Le FMI appelle les Etats à des politiques « cohérentes et consistantes »

La directrice générale du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva appelle le Royaume-Uni à adopter des politiques budgétaires et monétaires « cohérentes et consistantes ». Un message, adressé à tous les autres États, et qui intervient en réponse à une question sur le mini-budget britannique qui a entraîné ces dernières semaines un mouvement de défiance sur les marchés financiers. Des députés, notamment conservateurs, souhaitent déjà le remplacement de la Première ministre Liz Truss, en poste depuis à peine plus d'un mois.
Le nouveau gouvernement en place au Royaume-Uni a suscité un mouvement de défiance sur les marchés ces dernières semaines.
Le nouveau gouvernement en place au Royaume-Uni a suscité un mouvement de défiance sur les marchés ces dernières semaines. (Crédits : Dylan Martinez)

Ne pas opposer politique budgétaire et politique monétaire : voilà le message que veut faire passer la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva. Des mots qu'elle adresse au Royaume-Uni mais aussi « à tout le monde » comme elle l'a bien précisé ce jeudi 13 octobre à l'occasion de la réunion d'automne de l'institution.

« Notre message à tout le monde, pas seulement au Royaume-Uni, est qu'à l'heure actuelle la politique budgétaire ne doit pas s'opposer à la politique monétaire », a déclaré la directrice générale appelant à s'assurer que « les politiques soient cohérentes et consistantes ». Selon elle, si les politiques budgétaires et monétaires s'opposent, alors « la tache des banquiers centraux ne devient que plus difficile et se traduit par la nécessité de plus de hausses des taux », a-t-elle encore dit, appelant à « ne pas prolonger la douleur ».

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Volte-face du gouvernement britannique ?

Kristalina Georgieva a par ailleurs indiqué avoir eu « une réunion très constructive » avec le chancelier de l'Echiquier britannique Kwasi Kwarteng et le gouverneur de la banque d'Angleterre. Elle a précisé avoir « discuté de l'importance de la cohérence et d'une communication claire afin qu'il n'y ait pas d'instabilité supplémentaire dans un environnement déjà instable ».

La directrice générale du FMI fait ici référence au mouvement de défiance sur les marchés que connaît le nouveau gouvernement en place au Royaume-Uni ces dernières semaines. Ce, en raison d'un « plan de croissance » - non chiffré - dévoilé fin septembre, comprenant de vastes aides aux factures énergétiques et d'importantes baisses d'impôts ciblant surtout les ménages les plus aisés. Les mesures devraient être financées par l'emprunt public, ce qui fait craindre de possibles mesures d'austérité qui viendraient tailler dans les services publics, une idée jusqu'ici écartée par le gouvernement de la Première ministre Liz Truss.

Ce paquet budgétaire a fait plonger la livre et fait s'envoler les taux d'intérêt d'emprunts en raison des craintes de dérapage budgétaire et de poursuite de l'envolée inflationniste au moment même où la Banque d'Angleterre tente de réduire l'envolée des prix. Le FMI avait alors demandé à Londres de revoir rapidement sa copie dans une déclaration au ton inhabituellement direct pour un pays riche.

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Selon les informations de Bloomberg ce jeudi, une volte-face est à l'étude dans les bureaux de la Première ministre britannique comme dans ceux de la Chancellerie, mais aucune décision n'a pour l'instant été prise.

« Je crois qu'il est correct d'avoir une action guidée par les preuves, donc si la preuve montre qu'il doit y avoir un recalibrage, il est bon pour les gouvernements de la réaliser », considère en tout cas Kristalina Georgieva.

Liz Truss sous pression, même dans son camp

La Première ministre britannique, au pouvoir depuis seulement 37 jours, semble d'ailleurs de plus en plus dans une impasse. Des députés conservateurs de son propre camp l'enjoignent en privé de revenir sur certains des éléments de son plan, notamment l'annulation d'une hausse prévue de l'impôt sur les sociétés.

Pire, « des députés conservateurs sont en train de sonder pour un possible remplacement de Kwasi Kwarteng (le ministre des Finances, NDLR) et même éventuellement de Liz Truss », a affirmé ce jeudi sur la BBC Paul Goodman, ancien député et rédacteur en chef de ConservativeHome, un site très influent chez les Tories britanniques. « Toutes sortes de noms sont évoqués », a-t-il ajouté en évoquant notamment Rishi Sunak, l'ancien rival de Liz Truss lors de la campagne pour Downing Street, et même Boris Johnson, le Premier ministre qu'elle a remplacé le mois dernier.

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Hier, lors de la séance hebdomadaire de questions au Premier ministre, Liz Truss a exclu de couper dans les dépenses publiques pour financer ses baisses d'impôts, répétant qu'elle misait sur la croissance pour sortir le pays de la crise. Mais compter sur une croissance rapide est un « voeu pieux », a taclé un ancien conseiller à la Banque d'Angleterre.

Malgré les turbulences sur les marchés et au sein de son parti, Downing Street affirme que Liz Truss - qui est déjà revenue en arrière concernant une mesure phare de son budget - est « uniquement concentrée sur l'objectif de croissance via les changements et les réformes prévus ».

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(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 14/10/2022 à 7:55
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« cohérentes et consistantes » : Peut être que face au covid-19, il aurait fallu avoir aussi, pendant deux ans, une réaction cohérente et consistante, et pas ce délire sanitariste qui a détruit notre économie

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