Recep Tayyip Erdoğan persiste et signe. Il ne veut pas voir la Finlande et la Suède dans l'Otan, les deux pays ayant déposé leur candidature suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Le président turc a réitéré son opposition à leur intégration ce dimanche selon la chaîne de télévision publique TRT Haber, accusant les deux pays européens de "soutenir le terrorisme". L'opposition ferme d'Ankara retarde l'accord qui permettrait un élargissement historique de l'Alliance atlantique, celui-ci devant être approuvé par ses 30 pays membres.
Lors de son retour d'un voyage en Azerbaïdjan samedi 28 mai, le président turc a déclaré à des journalistes : "Tant que Tayyip Erdoğan est à la tête de la République de Turquie, nous ne pouvons absolument pas dire 'oui' à une entrée dans l'Otan de pays qui soutiennent le terrorisme."
L'épineuse question kurde
La Turquie reproche à la Suède et à la Finlande d'héberger des personnes liées au groupe militant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et d'autres qu'elle considère comme des terroristes. Elle déplore aussi l'embargo des pays scandinaves sur la fourniture d'armes à Ankara, décidé en 2019 après l'intervention turque en Syrie.
Recep Tayyip Erdoğan estime que les pourparlers en cours avec la Finlande et la Suède ne sont ainsi pas à la hauteur de ses attentes. Citant deux sources, l'agence Reuters a rapporté que les discussions de mercredi avaient permis peu de progrès, sans que l'on sache quand elles reprendraient.
"Ils ne sont ni honnêtes ni sincères. Nous ne pouvons pas répéter l'erreur commise dans le passé concernant les pays qui accueillent et nourrissent de tels terroristes au sein de l'Otan, qui est une organisation de sécurité", a insisté le président turc.
La Suède et la Finlande ont pour leur part déclaré qu'elles condamnaient le terrorisme et émis le souhait de se coordonner avec Ankara.
Cette opposition fait les affaires de Moscou.
Quelques heures après la candidature officielle de la Finlande, avant celle de la Suède, la réponse de la Russie avait été cinglante. Le vice-ministre russe aux Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov, avait alors déclaré que l'adhésion de ces deux pays - dont l'un partage 1.300 kilomètres de frontières avec la Russie - était "une grave erreur supplémentaire dont les conséquences auront une portée considérable. Ils ne doivent pas s'imaginer que nous allons simplement l'accepter."