Nouvel épisode d'instabilité financière au Royaume-Uni

La Banque d'Angleterre a dû à nouveau intervenir mardi pour stabiliser le marché obligataire britannique, sans toutefois rassurer les investisseurs. Le FMI a appelé Londres à ne pas contrarier les efforts la politique monétaire.
La Banque d'Angleterre (BoE) a acheté des bons du Trésor à long terme (gilts) ainsi que des obligations indexées sur l'inflation.
La Banque d'Angleterre (BoE) a acheté des bons du Trésor à long terme ("gilts") ainsi que des obligations indexées sur l'inflation. (Crédits : MAJA SMIEJKOWSKA)

Londres fait face à un nouvel épisode de vive instabilité financière qui touche le marché de la dette britannique et fait grimper les taux d'emprunt de l'Etat. La Banque d'Angleterre (BoE) est à nouveau intervenue mardi. L'institution monétaire a acheté des bons du Trésor à long terme ("gilts") ainsi que des obligations indexées sur l'inflation. Son gouverneur, Andrew Bailey, a averti que cette intervention était « temporaire » et que les fonds de pension avaient « trois jours » pour rééquilibrer leurs actifs. La banque centrale avait déjà lancé le 28 septembre un programme de rachat de bons du Trésor à long terme pouvant aller jusqu'à 65 milliards de livres.

Lire aussiRoyaume-Uni : Liz Truss « a réussi à aggraver la crise économique »

Que se passe-t-il concrètement ? La flambée des taux d'emprunt de l'Etat - qui représentent le coût auquel le Royaume-Uni se finance - s'accompagne d'un plongeon du cours de ces titres, signe d'une défiance des investisseurs qui s'en délestent. Or, ces actifs sont très prisés des fonds de pension britanniques. Vu la chute de la valeur de ces actifs ces derniers jours, ils doivent réinjecter des liquidités - le phénomène des appels de marge. Ce qui les force à vendre rapidement des titres. D'où un risque de spirale baissière incontrôlée et de marché où les actifs ne trouvent plus preneur. La BoE est notamment intervenue pour rompre ce cercle vicieux et éviter une fragilisation des fonds de pension et une propagation à d'autres marchés et à l'économie réelle.

Lire aussi« La livre sterling est en danger » : la vive inquiétude d'un analyste financier à l'égard du Royaume-Uni

« On fait face à deux choses qui vont dans des directions opposées. On était sur la voie du resserrement monétaire, de vendre des bons et de relever les taux », comme la plupart des banques centrales pour lutter contre l'inflation, a expliqué le gouverneur de la BoE Andrew Bailey. « Et dans le même temps, on a eu à décider d'acheter des obligations pour garantir la stabilité financière », a-t-il ajouté. « On doit pouvoir faire les deux, on doit l'expliquer. Et maintenant les fonds de pension ont une fenêtre pour rééquilibrer » leurs ressources, a encore martelé le patron de la BoE.

Les bons du Trésor sont très prisés des fonds de pension britanniques mais avec la chute de leur valeur, ces fonds doivent réinjecter massivement des liquidités pour que leurs actifs soient alignés sur leurs engagements. L'intervention mardi de la BoE n'a toutefois pas réussi à rassurer les investisseurs, ni à calmer le marché de la dette britannique. Les taux d'emprunt de l'Etat à 30 ans ont fini en hausse à 4,80%. La Banque d'Angleterre a décrit « un risque important pour la stabilité financière du Royaume-Uni ».

Le FMI appelle Londres à aller dans son sens

Pour sa part, le Fonds monétaire international (FMI) a appelé Londres à ne pas contrarier les efforts de la politique monétaire. Lors d'une conférence de presse mardi pour la publication de ses dernières prévisions économiques, l'institution a rappelé que la stabilité financière fait partie du « mandat des banques centrales ». « D'une part, elles continuent le resserrement monétaire face aux pressions inflationnistes et en même temps font face à des poches de dysfonctionnement des marchés, dans le cas du Royaume-Uni », a commenté le conseiller économique du FMI Pierre-Olivier Gourinchas.

Lire aussiLes risques pour la stabilité financière mondiale sont de plus en plus élevés (FMI)

Le gouvernement de Liz Truss avait mis le feu aux poudres en présentant le 23 septembre un « plan de croissance » composé d'un colossal soutien aux factures électriques combiné à de vastes baisses d'impôts, sans que ces actions soient pleinement chiffrées ou financées. Craignant une sortie de route des finances publiques britanniques, les investisseurs se sont mis à solder certains actifs britanniques : la livre sterling a plongé à son plus bas historique et le cours des titres de dette à long terme a fondu. Immédiatement après l'intervention du gouverneur de la Banque d'Angleterre, Andrew Bailey, la livre sterling avait nettement reculé, perdant 0,90% à 1,0955 dollar pour une livre.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 12/10/2022 à 13:18
Signaler
Les fonds de pension, c"est la retraite de Britanniques. C'est bien quand il y a de la croissance. En cette période de recession dont on ne sait pas où s'arrêtera la dégringolade cela risque de "piquer" pour les retraités d'outre manche et partout où...

à écrit le 12/10/2022 à 8:42
Signaler
Bah oui, c'est bien ce que je disais, ces politiques de payer la facture énergétique à la place des citoyens ne mènent à rien. Ca ne marche pas en Angleterre, et ça ne marchera pas mieux en France

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.