans l'est de l'Egypte. Le pays compte mettre ainsi en place des infrastructures pour transporter 150 millions de tonnes de marchandises via cette route maritime d'ici 2030. D'ailleurs, début octobre, la Russie avait annoncé l'arrivée depuis la Chine d'un premier navire par cette « Route maritime du Nord ». Des photos diffusées par le responsable russe montre un porte-containers appelé le Newnew Polar Bear.

De son côté, Gazprom avait également affirmé en novembre avoir livré à la Chine pour la première fois du gaz naturel liquéfié (GNL) via cette voie maritime.

L'utilisation de cette route maritime « permet de réduire considérablement le délai de livraison du GNL aux pays d'Asie-Pacifique », s'était réjoui la société russe.

Depuis des années, la Russie construit dès lors des infrastructures portuaires, des installations de gaz naturel liquéfié et des brise-glaces. Mais naviguer dans les conditions extrêmes de l'Arctique reste un défi de taille et cette route reste, pour le moment très loin de pouvoir supplanter le canal de Suez.

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Militarisation de la zone

Mais les choses avancent du côté russe, notamment sur le plan militaire. La Russie partageant la région avec ses ennemis occidentaux : Etats-Unis, Canada et Européens du nord. Ainsi, même en pleine offensive en Ukraine, la Russie muscle sans cesse son dispositif arctique, rouvrant ou modernisant des bases et aérodromes datant de l'époque soviétique.

« La Russie a aussi déployé des missiles S-300 et S-400, rallongé des pistes pour accueillir des avions capables de transporter des bombes nucléaires et construit d'imposantes installations radar », liste Malte Humpert, fondateur du contre de réflexion américain « The Arctic Institute ».

En août dernier, la flotte du Nord, en charge de l'Arctique, a mené des exercices militaires incluant plus de 8.000 militaires et plusieurs sous-marins.

« La concurrence et la militarisation accrues dans la région arctique, notamment de la part de la Russie et de la Chine, sont préoccupantes », constatait en novembre l'amiral Rob Bauer, chef du comité militaire de l'Otan. « Nous devons rester vigilants et nous préparer à l'inattendu ».

(Avec AFP)

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